Bibliothèque et hôtel de ville : La fusion réussie de deux vocations

Marie Gagnon

Un concept architectural soigné, en symbiose avec le fleuve, le futur bâtiment qui abritera, à compter de juin prochain, la bibliothèque Laure-Conan et l’hôtel de ville de La Malbaie mérite tous les superlatifs. Rarement, en effet, on aura vu un édifice s’intégrer aussi bien dans son environnement. Composé de deux volumes superposés, le concept met d’abord à profit un dénivelé du terrain pour s’insérer harmonieusement dans le site. La bibliothèque, aménagée à l’étage, et l’hôtel de ville, qui occupera le rez-de-chaussée, profiteront ainsi chacun d’une entrée indépendante, l’une sur la rue Saint-Étienne, l’autre sur le boulevard de Comporté.

 

C’est que les architectes du consortium formé des firmes Bisson, ACDF et Desgagnés, à travers ce projet évalué à 6,6 millions $, ont voulu circonscrire à la fois les compositions du paysage et l’histoire architecturale de la région. Le pari est réussi. Le design aux lignes brisées et le revêtement extérieur, avec son mélange de bois naturel, de bois teinté foncé et d’insertions de pierres brutes, rappellent les éléments naturels du paysage et les rochers erratiques qui jonchent le littoral. La fenestration abondante, en plus d’offrir une vue panoramique sur le fleuve et les environs, établit un fil conducteur entre le patrimoine bâti et le patrimoine naturel de la région.

 

« Le concept architectural est à couper le souffle », résume Paul-André Carrier, l’ingénieur mandaté par la Ville pour assurer la gérance du projet. Mais le bâtiment n’incarne pas seulement la fusion réussie de deux vocations, c’est avant tout un bâtiment fonctionnel, rappelle-t-il. Le bâtiment, qui totalise 2 050 mètres carrés de superficie, abritera en effet plusieurs fonctions. Au rez-de-chaussée, cœur administratif de la municipalité, se côtoieront greffe, archives, salles de plans, locaux de réunion et salle de délibération, de même que divers locaux techniques, dont la salle mécanique, et bureaux administratifs pour le maire et les fonctionnaires municipaux.

 

À l’étage, espace culturel par définition, la bibliothèque Laure-Conan offrira à ses usagers tous les services et locaux auxquels ils sont en droit de s’attendre. Parmi ceux-ci mentionnons une salle de travail, une salle polyvalente, pouvant éventuellement accueillir des expositions et autres manifestations culturelles du même ordre, ainsi que des aires dédiées aux différentes clientèles. Les plus jeunes lecteurs bénéficieront en outre d’une aire réservée aux contes, aménagée à même la section jeunesse. Tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage, les concepteurs ont fait la part belle aux matériaux naturels, tels le bois et la pierre. Un escalier et un ascenseur relieront les deux niveaux de l’intérieur, tandis qu’à l’extérieur, une esplanade agrémentera le séjour des visiteurs.

 

Une conception efficace

Mais le concept va plus loin encore, mentionne Paul-André Carrier. Sans briguer de certification environnementale particulière, le bâtiment à ossature d’acier sur dalle de béton s’alignera sur les grands principes du système d’évaluation LEED. Plusieurs interventions à caractère durable ont d’ailleurs été prévues par l’architecte Jonathan Bisson, PA LEED.

Outre l’intégration du bâtiment dans son environnement naturel, on note l’ajout d’un enclos à vélos et l’aménagement de douche et vestiaire afin de favoriser le transport actif. Des poutres, provenant de la démolition d’un bâtiment présent sur le site, seront intégrées au projet. L’accent a également été mis sur la gestion de l’eau, grâce à des appareils à faible débit et à des sanitaires à chasse automatique.

 

C’est toutefois sur le plan de l’efficacité énergétique que le bâtiment se distinguera le plus. Avec sa fenestration généreuse, il a en effet été conçu de manière à favoriser l’éclairage naturel. D’ailleurs, 75 % des espaces intérieurs profiteront d’une vue vers l’extérieur. Quant à l’éclairage artificiel, il sera assuré principalement par des fluorescents de type T-5 à haute efficacité que complèteront des appareils à DEL (diodes électroluminescents) répartis en des endroits stratégiques de la bibliothèque et de l’hôtel de ville, mais également à l’extérieur, sous les marquises.

 

Le chauffage sera pour sa part assuré par des plinthes électriques en périphérie du bâtiment ainsi que par un système de type « pompe à chaleur » à l’air. Ce système permettra de réduire de près de 50 % les coûts de chauffage. Le même système servira également à la climatisation du bâtiment. Comme le précise dans un courriel l’ingénieur Charles Frenette, de Teknika HBA, la capacité du système en climatisation est de 430 000 BTU et de 480 000 BTU en chauffage. Il ajoute que, selon la demande en chauffage ou en climatisation, certaines sections pourront être chauffées, tandis que d’autres seront climatisées, le système permettant le transfert d’énergie d’un secteur à un autre.

 

Au chapitre de la ventilation, on signale deux systèmes de récupération de chaleur munis de roue thermique et des sondes de CO2 pour maintenir la qualité de l’air ambiant à un niveau élevé. Enfin, le bâtiment sera équipé d’un système centralisé de gestion de l’énergie afin de contrôler notamment les températures, les taux d’humidité, la qualité de l’air et les volets de prise et de renvoi d’air. Ces choix généreront des économies de plusieurs milliers de dollars chaque année.

 

La Ville peut d’ailleurs espérer engranger les économies dès juin prochain. La construction de l’immeuble, qui est réalisée par Construction Gagné & Fils contre la somme de 5,5 millions $, s’est en effet enclenchée en octobre dernier par des travaux de compaction de sol. Les ingénieurs de la firme LVM ont utilisé la technique de vibroremplacement, moins bruyante que la compaction dynamique, pour réduire le risque de liquéfaction en cas de séisme. « Nous en sommes présentement à l’étape des fondations, mentionne M. Carrier. Le chantier ne devrait pas accuser de retard. »