Longue de plus de 200 m, la passerelle piétonnière du mégaprojet Royalmount surplombera les six voies de l’autoroute Décarie à Ville Mont-Royal sans le moindre appui intermédiaire.
Entièrement financée et conçue par Carbonleo, cette passerelle permettra de relier le site de Royalmount à la station de métro De la Savane. Près de dix millions de personnes emprunteront chaque année cette infrastructure chauffée et climatisée, avance le promoteur. La particularité du projet, dont la construction a débuté en avril dernier, tient au fait que l’infrastructure comptant cinq segments de 40 à 50 m sera soutenue par seulement deux piliers de chaque côté de l’autoroute. La construction du pilier situé à la sortie du métro s’avère particulièrement complexe à cause de la présence de nombreux services comme l’aqueduc, l’égout, les chambres électriques et du gaz à haute pression. « Il y a un ensemble de contraintes assez important.
Nous devrons donc décaler la pile grâce à la construction d’un radier qui, en porte-à-faux, va la supporter. De son côté, le radier, cette grande masse de béton, sera supporté par des pieux qui seront placés de part et d’autre de l’égout et de l’aqueduc. La structure forme un genre de chaise », explique Didier Heckel, directeur principal du développement résidentiel chez Carbonleo.
Le métro, un autre enjeu
La présence d’une ligne du métro est un autre défi technique à surmonter. Pour éviter toute charge sur le tunnel du métro, une série de pieux seront installés à l’extrémité de l’infrastructure sur lesquels sera ancrée une imposante plaque de béton qui viendra soutenir l’ensemble de la fondation de l’édicule. Celui-ci sera accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à l’installation d’un ascenseur. Comme l’infrastructure de la passerelle et celle de la société de transport seront indépendantes l’une de l’autre, elles n’entreront pas en contact s’il y a un séisme. « Pour éviter que les mouvements latéraux des pieux de la passerelle viennent impacter le tunnel lors d’un tremblement de terre, par exemple, nous avons fait un double chemisage », souligne Didier Heckel.
Ces enjeux seront relevés grâce à toute une équipe de professionnels dévouée à la construction de la passerelle, qui comprend notamment l’entrepreneur général Magil et Tisseur, Sid Lee Architecture, la firme d’ingénierie gbi et la firme de génie-conseil Bouthilette Parizeau.
Peu de perturbation routière
En plus des défis techniques complexes, les travailleurs de la construction doivent évoluer dans un secteur où la circulation est très dense. « La structure traverse l’une des autoroutes les plus achalandées au Canada », note le directeur principal du développement résidentiel. Des pochettes de travail ont été créées au milieu de l’autoroute afin de permettre aux travailleurs d’oeuvrer à toute heure de la journée. Des voies ont été déviées aux extrémités de l’autoroute sur les terrains appartenant à Carbonleo, ce qui a permis de ne pas fermer une seule voie.
« Si les travaux avaient été effectués seulement de nuit, il aurait fallu des années avant de terminer la passerelle. Avec les pochettes de travail, on ne perturbe pas la circulation », observe Didier Heckel. Des fermetures de l’autoroute sont toutefois prévues la nuit lorsque les segments de la passerelle devront être installés.
Bien qu’il ait été seulement financé par Carbonleo, ce projet n’aurait jamais pu voir le jour sans la collaboration du ministère des Transports et de la Mobilité durable, de la Ville de Montréal et de la Société de transport de Montréal, indique le représentant du promoteur immobilier.
Favoriser le transport en commun
Une fois terminée dans les environs de juillet 2024, la passerelle favorisera le déplacement piétonnier vers le mail ainsi que l’utilisation des transports en commun, tant par les lignes de métro que par les services d’autobus. En effet, la présence de cette infrastructure augmentera le nombre d’utilisateurs de la station de métro De la Savane, l’une des moins achalandées de la métropole. De plus, cette passerelle encouragera les citoyens à utiliser les autobus qui sont nombreux à s’arrêter à cette station de métro. Au final, ce projet diminuera le nombre de voitures sur les routes, affirme Didier Heckel, qui espère que la passerelle serve d’exemple à suivre en matière d’infrastructure favorisant l’utilisation du transport en commun. Cette passerelle est l’un des éléments qui permettront au futur quartier Royalmount de devenir, selon Carbonleo, l’un des seuls projets à usage mixte 100 % carboneutre.
Un projet carboneutre
Le mégaprojet Royalmount, qui comprendra plus de 170 commerces, incluant 60 restaurants et lieux de divertissement, parviendra à cette carboneutralité grâce à sa « boucle d’énergie » propulsée par l’hydroélectricité et par son système de géothermie.
Un autre élément assurera la réduction de l’empreinte carbone : la récupération des eaux pluviales. Cela permettra une réduction de 86 % du déversement de ces eaux dans le réseau d’aqueduc municipal. De plus, le quartier, qui arborera une forêt urbaine et de la végétation verticale, comptera 20 % plus d’espaces verts que les quartiers environnants. En mettant en place ces différentes mesures, Carbonleo espère décrocher la certification LEED Or. « Nous parviendrons à cette carboneutralité aussi grâce aux choix des sous-traitants et aux choix des matériaux, à leur récupération et leur réutilisation », fait valoir Didier Heckel.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2023. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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