Le Québec se dirige vers un important déficit de relève entrepreneuriale. Voilà ce que révèle un sondage de la Fondation de l'entrepreneurship, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec. Intitulé La relève est-elle au rendez-vous au Québec ? et réalisé avec la collaboration de Léger Marketing, le sondage est l'un des premiers à examiner de façon aussi exhaustive et qualitative ces deux côtés d'une même médaille que sont les releveurs et les cédants.
Afin de bien comprendre la dynamique de la relève, le rapport vient entre autres quantifier la situation de la relève entrepreneuriale en réalisant l'équation entre les entrepreneurs actuels (cédants potentiels) et en devenir (releveurs potentiels), et ce, à différents stades de développement. Les entrepreneurs en devenir qui préfèrent créer une entreprise de toute pièce plutôt que d'en relever une ont été retranchés du calcul. La même opération a été faite pour les cédants potentiels disant d'emblée vouloir fermer leur entreprise au moment de leur retraite.
Le tableau suivant présente le manque de relève pour reprendre les entreprises qui seront mises en vente par les entrepreneurs actuels. Déjà problématique sur un horizon temporel de cinq ans, il le sera bien davantage au terme de la prochaine décennie.
Déficit* de 149 000 releveurs réparti selon l'horizon temporel
Déficit de relève
2010 à 2014 16 000
2015 à 2020 22 000
2020 et plus 111 000
*217 000 cédants de 35 ans et plus - 68 000 releveurs de 18 à 54 ans = (149 000) releveurs (déficit)
Manque de planification chez les entrepreneurs
Transfert de direction, transfert de propriété, plan de relève : autant de concepts encore nébuleux pour bien des cédants potentiels. Il s'agit en effet d'environ un entrepreneur de 55 ans et plus sur deux qui indique ne pas disposer actuellement d'une planification concernant le transfert de direction (à peine 8,2 % ont un plan formel) et le même constat s'applique pour le transfert de propriété (seulement 11,6 % ont un plan formel).
Un autre élément qui vient étayer ce constat : plusieurs cédants de 55 ans et plus affirment également ne pas connaître la valeur marchande de leur entreprise (environ 40 % d'entre eux). Selon la Fondation, il apparait nécessaire pour l'ensemble des intervenants québécois œuvrant dans le domaine de l'entrepreneuriat de mobiliser les cédants face à cette réalité.
Les compétences sont au rendez-vous
Le sondage révèle que 96,1 % des propriétaires d'entreprise de 55 ans et plus ayant identifié un releveur le jugent compétent et capable de prendre les rênes actuellement. Constat presque identique pour les cédants de 35 à 54 ans qui, eux, se situent à 85,5 %. Questionnés sur la perception qu'ils ont de leurs compétences, les jeunes releveurs (18 à 34 ans), quant à eux, se sentent moins optimistes, affirmant à 48,4 % avoir les compétences nécessaires, comparativement à 76,4 % chez les releveurs de 35 à 54 ans. Soulignons cependant que plus de 50 % des jeunes de 18 à 34 ans prévoient une prise de possession dans plus de cinq ans, un laps de temps suffisant pour prendre de l'expérience et combler leurs lacunes en matière de compétence.
Des solutions existent
La communication entre les groupes de cédants et releveurs apparait comme un besoin criant auquel la Fondation estime que le Québec commence heureusement à répondre (notamment avec des initiatives telles que les centres de transfert d'entreprise). S'afficher ouvertement en processus de relève n'est pas évident pour tous les entrepreneurs, cependant. Le cédant peut ainsi potentiellement déstabiliser ses clients, partenaires et employés. Les mécanismes d'échanges d'information restent donc à être raffinés.
L'accompagnement des cédants par d'autres entrepreneurs ayant vécu un processus de relève peut aussi s'avérer porteur.
Source : Fondation de l'entrepreneurship