Leadership au féminin : deux femmes en discutent

  • Fondée en 2010, Les Elles de la construction est un organisme sans but lucratif dont la mission est de promouvoir la place des femmes dans le secteur de la construction, et ce, à différents niveaux : entrepreneures, chargées de projet, femmes de métier, professionnelles et étudiantes.

15 novembre 2018 | Par Marie-Josée Lanciault

Le 23 octobre dernier, les Elles de la construction organisaient une activité de réseautage en collaboration avec CREW M, le premier réseau de l’industrie à se consacrer à la promotion et au soutien du succès des femmes en immobilier commercial. Pour cette occasion, Valérye Daviault, présidente des Elles de la construction, et Linda Rouleau, présidente de CREW M, ont discuté sur le thème du leadership au féminin.

Deux femmes, deux parcours

Dans un premier temps, l’animatrice du panel, Maryse Couture, présidente de Toitures Couture et administratrice au C.A. de Crew M, a demandé aux deux femmes de parler de leur parcours professionnel. Pour Linda Rouleau, présidente de CREW M et directrice principale, exploitation – centres commerciaux chez Cominar, l’immobilier ne faisait pas partie de ses ambitions lorsqu’elle a entrepris ses études. Elle a plutôt choisi la kinésiologie comme champ d’études. Par la suite, elle réoriente ses études en marketing et entame sa carrière en immobilier commercial en occupant depuis 1998 différents postes auprès de quelques propriétaires immobiliers.

 

Quant à Valérye Daviault, présidente des Elles de la construction et présidente de Construction Konexco, elle se plaît à dire : « Je suis née avec des bottes de construction! » Toute jeune, elle s’amusait à aider son père dans des projets de rénovation. C’est à ce moment qu’elle a acquis des compétences manuelles en rénovation.  Diplômée en techniques de l’architecture, puis d’un certificat en gestion de la construction de l’ÉTS, elle agit à titre de chargée de projet pendant plus de huit ans pour le compte d’une importante entreprise spécialisée en toiture. Depuis janvier 2018, Valérye Daviault prend enfin la décision de devenir entrepreneure et fonde sa propre entreprise, spécialisée en rénovation de bâtiment commercial et industriel.

 

L’importance de l’implication bénévole

En 2013, Valérye Daviault décide de participer aux rencontres de réseautage des Elles de la construction pour agrandir son réseau. Puis, en 2015, un poste devient disponible au sein du conseil d’administration. Réticente au début, elle décide finalement de poser sa candidature et est élue. L’année suivante, elle devient vice-présidente de l’OBNL puis, présidente en 2017 pour un mandat de deux ans.

 

De son côté, Linda Rouleau est devenue administratrice de CREW M en 2014. Après deux ans, elle décide de « sortir de sa zone de confort » en acceptant le poste de présidente de l’organisme. Elle affirme que le plus grand défi qu’elle rencontre depuis qu’elle est à la tête de CREW M est le temps. Elle consacre environ une vingtaine d’heures par semaine à l’organisation. Quand on occupe un travail à temps plein, une vie familiale et des loisirs, disons que les semaines sont bien remplies. Elle ajoute que le secret de la réussite est de savoir bien s’entourer.

 

Valérye Daviault consacre autant de temps bénévole pour les Elles de la construction. « C’est beaucoup d’heures, mais je crois sincèrement que si on le fait avec le cœur, cela nous donne la force de continuer. On le fait pour la cause », affirme Valérye Daviault.

 

L’importance des modèles féminins

Linda Rouleau et Valérye Daviault croient en l’importance d’avoir des sources d’inspiration pour avoir la motivation à gravir les échelons. Dans beaucoup de domaines, il manque encore des modèles féminins. De plus, elles encouragent les femmes à accéder à des conseils d’administration afin de renforcer leur pouvoir. Il faut viser un rapport homme-femme plus égalitaire au sein des C.A. Il est d’ailleurs prouvé qu’une entreprise ayant un C.A. diversifié est mieux gérée.

 

En construction, il y a beaucoup d’entraves pour la réussite professionnelle des femmes : difficulté à trouver un emploi à la sortie de l’école, climat sur les chantiers, horaires de travail difficiles, etc. Mais, selon Valérye Daviault, les mentalités changent, beaucoup plus de femmes ont un intérêt pour l’industrie de la construction. Plusieurs jeunes femmes décident de prendre la relève de l’entreprise familiale ou de fonder leur propre entreprise.

 

En immobilier commercial, Linda Rouleau affirme qu’il y a de plus en plus de femmes qui accèdent à des niveaux supérieurs. À titre d’exemple, en 15 ans, le pourcentage de femmes en gestion d’actifs et gestion immobilière est passé de 35 à 48 %. Dans le domaine du courtage, ventes et location, les femmes sont passées de 18 à 30 %.

 

Ce qui frappe le plus Linda Rouleau est l’écart salarial de 23,3 % entre les hommes et les femmes en immobilier commercial. Cet écart peut ne pas sembler important en début de carrière, mais lorsqu’on atteint la haute direction, l’écart salarial moyen est de 100 000 $ annuellement!

 

En conclusion, l’industrie de la construction et celle de l’immobilier commercial représentent encore des défis importants pour les femmes. En construction, l’intégration est un enjeu tandis qu’en immobilier commercial, c’est l’égalité salariale entre les hommes et les femmes et la parité aux conseils d’administration. Lorsque ces objectifs seront atteints, on pourra dire mission accomplie!

 

 

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