Grand Paris Express : la mobilité en banlieue parisienne

30 septembre 2022
Par Isabelle Leclerc

Un chantier d’envergure anime la région parisienne depuis quelques années : le Grand Paris Express, un projet de 36 milliards d’euros géré par la Société du Grand Paris qui permettra de prolonger le métro en rocade de Paris sur 200 kilomètres.

Né de la fusion de deux projets de mobilité, l’un porté par l’État, l’autre par la Région Île-de-France, le Grand Paris Express bonifiera le réseau de transport public en reliant les principaux lieux de vie et d’activité en banlieue parisienne sans passer par la capitale.

 

Le projet est composé de quatre nouvelles lignes de métro (15, 16, 17 et 18) auxquelles s’ajoutera le prolongement de la ligne 14 au nord et au sud, permettant notamment de relier Paris à l’aéroport d’Orly.

 

Des travaux de longue haleine

Les premiers travaux de génie civil du Grand Paris Express ont démarré en juin 2016 sur le tronçon sud de la ligne 15. Des travaux préparatoires aux essais, en passant par la construction et l’aménagement des gares, plusieurs étapes sont nécessaires à la réalisation des différentes lignes du réseau qui seront mises en service progressivement entre 2024 et 2030.

 

La préparation

C’est à la suite de nombreuses évaluations environnementales, analyses des sols traversés, procédures règlementaires et acquisitions foncières que les travaux sur le terrain ont pu commencer pour chacune des lignes du Grand Paris Express. La construction du nouveau réseau a tout d’abord nécessité de libérer des kilomètres d’espaces. Selon les sites, le travail consistait en le déplacement des réseaux enterrés (eau, électricité, gaz, etc.), la démolition de bâtiments ou encore les diagnostics archéologiques.

 

Les chantiers

Aux travaux préliminaires succèdent les chantiers de génie civil à proprement parler qui comprennent la construction des 68 gares, des ouvrages de service, des viaducs, des 6 centres d’exploitation, et bien entendu des tunnels. Les 200 km de rails du Grand Paris Express étant à 90 % souterrains, plus de 30 tunneliers seront nécessaires à leur construction, creusant à une vitesse de 10 m à 12 m par jour.

 

Ces équipements colossaux d’environ 100 m de long par 10 m de large sont introduits dans le sous-sol à une profondeur variant de 15 m à 55 m depuis un puits d’entrée. Des parois en béton (parois moulées) sont d’abord construites pour former le pourtour du puits. Le volume intérieur est ensuite creusé et de grands tubes métalliques (butons) sont installés pour soutenir les parois. Le tunnelier est ensuite assemblé pièce par pièce. Dans la mesure du possible, ces puits sont construits à l’emplacement du futur ouvrage de service afin de mutualiser les installations du chantier et de limiter le nombre de sites de travaux.

 

Les gares

Une trentaine de firmes d’architecture participent au projet du Grand Paris Express. Chacune des 68 gares sera dotée d’une architecture unique afin de s’intégrer à son environnement et abritera, selon les besoins du milieu, commerces, services et espaces collaboratifs. Ces lieux animés et ouverts sur la ville partageront toutefois des ambitions communes en matière de durabilité, de confort et d’écoconception conformément aux exigences des référentiels HQE, BREAM ou LEED : sols résistants, matériaux nobles, lumière naturelle, optimisation des volumes et de la matière, économies d’énergie...  

 

Une gestion responsable des déblais

La Société du Grand Paris estime que les travaux du Grand Paris Express généreront quelque 47 millions de tonnes de déblais d’ici à 2030. Elle a donc mis en place des actions pour réduire les effets de ses chantiers sur l’environnement, notamment par une gestion proactive des déblais privilégiant l’économie circulaire. En 2012, la Société s’est d’ailleurs engagée à valoriser 70 % de ses terres excavées.

 

À ce jour* ce sont 49,4 % des terres excavées pour la construction du Grand Paris Express qui ont été valorisées, un pourcentage qui augmente d’année en année. L’aménagement de projets publics ou privés représente 25 % des déblais remis en circulation, le réaménagement de carrière 20,4 %, le recyclage (vers des cimenteries ou des plâteries) 2,3 % et le réemploi sur le site du Grand Paris Express, limité dans un contexte de densité urbaine, 1,7 %.

 

La Société du Grand Paris lance régulièrement des appels à projets pour trouver des partenaires en mesure de développer ou de faire émerger de nouvelles filières de valorisation des déblais.  De nouveaux dispositifs contractuels ont également été intégrés pour favoriser la circularité des ressources. Par exemple, les lots de conception-réalisation des lignes 15 Est et 15 Ouest comprennent une exigence de valorisation globale des déblais entre 75 % et 85 %.

 

Des matériaux bas carbone

La Société du Grand Paris a pris l’engagement, il y a quelques mois, de diminuer d’au moins 25 % ses émissions de gaz à effet de serre liées à la construction du nouveau métro. Les principales sources d’émissions de CO2 du projet? Le béton et l’acier.

 

Pour réduire les impacts négatifs de l’utilisation du béton, la Société du Grand Paris a incité les maitres d’œuvre et les entreprises à se lancer dans le béton bas - voire ultra bas - carbone et le béton fibré pour la fabrication des voussoirs.  Un appel entendu puisque 90 % des bétons utilisés sur les chantiers du nouveau métro étaient bas carbone à la fin de l’année 2021. Un béton ultra bas carbone (générant 70 % moins d’émissions de carbone par rapport à un béton traditionnel) est par ailleurs en cours d’expérimentation sur la ligne 18.

 

La Société du Grand Paris a également encouragé la production de rails faits à partir d’acier recyclé. C’est le cas des premiers rails de la ligne 16, conçus par l’aciériste Saarstahl Ascoval et le laminoir à rail Saarstahl Rail. Composée de vieux rails ou de carcasses d’automobiles, la ferraille recyclée est fondue dans un four à arc électrique, un procédé plus couteux, mais qui génère 60 à 90% de CO2 en moins. Pour encourager les entreprises dans la voie de l’économie circulaire, la Société du Grand Paris s’est donc engagée à verser 100 € pour chaque tonne de CO2 économisé.

 

Un projet aux retombées multiples

L’aspect environnemental du Grand Paris Express est évidemment indéniable. Représentant une véritable alternative à la voiture sur certains trajets, le nouveau métro encouragera la mobilité active et collective, participera à réduire les embouteillages et la pollution. On estime que de deux à trois millions de voyageurs devraient circuler quotidiennement sur l’intégralité du nouveau réseau.

 

Des retombées sociales et économiques sont aussi attendues du projet. En effet, le nouveau réseau viendra désenclaver des villes et rapprochera les habitants de l’emploi, de l’offre de formation, de l’enseignement, des équipements de santé et des lieux culturels et de loisirs. De plus, sa réalisation sera accompagnée d’aménagement de milieux mixtes autour des gares, mêlant logements, bureaux, commerces, services, espaces publics et espaces verts. La mise en service du Grand Paris Express devrait par ailleurs générer quelque 115 000 emplois.

 

Source : Société du Grand Paris