L'ancienne usine de la société Papier Fraser, à Thurso, connaît actuellement une véritable renaissance. En avril 2010, Fortress Paper, une société basée à Vancouver spécialisée en papiers sécurisés et papiers peints, achetait la papetière alors en faillite pour la somme de 3 millions $ avec l'intention de la convertir en une usine produisant de la pâte cellulosique bien plus rentable que la production de pâte Kraft produite jusqu'ici à Thurso.
Du même souffle, Fortress Paper annonçait un investissement de plus de 153 millions $ pour la réalisation de ce projet. De ce montant, 112 millions proviennent d'un prêt à intérêts du gouvernement du Québec. « Les travaux ont été divisés en trois phases distinctes, soit la construction d'une usine de production de pâte cellulosique, d'une unité de production de composantes pour des papiers sécurisés et, finalement, l'érection d'une centrale de cogénération de la biomasse », explique Marco Veilleux, chef des opérations à l'usine de Thurso de Fortress Paper.
Le premier chantier, évalué à environ 95 millions $, qui comporte la construction d'une usine de production de pâte cellulosique a débuté en août 2010. Fortress Paper a fait appel à Pöyry, une firme de génie basée en Finlande qui dispose d'un bureau à Montréal, ainsi qu'à Ross & Anglin qui a agi à titre d'entrepreneur général. Les travaux sont pratiquement terminés à l'exception de quelques installations électriques et d'une partie du revêtement extérieur.
La construction imposante de huit étages et de 160 pieds carrés sur 160 pieds carrés abrite déjà la gigantesque machinerie, achetée en Finlande et transportée par bateau, puis en barges jusqu'à Thurso.
« Le bâtiment a nécessité la pose de 196 pieux qui, en raison du sol sablonneux, ont été plantés à 80 pieds de profondeur pour rejoindre le roc », précise Marco Veilleux.
À partir de la mi-septembre, l'usine produira pour la première fois de la pâte cellulosique et les premières livraisons sont prévues quelque part en octobre ou novembre pour des clients chinois.
16 autres mois de travaux
Par ailleurs, en janvier dernier, les travaux ont débuté par la transformation, au coût de 6 millions $, d'un ancien hangar désaffecté situé à l'extrémité est des terrains de l'usine. Baptisée Fortress Optical Feature, cette unité produira des composantes pour papiers sécurisés, tels des filigranes, qui sont intégrés dans les billets de banque.
Les travaux de reconversion du bâtiment sont pratiquement achevés et l'entrée en production est prévue pour le mois d'août. Du reste, les premiers équipements achetés de la Banque du Canada ont déjà été acheminés à Thurso.
« Les détails de conception de cette ancienne bâtisse en centre de recherche et de production sont confidentiels. Étant donné la spécificité du produit, nous y avons également installé une panoplie de systèmes de surveillance très performants afin de respecter les exigences de nos futurs clients. Dans un premier temps, nous allons alimenter une de nos usines en Suisse qui fabrique du papier pour les billets de banque », précise Marco Veilleux.
Finalement, Fortress Paper mettra la troisième phase en chantier dès juin, soit la construction d'une usine de cogénération à la biomasse qui nécessitera un investissement de plus de 50 millions $. Cette dernière produira 18,8 mégawatts qui seront générés à partir de la combustion de résidus de bois tels que les copeaux et les écorces. « Nous avons fait appel à la firme KSH, de Montréal, spécialisée en projets industriels lourds, pour réaliser les principaux travaux de génie. Par ailleurs, nous avons demandé une licence d'entrepreneur propriétaire afin de gérer nous-mêmes les travaux de construction », souligne Marco Veilleux.
L'usine de cogénération reposera sur des pieux de 180 pieds, longueur nécessaire à l'endroit où elle est située pour atteindre le roc. Le bâtiment sera recouvert d'un toit aux propriétés particulières qui lui permet de résister au stress thermique qui pourrait être généré par la chaudière.
Les travaux doivent prendre fin sur ce dernier chantier en octobre 2012, Fortress Paper s'étant engagée à cette date à livrer sa production d'électricité à Hydro-Québec pour une durée de 15 ans.