Après avoir connu 16 années prolifiques marquées par une croissance soutenue, l’industrie québécoise de la construction fléchira légèrement en 2013. Si elle est passée de 65 à 165 millions d’heures travaillées entre 1996 et 2012, le nombre anticipé cette année avoisinerait les 158 millions d’heures, pour une baisse appréhendée de 3 %. Ces données émanent de la revue provisoire 2013 produite par la Commission de la construction du Québec (CCQ).
Génie civil et voirie
Stimulé depuis plusieurs années par des investissements publics, le secteur du génie civil et de la voirie affichera un recul en 2013-2014, en raison d’une probable réduction des dépenses qui pourrait atteindre les 2 milliards $. L’enveloppe budgétaire prévue passerait de 12,5 à 10,5 milliards $. Selon la CCQ, l’année 2013 devrait générer 34 millions d’heures travaillées dans ce secteur (-6,5 %), comparativement à 36,3 millions en 2012.
Le Plan québécois des infrastructures est en fin de course, ce qui justifie en partie ces réductions. Le ralentissement anticipé sera aussi alimenté par des octrois de contrats municipaux en baisse, à cause des récentes controverses portant sur des « malversations », et de la fin d’un important chantier entrepris par la pétrolière Ultramar, qui consistait à aménager un pipe-line entre Lévis et Boucherville.
Secteur industriel
Pour sa part, le secteur industriel connaîtra lui aussi une baisse, spécialement dans le domaine minier. Certains projets qui devaient démarrer ont été mis sur la glace, par exemple à Port-Cartier, où l’agrandissement de l’usine D’ArcelorMittal a été reporté.
Selon une enquête traitant des perspectives d’investissements privés et publics, ceux-ci diminueront de 14 % dans le secteur minier en 2013 au Québec. L’industrie de l’aluminium a, elle aussi, ralenti la cadence, tandis que les développements dans l’or, le diamant et d’autres métaux se portent bien. Le nombre d’heures travaillées en 2013 dans ce secteur est estimé à 17 millions, soit une baisse de 6 % par rapport à 2012.
Secteur institutionnel et commercial
Par ailleurs, dans l’institutionnel et le commercial, il y aura stagnation. Le nombre d’heures qui y seront travaillées atteindra 77 millions (-1,5 %), contre 78,2 millions en 2012. « Le secteur institutionnel demeurera vigoureux, grâce à la construction des deux grands centres hospitaliers universitaires à Montréal », prévoit Louis Delagrave, directeur de la recherche et de la documentation à la CCQ.
Par contre, les projets de moindre envergure tarderont à démarrer, et selon une enquête menée récemment par Statistique Canada, les investissements consacrés à la construction et à la rénovation d’écoles vont diminuer de 15 %. En revanche, côté commercial, on y annonce que le secteur du commerce de détail investira 30 % de plus que l’an dernier, et qu’en matière de construction d’édifices de bureaux, l’augmentation se chiffrera à 9 % cette année.
Secteur résidentiel
Finalement, le secteur résidentiel a chuté de 2 % en 2012 (32,4 millions d’heures travaillées), une performance qui, malgré tout, s’est avérée être au-delà des espérances. La diminution des mises en chantier résidentielles se poursuivra en 2013, alors qu’on y prévoit 30 millions d’heures travaillées, pour une baisse de 7 % en comparaison de 2012. « Ce marché était appelé à se calmer tôt ou tard », rappelle Louis Delagrave. L’inquiétude se manifeste surtout dans le marché des copropriétés, où la crainte d’une surconstruction au centre-ville de Montréal n’est jamais bien loin. Il se bâtit 50 000 logements par année à l’heure actuelle au Québec, alors que dans un monde idéal, ce nombre devrait être ramené à 45 000.
Cet article est paru dans l’édition du mardi 12 mars 2013 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !