Elles et ils se nomment Mouna Ben Mhamed, Fatma Hosni, Stéphanie Felicite, Martial Youadjeu Tchamakam, Abdellah Bouakra et Babacar Fall. Six jeunes qui ont participé à CEGQ EN ACTION, programme de stages rémunérés Connexion compétences qu’offrait cette année la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec avec l’appui financier de Service Canada. Une première dans l’industrie de la construction à laquelle ont pris part Les Constructions Lavacon, Devlor, Groupe Geyser et Pomerleau, ainsi qu’une agence de voyages, Cartago.
Le programme Connexion compétences
Mis de l’avant dans le cadre de la Stratégie emploi jeunesse, à laquelle adhèrent 11 ministères et organismes fédéraux, Connexion compétences est un programme qui fournit, à l’échelle locale, du financement à des employeurs et à des organismes pour qu’ils offrent des activités admissibles à des jeunes faisant face à des obstacles à l'emploi.
Dans le cas de CEGQ EN ACTION, le programme visait plus particulièrement à aider de jeunes immigrants récents de l’arrondissement Rosemont – La Petite-Patrie à Montréal à acquérir des connaissances, des compétences et une expérience de travail leur permettant de prendre part à la vie active.
« C’est vraiment pour des jeunes. Une personne qui n’avait pas entre 16 et 30 ans ne pouvait pas participer au projet », explique Caroline Rousseau, ex-directrice générale de la CEGQ, qui a instauré et piloté le projet.
Les six candidats retenus possédaient déjà une formation universitaire de premier ou de deuxième cycle en ingénierie ou en architecture. Cinq candidats sur six ont obtenu un stage chez un entrepreneur général, soit à titre de gérant adjoint de projet, d’estimateur ou de responsable adjoint de chantier.
Profils des participants
Les jeunes candidats et candidates devaient avoir leur statut de résident permanent ou de citoyen canadien et devaient être membres d’une minorité visible. Ils et elles avaient entre autres problématiques celle d’avoir peu ou pas d’expérience de travail au Canada.
Ils devaient en premier lieu suivre une formation de trois semaines. Bonifiée d’une allocation et de rencontres individuelles, elle visait à permettre à la CEGQ et à son partenaire, Opération placement jeunesse (OPJ), de bien connaître les jeunes afin de mieux les outiller et de les aider durant leurs démarches de recherche d’emploi (rédaction de CV, normes du travail, comment mettre en valeur ses atouts et savoir se présenter, etc.). L’OPJ, qui œuvre, depuis 1982, à l’intégration sociale et professionnelle de jeunes de 16 à 30 ans, participait également au suivi en entreprise visant à faciliter le maintien en emploi.
Pour prendre part au programme, les entreprises devaient quant à elles être à la recherche de main-d’œuvre et prévoir le temps nécessaire pour bien former et encadrer les stagiaires. Elles devaient s’engager pour une durée de 12 semaines minimum à 21 semaines maximum, à raison de 30 à 35 heures par semaine — 20 semaines dans le cas de CEGQ EN ACTION. En contrepartie, une subvention de 210 $ par semaine et par jeune leur était versée.
Des avantages
Les retombées positives sont nombreuses, notamment celle de contribuer à l’économie locale.
En plus d’obtenir une subvention, les entreprises participantes avaient accès à une banque de travailleurs d’appoint motivés à travailler, à un service-conseil pour le suivi en cours de stage et l’occasion d’entrer en réseau avec divers acteurs économiques locaux.
L’expérience donne aux jeunes l’occasion de gagner en autonomie, en fierté et en confiance, de sortir de l’isolement et de conditions économiques souvent difficiles, d’acquérir de bonnes habitudes de vie, d’apprendre à mieux gérer leurs émotions et d’avoir des outils leur permettant de nourrir des aspirations.
Concluant
« Pour nous, c’est un succès », se réjouit Caroline Rousseau.
« Ce projet répond aux besoins des jeunes et des employeurs. C’est une valeur ajoutée énorme pour l’industrie, puisque ces jeunes ont maintenant des outils pour chercher et maintenir un emploi. Plutôt que de dépendre du gouvernement, ceux-ci font maintenant partie intégrante de l’économie locale », peut-on lire dans son rapport.
Quant au suivi en emploi régulier tout au long de la démarche qu’offre le projet CEGQ EN ACTION, il est unique dans le domaine de la construction. Il est en outre l’un des atouts majeurs qui expliquent le succès du projet, mentionne-t-on également.
Une première, donc, qui ne sera pas une dernière, espère Caroline Rousseau et confirme Luc Martin, vice-président exécutif de la CEGQ, à qui le flambeau a été remis.
« Ç'a été bien vécu par les entrepreneurs. Numéro un ! Ça devrait se solder par des emplois. Ça augure très très bien. Les jeunes ont pris de l’assurance et les entrepreneurs une confiance, indique-t-il. Le programme tire à sa fin. Donc, on va regarder pour possiblement en demander un autre. C’est un beau succès. »
Le conseil d’administration de la corporation est en train d’étudier diverses avenues, dont celle d’offrir le programme cette fois dans différentes régions du Québec.
Quoi qu’il en soit, que cette première expérience se solde par des embauches ou non, tous en sortent de toute façon gagnants, souligne Luc Martin. « Au niveau des préjugés, pour les uns, sur le plan de l’adaptation, de l’intégration et d’une plus grande assurance, pour les autres. Parce qu’il y a des barrières qu’il faut vraiment faire tomber. De part et d’autre. »