Le pont provincial centenaire sera remplacé par un ouvrage contemporain adapté tant aux cyclistes et aux piétons qu’aux navigateurs.
« Les critères de construction en 1915 n’étaient pas ceux d’aujourd’hui, explique Benoit Fortin, directeur du service des infrastructures de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le ministère des Transports a convenu que le pont avait atteint la fin de sa vie utile. » Le pont Gouin connait un débit moyen de 20 000 véhicules par jour, mais une restriction de poids est appliquée et la voie est trop étroite par rapport aux normes d’aujourd’hui. La structure actuelle a déjà subi plusieurs transformations et sa dégradation fait l’objet d’une surveillance accrue depuis 2008.
Le nouvel ouvrage de type pont à poutre sera supporté par six piles. D’une longueur de 465 mètres, il présente une largeur carrossable de 10,6 m pour l’aménagement d’une voie de 3,3 m dans chaque sens et d’un accotement de 2 m. « Le ministère des Transports planifie en fonction des besoins routiers et invite la municipalité à bonifier le projet », explique Benoit Fortin. Suivant la réception des plans et devis initiaux réalisés par WSP, Cima + et Stantec, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a retenu les services de l’architecte André Major pour rehausser les volets urbanistiques et architecturaux.
S’ajouteront donc une piste cyclable bidirectionnelle de 3 m aménagée du côté sud de la voie et deux trottoirs qui surplombent la rivière. « Nous avons aussi ajouté, de chaque côté, deux belvédères en porte à faux pour s’arrêter, pêcher et flâner. Chacun sera équipé de supports à vélo et de bancs. Nous avons même opté pour des garde-corps vitrés afin que tous puissent profiter d’une vue dégagée sur la rivière. » Un escalier et une rampe multifonctionnelle permettront aussi l’accès au pont à partir de la bande cyclable du canal de Chambly.
En effet, outre la rivière Richelieu, le pont Gouin a la particularité d’enjamber également le canal de Chambly. Il est donc muni d’une partie mobile de type pont-levis dont le fonctionnement saisonnier est une responsabilité fédérale. « Nous avons convenu avec Parcs Canada de surélever le tablier du nouveau pont de 1,5 m par rapport à l’ancien, ajoute-t-il. Cela permettra à environ 50 % des embarcations de circuler en dessous et améliorera beaucoup la fluidité de la circulation. »
Le reste du temps, le mécanisme de levage du pont à bascule permet un dégagement rapide de la voie navigable avec un système hydraulique silencieux. Il est assorti d’une logette d’opération, de feux de circulation et de barrières automatisées. Comme les autres éléments ornementaux, la structure d’acier qui mesure 20 m de haut sera peinte en blanc et éclairée afin de mettre en valeur sa qualité sculpturale.
Situé en plein centre-ville, le pont Gouin est un lien essentiel entre le coeur de Saint-Jean-sur-Richelieu et l’ancienne ville d’Iberville, aujourd’hui fusionnée. « On ne peut pas démolir et vivre deux ou trois ans sans notre unique pont urbain, dit Benoit Fortin. Nous avons un pont autoroutier, mais rabattre toute la circulation sur l’autoroute 35 aurait des impacts trop importants sur les commerces du centre-ville et la couverture incendie. » Le nouveau pont sera donc bâti à quelques dizaines de mètres au nord de l’existant, afin de conserver l’usage de ce dernier pendant les travaux.
La réalisation de l’ouvrage a été confiée à Pomerleau pour la somme de 70 millions de dollars et le montant total dédié au projet s’élève à 126,3 millions. Le MTMDET estime que le nouveau lien sera ouvert à la circulation en 2019, après quoi le vieux pont sera démoli.
La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu contribuera à hauteur de 26 millions de dollars pour l’intégration des éléments architecturaux ainsi que pour les éléments d’infrastructures propres aux besoins municipaux. La Municipalité a notamment dû faire l’acquisition de terrains sur les deux rives et procédera à des travaux de voirie aux approches du futur pont : mise à niveau des systèmes de feux de circulation aux intersections, réfection des réseaux d’égout et d’aqueduc et enfouissement des installations de services publics. Une fois la mise en service du pont complétée, les terrains résiduels seront intégrés à la place publique du Vieux-Saint-Jean, côté ouest, et au parc Léo-Bessette, du côté Iberville. Une promenade urbaine sera, par ailleurs, aménagée sur la rive du canal de Chambly et inclura un passage piéton sous le pont, des murs architecturaux et du verdissement.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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