L’annulation des projets Oléoduc Énergie Est et Réseau principal Est par TransCanada, le 5 octobre 2017, a suscité de nombreuses réactions au Québec.
Les milieux patronaux et syndicaux critiquent l’ONÉ
Pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), cette décision est considérée comme un mauvaise nouvelle, compte tenu des milliers d’emplois en génie civil et en construction industrielle qui ne seront pas créés au Québec. De plus, les nouvelles exigences de l’Office de l’énergie (ONÉ) auraient eu raison de ce projet évalué à 15 ,7 milliards de dollars. Rappelons qu’au départ l’ONÉ ne comptait pas tenir compte des GES dans son étude.
Le Conseil du patronat du Québec s’est pour sa part dit déçu de « voir un projet de cette envergure tomber à l’eau ». L’organisme se dit préoccupé du signal négatif envoyé aux investisseurs de partout dans le monde voulant faire des affaires au Canada. Le CPQ critique également les hésitations des gouvernements du Canada et du Québec dans ce dossier, en plus de souhaiter que l’on réfléchisse au rôle joué par les organismes de réglementation, comme l’Office national de l’énergie, dans ce dossier.
Pour les Syndicats des métiers de la construction du Canada (SMCC), l’annulation du projet Oléoduc Énergie Est ne pouvait pas survenir à un pire moment pour les personnes vivant de l’industrie de la construction et de l’entretien au Canada, plus particulièrement pour les personnes de l’Ouest et du Nouveau-Brunswick. Sans nommer l’ONÉ, Robert Blakely, officier d’opération du Canada des SMCC, déclare que : « Si nous disposons d’un moyen de traiter de nos enjeux, peut-être devrions-nous nous y tenir. Nous n’avons pas besoin que les règles du jeu changent en plein milieu. Ce n’est ni juste ni approprié. Nous ne devrions pas avoir à demander à un promoteur de parier plusieurs milliards sur un processus qui change sans vraie raison apparente. »
Le gouvernement canadien prend acte
Au niveau fédéral, le ministre des ressources naturelles, Jim Carr, considère que « la décision de TransCanada d’annuler le projet d’oléoduc Énergie Est était une décision d’affaires ». Le gouvernement canadien se concentrera dorénavant sur deux projets de pipelines d’exportation : l’expansion de Trans Mountain et le projet de canalisation 3.
Les opposants se réjouissent
De son côté, le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a bien accueilli la décision de TransCanada. Rappelons que la CMM s’opposait au projet depuis janvier 2016. Selon elle, ce projet ne respectait pas le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), puisqu’il traversait des bois, des milieux humides, la zone agricole et de nombreuses rivières du territoire.
La Fédération québécoise des municipalités (FQM) considère l’abandon du projet comme une victoire pour les municipalités et les régions du Québec. Selon la FQM, le manque de transparence du processus d’évaluation et l’arrogance du promoteur avaient suscité une levée de boucliers de la part des municipalités et des MRC visées par le tracé du projet. Elle avait d’ailleurs mis sur pied un comité constitué des préfets des 14 MRC dont le territoire était traversé par le tracé du projet d’oléoduc afin de se pencher sur l’ensemble du processus de consultation et son acceptabilité sociale.
Pour Greenpeace Canada, cette décision reflèterait « la fin de l’ère du pétrole » et prouverait qu’il n’y avait pas d’acceptabilité sociale pour ce projet. Même son de cloche au Bloc Québécois, qui considère l’événement comme une grande victoire du mouvement citoyen et des groupes environnementaux. Québec solidaire, lui, se réjouit de l’abandon du projet qu’il qualifie « d’écologiquement et économiquement insensé ».