1973 : Sous le signe du premier choc pétrolier

Il reste que le premier choc pétrolier, qui survient à la suite de la décision de l’OPEP de réduire ses livraisons de pétrole en réaction au conflit israélopalestinien, restera à jamais inscrit dans l’imaginaire.

Malgré un baril de pétrole dont le prix est désormais multiplié par deux, le Québec poursuit son développement à la vitesse Grand V. Notamment en transport et en voirie, alors qu’en avril est annoncée la création du ministère des Transports du Québec. Son premier titulaire est Bernard Pinard, à qui l’on doit notamment la mise en chantier de l’autoroute Ville-Marie entre l’échangeur Turcot et la rue Sanguinet.

Toujours sur le plan des infrastructures publiques, la construction du tronçon Centre Vanier du métro de Montréal, dont le premier appel d’offres est lancé fin 1972, est sur le point de s’amorcer. Il s’agit de prolonger les lignes ligne Verte, entre Guy et Atwater, et Orange, d’Atwater à l’autoroute Bonaventure. C’est également en 1973 qu’Hydro-Québec atteint le milliard de dollars en appels d’offres, avec une demande de fourniture de 133 000 tonnes de béton pour le complexe Manic-3.

Bien que tout neuf, le réseau électrique québécois n’est pas pour autant à l’abri des intempéries. En avril, trois lignes à 735 kilovolts s’effondrent sous le verglas. Les dommages se chiffrent à plus de 5 millions $. Pendant ce temps, l’aménagement d’un port en eaux profondes à Gros-Cacouna continue de faire des vagues. Alors que le premier ministre Robert Bourassa se prononce en faveur de Gros-Cacouna, le vérificateur général du Canada déclare que les 8 millions $ consentis à ce jour à cet emplacement l’ont été en pure perte.

Tandis que le débat divise promoteurs et écologistes, les premiers refusant d’inclure les risques écologiques dans les retombées du projet, la centrale nucléaire Gentilly-2 commence à prendre forme. Faisant appel à la technologie CANDU, elle remplacera à terme sa petite soeur, Gentilly-1, qui n’aura fonctionné que 183 jours.

Dans la ville de Québec, la mise en chantier de deux nouveaux gratte-ciel modèlera à jamais l’horizon de la capitale québécoise. D’abord la Place Hauteville, qui comprend une Auberge des Gouverneurs de 9 étages, une tour de bureaux de 16 étages ainsi que des locaux commerciaux. Sa construction est assurée par J.E. Verreault au coût de 30 millions $.

C’est ensuite au tour de l’hôtel Loews Le Concorde, réputé pour son restaurant situé à 540 pieds d’altitude, de poindre hors de terre. Si ce restaurant offre une vue à 360 degrés sur la ville, la construction de l’édifice nécessite tout de même la démolition de la maison Cyrille-Duquet et provoque une rupture dans le cadre bâti du côté sud de la Grande-Allée.

L’année 1973 s’avère également fertile pour l’Estrie où deux projets majeurs connaissent leur conclusion. Il s’agit du parc industriel de Sherbrooke et du Carrefour de l’Estrie. Avec sa centaine de magasins et son stationnement pouvant accueillir 4 000 voitures, ce centre commercial d’un million et demi de pieds carrés est le plus grand du genre dans toute la région estrienne.

Enfin, pendant que le premier ministre Pierre Elliott Trudeau assiste à l’inauguration de la nouvelle maison de Radio-Canada, Télé-Métropole entreprend la troisième phase d’expansion de son histoire avec le Complexe Télé-Métropole. Le projet, qui représente un investissement de 9 millions $, comprend deux édifices dont le plus haut, de 14 étages, est surmonté d’un héliport.

L’année se conclut sur une note positive avec la présentation, au Forum, de Dark Side of the Moon du légendaire Pink Floyd.