Coûts de construction plus élevés au Québec : Des allégations infondées

Marie Gagnon

Le mythe voulant que les travaux routiers coûtent 36 % plus cher au Québec qu’ailleurs au Canada vient d’être déboulonné. En effet, les conclusions d’un rapport dévoilé dans le cadre du 67e congrès de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) montrent au contraire que, si les autres provinces et territoires construisaient les mêmes routes qu’au Québec, il leur en coûterait 14 % de plus pour construire des routes de juridiction provinciale et 3 % de plus pour construire des routes de juridiction municipale.

 

Ce mythe du 36 % découle d’une mauvaise interprétation des données d’une étude publiée en 2006 par Transports Canada, relève Gilles Joubert, président des Conseillers ADEC, la firme mandatée par l’ACRGTQ pour faire la lumière sur ces allégations, largement véhiculées par les médias et reprises par certains groupes d’intérêt. « Le but de l’étude était d’évaluer les coûts annualisés des infrastructures routières au Canada, au regard de leur construction et de leur entretien, à partir de données de 2003, note-t-il. Ses auteurs suggèrent d’ailleurs la prudence lors de leur interprétation et déconseillent fortement de les utiliser à des fins comparatives. »

 

Pour mener à bien leur mandat, les conseillers d’ADEC se sont penchés sur les données de l’étude de Transports Canada, en s’attardant plus particulièrement aux coûts de construction, afin d’expliquer les similitudes et les écarts entre les provinces et territoires. « Cette analyse nous a permis de voir que ce fameux différentiel de 36 % entre le Québec et le reste du Canada a été calculé à partir d’une seule composante des coûts routiers, à savoir la construction des structures de chaussée, mentionne Gilles Joubert. Cette approche comporte une faille importante puisque le coût d’un réseau sur son cycle de vie comprend plusieurs types d’intervention, allant de sa construction à son entretien hivernal. »

 

Il ajoute par ailleurs que, pour comparer le coût d’une nouvelle autoroute construite au Québec avec les nouvelles autoroutes construites ailleurs au pays, il faut prendre en compte les trois composantes des coûts de construction (structures de chaussée, ponts et viaducs, autres aménagements). L’étude d’ADEC a donc repris les données de Transports Canada, en incluant cette fois ces trois composantes, et obtenu une différence de coût moyen de 8 % en faveur du Québec.

 

« Pour éviter de comparer des pommes avec des oranges, il faut également tenir compte des spécifications propres à chaque province et à chaque territoire, mais aussi des conditions géographiques, souligne Gilles Joubert. Au Québec, le réseau hydrographique est beaucoup plus important que celui de l’Alberta, par exemple. Les coûts de construction y seront donc influencés par le nombre d’ouvrages d’art. Sans compter que la densité de circulation n’est pas la même à Montréal que sur la Côte-Nord, un facteur qui fait grimper les coûts d’entretien.

 

« Pour faire des comparaisons de coûts, il faut d’abord définir une route identique dans toutes les provinces. Nous avons d’ailleurs réalisé cet exercice en prenant les routes du Québec comme standard. On est arrivés à la conclusion que si les autres provinces construisaient des routes identiques à celles du Québec, il leur en coûterait 14 % plus cher pour les routes provinciales et 3 % plus cher pour les routes municipales », conclut-il.