1972 : Une province en pleine effervescence

C’est en effet en cette année de mise en service du complexe des chutes Churchill qu’a lieu le dévoilement, en février, des coûts du développement de l’imposant chantier de la baie James dont la facture, selon les experts, doit s’élever à 3,9 milliards $. L’annonce est suivie, en mai, par la mise en chantier du projet qui inclut l’aménagement des rivières Nottaway, Broadback et Rupert et doit fournir 5 600 mégawatts.

Toujours au chapitre du développement énergétique, Hydro-Québec bénéficie d’un prêt de 150 millions $ de l’Agence de l’énergie atomique du Canada pour la construction d’une seconde centrale nucléaire à Gentilly, la première étant jugée non rentable. Robert Bourassa, alors premier ministre du Québec, se réjouit de la décision du gouvernement fédéral de participer au financement de cette centrale commerciale.

Les autres secteurs ne sont pas en reste. En cette année 1972, en retenant la valeur d’un dollar cinq fois plus significatif à cette époque, les investissements annoncés de 4,5 millions par Westinghouse à Trois-Rivières, et l’équivalent à Arvida par Alcan, paraissent plus substantiels. Même chose pour les 14,5 millions injectés par la Stelco à Contrecoeur et les 27 millions d’investissements promis à Longueuil par la Québec Steel Products, aciérie concurrente. On se rappellera qu’à Contrecoeur les travaux de construction nécessitent l’embauche de 300 personnes.

De son côté, Jean Drapeau convie les athlètes du globe à la découverte de la métropole et dévoile, le 6 avril, la maquette officielle du futur stade olympique. Conçue par le Français Roger Taillibert, cette merveille architecturale doit domicilier tant les Expos que les Alouettes, une fois les célébrations olympiques terminées. Quelque 55 millions pour une enceinte au toit rétractable pouvant accueillir 70 000 personnes, le Québec et sa métropole voient grand !

La palme revient toutefois au Mouvement Desjardins qui entame la construction de la Place Desjardins au coeur même de Montréal. Le prodigieux complexe de 3 500 000 pieds carrés, dont les coûts sont estimés à 100 millions $, comprendra des bureaux, des boutiques, un hôtel et plusieurs autres attraits.

Fait à noter : l’édifice est entièrement chauffé à l’électricité. Sa charge électrique totale est de 30 000 kilowatts, soit l’équivalent d’énergie pour alimenter une ville de 20 000 habitants. Au dire d’Alfred Rouleau, président du Mouvement, le complexe symbolise les fruits de l’effort collectif.

C’est également en 1972 qu’est inauguré le premier tronçon de l’autoroute est-ouest de Montréal. Ce tronçon de deux milles, qui s’inscrit dans un projet de développement routier beaucoup plus vaste que l’on évalue à environ 300 millions $, doit faciliter les déplacements automobiles depuis l’aéroport de Dorval vers le centre-ville de Montréal.

Rien n’étant parfait, une tragédie vient jeter une ombre sur ce tableau idyllique. L’incendie du Blue Bird, un club en vogue de Montréal, entraîne la mort de 37 personnes et inflige des blessures à 53 autres. Paradoxalement, alors que le réseau hydroélectrique se développe en grand, une panne d’électricité causée par le verglas paralyse la province le 2 mars. Pour couronner le tout, les employés de la société d’État débraient en fin d’année.