Les producteurs de bovins disposeront bientôt d’un nouveau moyen pour faire traiter les matières à risques spécifiés (MRS) de leurs animaux. L’entreprise Sanimax investira de fait 15 millions $ à Charny pour construire une chaudière à biomasse afin de se débarrasser de façon sécuritaire de ces matières organiques.
Une fois la construction achevée, de 25 à 30 millions de livres de matières organiques aboutiront chaque année dans la chaudière à biomasse plutôt que sur le site d'enfouissement. Les MRS seront ainsi entièrement réduites en cendres. L’entreprise récupérera la vapeur dégagée et la convertira en énergie pour alimenter les lieux.
« Nous éliminerons près de 22 000 tonnes de gaz à effets de serre seulement en utilisant le biogaz que nous produirons », a mentionné Martin Couture, président et chef de la direction de Sanimax, lors de la conférence de presse tenue en février dernier pour annoncer le projet. Cette dernière a de plus permis d’apprendre que le gouvernement fédéral investit 7,7 millions $ (une contribution remboursable) dans cette initiative.
Sanimax transformera également la cendre inerte produite en engrais, qu’elle envisage de commercialiser.
Les travaux s’enclencheront en mai prochain. « Quatre-vingt-cinq pour cent de la construction devrait être complétée en décembre 2011 », indique Serge Morin, chef de secteur corporatif-ingénierie et chargé de projet. L’ensemble du projet sera terminé à temps pour l’ouverture officielle en juin 2012.
La compagnie a décidé de présélectionner au printemps quelques entrepreneurs et d’octroyer le mandat de construction à l’un d’eux. Il n’y aura donc pas de publication d’appel d’offres public. Le nom de l’entrepreneur sélectionné devrait être connu dans les prochains mois.
Deux firmes se sont partagé les principaux contrats de génie. EMS ingénierie, une entreprise de Québec, a été mandatée pour les volets structure et civil. GCI, experts en énergie de Sherbrooke, s’est attelée pour sa part au volet thermique du projet.
Technologie importée de Norvège
Le bâtiment abritant la chaudière sera revêtu de parement métallique sur une structure d’acier. Sa superficie oscillera entre 7 000 et 8 000 pieds carrés, sur un étage. Tout l’aménagement intérieur sera consacré à la chaudière et à son équipement. Une compagnie danoise s’occupera par ailleurs de la fabrication et de l’installation de l’équipement requis.
Interrogé sur les éléments de développement durable du projet, Serge Morin a donné les précisions suivantes : « Le bâtiment en lui-même n’est qu’une coquille servant à abriter la chaudière ; les éléments durables se trouvent plutôt dans la technologie utilisée. » Le procédé permettra en outre à Sanimax de combler de 30 % à 40 % des besoins énergétiques de l’entreprise.
Notons que le cerveau et la colonne vertébrale des bovins de plus de 30 mois constituent les MRS. Cette matière a été associée à la crise de la vache folle qui a durement frappé le Canada en 2007. Au pays, les autorités ont dû prendre des mesures radicales pour éliminer les MRS de la chaîne de production animale.
Le bénéfice potentiel pour l’entreprise est estimé à 700 000 $ par année. Sanimax est la seule entreprise qui récupère les animaux morts et les sous-produits d’animaux de partout au Québec.