À la suite du dépôt par le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, du budget 2013-2014 du gouvernement du Québec, l’industrie a fait part de ses réactions.
L'APCHQ s'inquiète des retombées du budget
L'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) considère que l'élément marquant du budget provincial est l'atteinte du déficit zéro en 2013-2014. Elle a dit reconnaître qu'il s'agit d'une manifestation importante de la volonté du gouvernement de s'engager sur la voie du redressement des finances publiques, toutefois elle dit s'inquiéter de l'augmentation du fardeau fiscal annoncé dans le budget. « Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour éviter d'augmenter les impôts et les taxes des ménages québécois », d’affirmer François Bernier, directeur du Service économique et affaires publiques de l'Association.
Selon l'APCHQ, pour que le redressement des finances publiques s'appuie sur des bases plus solides, il faut nécessairement faire le difficile exercice de remettre en question le financement ou l'existence même de divers programmes, la priorité étant de réduire les dépenses. Par ailleurs, l’Association croit qu’il faut accentuer les efforts afin de stimuler la création de richesse en allégeant, notamment, la réglementation et le fardeau fiscal des entreprises afin qu'elles puissent jouer leur rôle de moteur économique.
L'APCHQ estime, de plus, que le ralentissement anticipé de 5 000 mises en chantier en 2013 privera le gouvernement du Québec d'environ 100 millions $ de TVQ. Ainsi, « l'APCHQ invite le gouvernement du Québec à se doter d'une politique d'habitation afin de mettre de l'ordre dans ses interventions et de tirer un meilleur bénéfice d'une industrie en santé », ajoute M. Bernier.
L’ACQ s’inquiète de la réduction des investissements en infrastructures
De son côté, l’ACQ considère que le gouvernement du Québec fait un choix préoccupant en réduisant les investissements en infrastructures de 2 milliards $ dès l'an prochain et de 1,5 M$ pour les années subséquentes. « Devant la faible croissance économique du Québec, une telle réduction risque de fragiliser une situation déjà précaire », estime Jean-Philippe Cliche, économiste à l'Association de la construction du Québec (ACQ).
Le budget actuel ne donnant aucun détail à propos des projets qui seront priorisés, l'incertitude demeure entière pour les entrepreneurs œuvrant dans le secteur institutionnel, selon l’association. L'ACQ estime que la liste des priorités doit être achevée le plus rapidement possible afin que les entrepreneurs puissent effectuer leur planification à long terme.
Par ailleurs, l'ACQ accueille très favorablement le processus annoncé par le gouvernement pour améliorer la planification et renforcer la gestion contractuelle des projets d'infrastructure publics. Enfin, l’association a salué la prudence du gouvernement de procéder à des consultations avant de modifier le système de redevances dans le secteur minier. L’ACQ croit qu'une part très importante de la croissance économique du Québec passera par le développement du Nord du Québec. « Il serait souhaitable que dans le cadre de ses consultations, le gouvernement en profite pour réaliser des études d'impact des modifications fiscales sur les investissements miniers, car les entrepreneurs en construction dans le secteur industriel subiront les répercussions », a indiqué l'économiste de l'ACQ.
Le bois, un matériau d'avenir, selon le CIFQ
Pour sa part, le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) a reconnu les efforts déployés par le gouvernement du Québec dans le cadre de l'annonce du budget 2013-2014. Par contre, il déplore l'absence de mesures concrètes concernant la mise en place du nouveau régime forestier, dossier prioritaire selon lui pour appuyer l'industrie forestière dans sa transformation, tout en offrant de nouveau sa collaboration au gouvernement pour se mettre rapidement au travail afin de trouver des solutions qui permettront la mise en œuvre du nouveau régime sans hausse de coût.
L'industrie forestière a accueilli favorablement la prolongation de la mesure visant à modifier jusqu'en 2017 le programme de crédit d'impôt à l'investissement pour les régions ressources. De plus, la charte du bois et la modification du code sur les édifices résidentiels s'ajoutent, selon elle, aux mesures en faveur de l'utilisation du bois. « L'utilisation accrue du bois en construction s'inscrit logiquement dans la démarche de développement durable de la société québécoise. Le bois de construction est une ressource locale, renouvelable et sa fabrication requiert peu d'énergie comparativement à d'autres matériaux. Conséquemment, l'utiliser davantage au Québec pour la construction des nouveaux bâtiments contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre », assure Louis Poliquin, directeur du Centre d'expertise sur la construction commerciale en bois (Cecobois).
Routes et grands travaux – Un vent d'inquiétude sur l'industrie
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) déplore quant à elle l'inquiétude que le budget soulève à l'endroit de son industrie et sur les effets qu'il pourrait avoir sur l'ensemble du réseau routier québécois. Selon elle, la baisse des investissements pourrait avoir des impacts négatifs sur le nombre d'heures déclarées dans l'industrie de la construction et ultimement avoir un impact sur le Produit intérieur brut (PIB) du Québec.
Rappelant le dernier rapport de gestion du ministère des Transports, l’ACRGTQ a fait remarquer que les investissements dans les infrastructures de transports contribuent à l'amélioration constante de l'indice de roulement qui témoigne de l'état des routes. Avec des taux de 76 % de bon état pour les routes et de 68 % pour les structures, les Québécois étaient en voie d'obtenir un réseau comparable à celui de leurs voisins, d’affirmer l’association.
Gisèle Bourque, directrice générale de l'ACRGTQ a mentionné : « En diminuant les investissements, on pourrait se placer en position de faiblesse. Il faut préserver les investissements et par le fait même, l'amélioration de l'état de nos infrastructures. L'objectif à long terme prévu en 2007 doit demeurer, et ce, afin d'atteindre les cibles de 80 % de bon état pour les structures et 83 % pour les routes en 2022. »
Sur un autre point, l'ACRGTQ accueille favorablement l'intention du gouvernement d'améliorer la planification des travaux de construction. De plus, elle accueille avec ouverture la création d’une agence des Transports du Québec en gardant ses réserves jusqu'à l'étude du projet de loi.
Les ingénieurs souhaitent que le gouvernement fasse preuve d'ambition
Enfin, le Réseau des ingénieurs du Québec a dit rester sur sa faim à la lecture du budget 2013-2014 du gouvernement. Bien qu'il prenne acte de la nécessaire rigueur budgétaire, l'organisation aurait souhaité en voir davantage sur le plan du développement économique. Le Réseau des ingénieurs salue cependant quelques efforts prévus par le ministre des Finances dans la publication budgétaire, soit les mesures misant sur l'investissement privé, ainsi que le fonds de 200 millions $ pour soutenir l'électrification des transports et le développement des technologies vertes.
Malgré ces annonces budgétaires positives, des efforts restent à poursuivre, selon le réseau. « À titre d'exemple, le budget est silencieux en ce qui a trait aux ressources qui seront allouées au ministère des Transports du Québec dans le cadre de sa réorganisation. Idem dans le cas d'une éventuelle politique intégrée en matière de transport, mandat qui avait pourtant été confié au ministre des Transports récemment », a expliqué Etienne Couture ing., président du Réseau des ingénieurs du Québec.
Le Réseau des ingénieurs s’est également dit préoccupé par la réduction du niveau d'investissement dans les infrastructures : « Nous espérons que la baisse de 1,5 milliard $ par rapport à l'effort actuel ne retardera pas les grands projets liés aux infrastructures, projets vitaux pour le développement économique », conclut le président du Réseau des ingénieurs du Québec.