Dans le cadre d’un 5 à 7 qui a eu lieu le 6 novembre dernier, les Elles de la construction recevaient Céline Hervieux-Payette, sénateur au parlement canadien.
Elle est venue parler aux invités d’un dossier majeur qu’elle défend depuis plusieurs années : l’importance de la représentation équilibrée des hommes et des femmes dans les conseils d’administration. Bien entendu, elle a profité de l’occasion pour lancer d’importants messages aux femmes.
Licenciée en droit de l’Université de Montréal, elle a été avocate membre du Barreau canadien et du Barreau québécois jusqu’en 2011. De 1973 à 1995, Mme Hervieux-Payette a occupé différents postes à la haute direction de plusieurs entreprises d’importance au Québec.
En 1979, en plus de ses tâches de député, elle a été secrétaire parlementaire pour le solliciteur général du Canada, puis ministre d’État à la Condition physique et aux Sports amateurs, et enfin, ministre d’État à la Jeunesse jusqu’en 1985. Elle a été nommée au Sénat le 21 mars 1995, poste qu’elle occupe toujours.
En dépit de l’étendue de ses fonctions et tout au long de sa carrière, Céline Hervieux-Payette s’est battue pour une cause qui lui tient à cœur : celle des femmes.
Savoir prendre des risques « calculés »
Son expérience dans des firmes de génie l’a amenée à constater les irritants que rencontrent depuis des lustres les femmes qui aspirent à devenir entrepreneures. Céline Hervieux-Payette cite en exemple que dans le passé, plusieurs femmes sont sorties bredouilles après avoir fait une demande de financement auprès de leur banquier, tandis que les hommes revenaient presque toujours avec une demande acceptée !
Pourtant, les femmes étudient bien leurs dossiers avant de prendre une décision importante. Elles vont au fond des choses. De plus, elle affirme que les femmes ne doivent pas avoir peur de prendre des risques dans la vie au même titre que les hommes. Elle invite d'ailleurs les femmes à faire preuve de courage et ne pas hésiter à prendre des risques « calculés ».
Elle déplore le manque de femmes dans certains milieux professionnels dont le génie et l’informatique. Également, peu de femmes occupent des postes à la haute direction chez les comptables et dans l’armée. Seul le secteur bancaire semble démontrer une ouverture intéressante pour les femmes.
L'urgence d'intégrer des femmes dans les CA
Céline Hervieux-Payette parraine le projet de loi S-217, qui vise à encourager une représentation équilibrée des hommes et des femmes dans les conseils d'administration. Elle n'a pas peur d'affirmer, preuve à l'appui, qu'une entreprise dont le conseil d'administration compte plus de femmes est plus rentable et est généralement plus performante.
En 2012, un plan d'action économique a annoncé la mise sur pied d'un conseil consultatif composé de chefs de file des secteurs public et privé chargé de promouvoir la participation des femmes aux conseils d'administration.
Malheureusement, plus de deux après cette annonce, toujours rien n'a été fait. En 2013 au Canada et aux États-Unis, les femmes représentaient environ 15,9 % des sièges au sein des conseils d'administration. En comparaison, la Norvège, dont la loi exige que les conseils d'administration des sociétés inscrites à la bourse soient composés de femmes à 40 %, a vu passer ce taux de 7 % à 44 % entre 2002 et 2011.
Céline Hervieux-Payette est donc persuadée qu'il faut passer par la voie législative pour espérer, dans des délais raisonnables, à une hausse de la représentativité des femmes dans les conseils d'administration.
Le projet de loi S-217 s'appliquerait progressivement de façon à ce que six ans après l'entrée en vigueur de la loi, au moins 40 % des postes dans les conseils d'administration soient détenus par des femmes.
Céline Hervieux-Payette ajoute que la féminisation des conseils d'administration est une bonne chose parce que les femmes et les hommes se distinguent et se complètent sur le plan des caractéristiques individuelles (la sagesse, la recherche de compromis, le style de leadership plus démocratique, etc.).
Si vous voulez en connaître davantage sur le projet de loi S-217, ou bien si vous êtes d'accord avec le projet de loi et désirez l'appuyer, vous êtes invité à signer la pétition.
Ne pas se laisser intimider
Enfin, après la période de questions, Céline Hervieux-Payette a conseillé aux femmes de développer leurs qualités de leadership et elle les a encouragées à ne pas se laisser intimider par quiconque dans un milieu de travail. Elle ajoute que jouer à la victime, par culpabilité ou par peur de perdre son emploi, n'est pas un comportement souhaitable pour les femmes.
En résumé, elle croit qu'il ne faut pas embaucher une femme parce qu'elle est une femme mais bien parce qu'elle a du talent !
Merci Mme Hervieux-Payette