Bâtiment durable au Canada : tendances, avantages et vision d’avenir

28 juillet 2014
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

McGraw Hill Construction, pour le compte du CBDCa, a récemment conduit auprès de firmes de professionnels œuvrant dans le domaine de la construction une étude en ligne portant sur le bâtiment vert au Canada. Publié le 19 juin dernier, le rapport synthèse1 qui en résulte permet d’en apprendre davantage sur les grandes tendances actuelles et projetées de la construction verte au pays ainsi que sur les déterminants et obstacles à la progression de ce marché.

 

En plus de fournir, statistiques à l’appui, une analyse approfondie du sujet, le rapport permet de jeter les bases d’une réflexion qui permettra d’identifier les moyens à mettre en œuvre afin d’accélérer le développement du secteur du bâtiment vert.

 

Bâtiment vert : définition et répondants

Les définitions de ce qu’est ou devrait être un bâtiment durable sont nombreuses, chacun ayant sa propre opinion sur le sujet. Pour sa part, afin de baliser sa démarche et de guider les participants, McGraw Hill Construction a défini le bâtiment vert de la manière suivante :

 

Édifice conçu en fonction des standards de la certification LEED (ou autres standards reconnus) ou qui présente une consommation d’énergie et d'eau réduite, qui prend en compte la qualité de l'air intérieur et/ou encourage la conservation des ressources matérielles.

 

Somme toute relativement large, cet énoncé peut, de prime abord, sembler trop général. En contrepartie, celui-ci permet d’interpeller un bassin de répondants élargi, augmentant ainsi la robustesse des données et statistiques compilées. Au final, l’exercice aura permis de recueillir de l’information auprès de 200 entreprises distinctes (57 d'architecture, 35 d'entrepreneurs, 41 de propriétaires / promoteurs et 67 de consultants / ingénierie).

 

Quelques conclusions

Parmi les nombreuses conclusions issues de l’étude, le rapport démontre que les entreprises ayant fait le choix d’emprunter la voie du bâtiment durable affirment en retirer d’importants bénéfices. À titre d’exemple :

  • 82 % des propriétaires / promoteurs déclarent une diminution de la consommation énergétique de leurs bâtiments durables (en comparaison à des bâtiments similaires) ;
  • 68 % des propriétaires / promoteurs constatent une diminution de la consommation d’eau dans leurs bâtiments durables ;
  • La réduction médiane des coûts d’exploitation sur cinq ans des bâtiments durables des firmes ayant participé à l’étude s’établit à 17 %.

 

D’autre part, toujours selon les firmes participantes, le délai de récupération médian des investissements dans une nouvelle construction durable est de huit ans en moyenne. Si ces avantages financiers sont déterminants pour la croissance du bâtiment durable au Canada, les entreprises interrogées ajoutent aussi que la demande des clients et la volonté d’agir correctement ont été les deux éléments ayant le plus encouragé et facilité la construction de bâtiments durables en sol canadien.

 

Santé et bien-être : levier à exploiter

Sur le plan social, 60 % des firmes mentionnent que la propension des bâtiments durables à favoriser la santé et le bien-être des occupants constitue actuellement le principal incitatif à bâtir « vert ». Tel que le mentionne le rapport, il s’agit d’un facteur qui a fait du chemin et qui s’est imposé de manière dominante au cours des dernières années. À ce sujet, dans une étude similaire datant de 20122, bien que la notion de santé et bien-être occupe déjà une place de choix dans le palmarès des facteurs sociaux contribuant à stimuler le marché du bâtiment vert, celle-ci ressortait moins du lot, étant alors à égalité avec le désir d’encourager les pratiques dites durables.

 

Malgré que les bénéfices potentiels associés à la santé et au bien-être des occupants soient de plus en plus perçus comme étant des prérequis à la réussite d’un projet, force est d’admettre qu’il est relativement ardu, voire impossible d’en évaluer avec précision la rentabilité de l’investissement. À titre d’exemple, l’impact positif d’un environnement de travail sain sur la productivité de la force de travail peut être accepté, mais demeure difficile à comptabiliser.

Si le défi de quantifier avec précision l’impact financier de ces bénéfices pouvait être relevé, il est fort à parier que l’on assisterait à une importante nouvelle vague d’investissements dans le domaine du bâtiment vert au pays (et ailleurs). Les conclusions d’études post-occupationnelles qui permettraient de mieux comprendre ces impacts financiers et d’en saisir toute la portée auraient très certainement le potentiel d’amener le bâtiment vert à un tout autre niveau.

 

Ceci étant dit, le marché du bâtiment vert se porte tout de même très bien. À ce sujet, les entreprises interrogées, dont les pratiques vertes représentent en moyenne le tiers des activités, s’attendent à ce que ces mêmes pratiques représentent la moitié de leurs activités en 2017.

 

1. Canada Green Building Trends: Benefits Driving the New and Retrofit Market, rapport disponible pour téléchargement sur le site web de la section du Québec du CBDCa (http://batimentdurable.ca)

2. McGraw Hill Construction’s 2012 World Green Building Trends

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez Coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.

Conseil du bâtiment durable du Canada - section du Québec

Cette chronique est parue dans l’édition du jeudi 3 juillet 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !