L’architecture repousse toujours plus loin les limites du développement durable. L’Écol’hôtel boutique K en illustre la preuve avec éloquence. Cet ancien immeuble appelé Édifice Ameau, situé au centre-ville de Trois-Rivières, sera converti en hôtel écologique et visera la certification LEED de niveau or. Lancé par l’organisme sans but lucratif Vire-Vert, il s’agit du premier projet de ce genre à voir le jour au Québec. Son aménagement coûtera 10 millions $. Les travaux devraient commencer cet automne et prendraient fin à l’été 2012.
Érigé pour le compte d’une institution bancaire, en 1928, ce gratte-ciel en forme de C et haut de 10 étages n’a jamais été complété. L’Écol’hôtel, qui a été entièrement conçu selon les préceptes de l’École de Chicago, comptera probablement un 11e palier. « Les plans préliminaires sont maintenant terminés », précise Philippe Lupien, architecte chez Lupien Matteau Architectes Associés, une firme mandatée dans ce projet en consortium avec Beauchesne Architecture Design et le Groupe Arcop. « Le principal défi de l’Écol’hôtel touche son enveloppe, qui n’est pratiquement pas isolée. Il faudra en optimiser les performances énergétiques », précise Philippe Lupien. À l’heure actuelle, elle est truffée de ponts thermiques.
Pour remédier à la situation, des superisolants pourraient être utilisés, à la condition qu’ils n’endommagent pas le mur extérieur. Celui-ci doit demeurer en place en raison de sa valeur patrimoniale indéniable. Microporeux, la conductivité thermique de ces superisolants est d’environ 10 fois inférieure à la moyenne, dit-on. Ce type de produit a été développé en France. « Nous essayons actuellement de voir s’il pourrait être utilisé au Canada », précise Philippe Lupien. Par ailleurs, il est question d’aménager des installations solaires sur la toiture, lesquelles serviraient à préchauffer l’eau. Le sommet du bâtiment accueillerait en outre une serre, où seraient notamment plantés des légumes et des fines herbes, pour les besoins de la cuisine de l’hôtel. Afin d’assurer leur pollinisation adéquate, les concepteurs songent également à y installer des ruches d’abeilles.
L’édifice abrite actuellement (dans ses cheminées) une espèce d’oiseau en voie d’extinction - il en resterait environ 3 000 dans le monde -, soit le martinet ramoneur. Pour cette raison, les travaux à venir dans l’immeuble prévoient leur maintien sur place en permanence. Précisons que la façade nord-est du bâtiment devrait comporter un mur vert. Il serait constitué de végétaux multiples, et la partie supérieure fourmillerait d’insectes dont les martinets ramoneurs pourraient se nourrir. Quant au sous-sol, il est question d’y aménager une buanderie écologique dotée d’appareils consommant très peu d’eau. « Nous tentons également de développer un système indiquant les niveaux d’eau dans les douches », de dire Philippe Lupien. Ainsi, les usagers sauraient combien ils en utilisent. En outre, les 45 à 50 chambres prévues seraient conçues par des artistes régionaux et locaux. Chacune d’elles comporterait un univers et des décors distincts.
La firme STGM Architectes assurera la gérance du projet. Ambioner s’occupera de la coordination LEED, tandis que Pluritec prendra en charge l’ingénierie mécanique et électrique. Pomerleau assumera la gérance de construction en plus d’agir comme conseiller à la phase de conception.
Cet article est paru dans l’édition du jeudi 30 juin 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !