De nombreuses réactions de la part des acteurs de l'industrie de la construction sont survenues après la présentation, le 28 mars, du budget 2017-2018 par le ministre des Finances du Québec, M. Carlos Leitão.
Afin de mieux comprendre quels ont été les engagements salués par les différentes organisations ainsi que les oublis du gouvernement, voici les commentaires permettant d'évaluer le mieux possible les impacts réels du denier budget dans le secteur de la construction.
Transports collectifs
Un des faits saillants du dernier budget du gouvernement du Québec est son engagement dans le domaine des transports collectifs. Les trois grands projets mis de l'avant sont : la construction du service par bus (SRB) entre Québec et Lévis ; le réseau électrique métropolitain (REM) et le prolongement de la ligne bleue du Métro de Montréal.
Toutefois, comme le souligne l'Institut de développement urbain du Québec (IDU), si les sommes prévues sont identifiées au Plan québécois des infrastructures 2017-2019 pour les projets du SRB et du prolongement de la ligne bleue, les montants annoncés pour le REM n'ont pas reçu le même niveau d'engagement.
Le projet du REM
En effet, si le gouvernement du Québec s'est entendu sur les modalités de participation au projet de REM, avec un engagement de 1,28 milliard de dollars, la participation du fédéral fait encore l'objet de discussion.
De plus, le gouvernement québécois versera 720 millions de dollars à l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) d'ici 2022-2023 pour faciliter la mise en place du REM. Selon la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), cette somme permettra de compenser la contribution des municipalités pour la plus-value foncière et le financement de l’exploitation du REM.
Réseau routier
Le Plan Québécois des Infrastructures (PQI) 2017-2027 prévoit des investissements de 2,159 milliards de dollars pour le réseau routier, une hausse de 600 millions par rapport au PQI 2016-2026. Le réseau routier accapare 20 % des dépenses du PQI, dont 87 % de celles-ci iront au maintien et au remplacement des structures existantes.
Si l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) et CCA-Québec se réjouissent des investissements dans le transport collectif, ils se montrent plutôt insatisfaits de ceux faits dans le réseau routier.
L'ACRGTQ avait déjà critiqué, le 3 mars 2017, la baisse des investissements dans le réseau routier québécois depuis 2011, ce qui pourrait ultimement avoir un impact négatif sur l'état du réseau routier et l'économie du Québec.
CCA-Québec déplore de son côté que les projets de l'élargissement de l'autoroute Henri-IV à Québec, le prolongement de l'autoroute 19 à Laval ainsi que l'amélioration de l'autoroute 50 entre Gatineau et Mirabel soient encore à l'étude ou en planification. C'est-à-dire qu'aucune somme concrète n'a été attribuée.
Bien que satisfaite du budget, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) demande toutefois au gouvernement de combler le manque à gagner de 50 millions de dollars pour le Programme d'aide à l'entretien du réseau routier local (PAERRL) qui n'a pas été indexé depuis sa création, en 1993.
Construction
L'Association de la construction du Québec (ACQ) accueille favorablement le rehaussement des investissements dans les infrastructures, annoncé dans le dernier budget, mais elle estime que les investissements seront insuffisants pour bonifier le niveau d'activité de l'industrie de la construction qui est en baisse constante depuis 2012.
Les investissements en construction promis par le gouvernement provincial en 2017 sont au même niveau que ceux de l'année dernière, mais des investissements supplémentaires de 3 milliards de dollars sont inscrits au PQI lors des trois années subséquentes. L'ACQ rappelle que le déficit d'entretien des infrastructures publiques est élevé au Québec et que les taux d'intérêt très bas font en sorte qu'il peut être hautement rentable pour le gouvernement d'augmenter ses investissements en infrastructures.
L'ACQ voit toutefois un aspect positif aux investissements dans les infrastructures de santé et d'éducation qui augmenteront de 3 % cette année, ce qui est supérieur à l'augmentation des coûts de construction.
Rénovation
L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) applaudit la décision de prolonger le crédit d'impôt à la rénovation RénoVert.
L'APCHQ se réjouit de la prolongation de RénoVert pour une année additionnelle, soit jusqu'au 31 mars 2018. À plusieurs reprises au cours des derniers mois, l'Association avait d'ailleurs demandé qu'il soit prolongé au-delà du 1er avril prochain afin que l'industrie de la rénovation puisse continuer à contribuer pleinement à la croissance économique du Québec, à l'efficacité énergétique et à la protection de l'environnement.
De son côté, l'ACQ aurait aimé que le gouvernement instaure un crédit d'impôt pour la rénovation commerciale. Si le secteur de la rénovation domiciliaire a son programme RénoVert, le secteur commercial gagnerait certainement à avoir un programme qui lui est propre.
Autres programmes
D'autres mesures présentées dans le budget auront pour effet de stimuler l'activité dans l'industrie de la construction. Une somme de 73 millions de dollars a notamment été prévue afin de poursuivre l'adaptation et la rénovation de domiciles privés par le biais des programme Rénovation Québec et RénoRégion ainsi que le Programme d'adaptation de domicile. Cependant, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) rappelle que ces programmes avaient été coupés de façon importante dans les précédents exercices budgétaires et que ce montant est inférieur aux investissements qui y étaient alors consacrés.
Femmes en construction
Par ailleurs, l'ACRGTQ salue l'engagement du gouvernement à favoriser une meilleure intégration des femmes dans le marché du travail avec des investissements supplémentaires de 27 millions de dollars d'ici 2020-2021.
Formation
Le gouvernement s'engage également à intensifier les activités du programme d'apprentissage en milieu de travail, une mesure recommandée par l'ACQ dans ses demandes prébudgétaires. Ce programme ne serait pas suffisamment connu des entrepreneurs en construction, et des efforts gouvernementaux afin de le faire connaître pourraient inciter les entreprises du secteur à augmenter l'embauche d'apprentis, qui sont pour la plupart des jeunes de 15 et 24 ans, éprouvant souvent de la difficulté à se trouver un emploi.
Modélisation des données du bâtiment
L'ACQ se désole toutefois qu'aucune mesure favorisant l'utilisation de la modélisation des données du bâtiment (MDB) dans l'industrie de la construction ne soit inscrite au budget. Bien que l'utilisation de la MDB par les entreprises en construction ait débuté dans l'industrie, l'ACQ pense qu'il reste encore des efforts à faire dans le domaine afin qu'un nombre plus important d'entreprises utilisent cette technologie. L'Association espère que cette mesure qui vise l'amélioration de l'efficacité et la productivité sur les chantiers sera mise en place par le gouvernement dans son prochain budget.