Nouveau complexe hospitalier de Baie-Saint-Paul : conçu pour défier les tremblements de terre

4 novembre 2021
Par Aurélie Beaupré

Le nouveau complexe hospitalier de Baie-Saint-Paul se démarque par son architecture audacieuse rappelant les paysages de la région de Charlevoix. Ce sont cependant ses caractéristiques parasismiques qui lui ont valu de remporter les honneurs dans la catégorie Bâtiment Structure lors de la 19e édition des Grands Prix du génie-conseil québécois.

Le projet du nouveau complexe hospitalier a été réalisé en mode conception-construction sur une superficie totalisant 34 750 mètres carrés. Des constats de manquements aux normes sismiques de l’ancien hôpital, maintenant démoli, ont motivé la construction de ce nouvel édifice. De type hybride, celui-ci possède une charpente mixte de béton et d’acier en raison des avantages techniques et architecturaux de ce type de formule, marquant un tournant dans le domaine hospitalier, qui privilégie habituellement les structures entièrement faites de béton. Le bâtiment comprend une salle d’urgence, un bloc opératoire, des cliniques externes, une unité de réadaptation et de santé mentale, un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), une centrale thermique et d’autres services auxiliaires. Un nouveau stationnement de 432 places et des voies de circulation réservées ont aussi été aménagés aux abords de l’hôpital.

 

Ce projet d’envergure, dont les travaux auront couté 245 millions de dollars, se démarque par ses caractéristiques parasismiques, mais aussi par sa conception qui aura permis une économie de temps, d’argent, en plus de lui conférer des caractéristiques environnementales intéressantes.

 

Un enjeu sismique majeur

Le terrain choisi pour l’implantation du nouveau complexe hospitalier n’était pas optimal en termes de génie géotechnique et de sismologie. En effet, la zone sismique sur laquelle se trouve la région de Charlevoix est la plus importante dans l’est de l’Amérique du Nord et compte parmi les plus actives au Canada. Une conception parasismique des plus rigoureuses a ainsi été nécessaire lors de la réalisation de ce projet.

 

Le potentiel de liquéfaction du site a donc été éliminé en améliorant les sols à l’aide d’une solution hybride combi nant la compaction dynamique, en ce qui concerne les profondeurs de traitement les moins importantes, et le vibroremplacement pour le reste du terrain. L’agencement de ces deux techniques a par conséquent permis d’optimiser les couts ainsi que les échéanciers de construction.

 

Le complexe hospitalier comprend une salle d’urgence,  un bloc opératoire, des cliniques externes, une unité de réadaptation et de santé mentale, un CHSLD, une centrale thermique  et d’autres services auxiliaires. Crédit: CIUSSS de la Capitale-Nationale

 

La structure hybride du bâtiment est aussi, en partie, motivée par les caractérisations du terrain sur lequel se trouve ce dernier. Une charpente mixte d’acier et de béton a ainsi été privilégiée pour minimiser le poids de la structure. Celleci, faite de charpente d’acier, repose sur une fondation de radier en béton conçu en mode d’analyse d’interaction sol-structure afin d’en assurer l’efficience en zone sismique. L’épaisseur non commune des dépôts meubles sur le site a d’ailleurs ajouté à la complexité du dimensionnement du radier principal, l’obtention d’une distribution acceptable des charges dans les sols compressibles sous-jacents au site étant nécessaire.

 

Des économies de ressources et d’énergie

Le choix d’une charpente mixte et la configuration des blocs structuraux ont permis une rationalisation des matériaux et des efforts de construction. L’épaisseur du radier a elle aussi été optimisée, tout en respectant toutes les exigences normatives nécessaires. Ce travail d’analyse technique a ainsi permis un important gain sur l’échéancier et des économies majeures au chantier. Les différentes options choisies pour la réalisation du projet ont de ce fait laissé place à des économies d’environ 131 millions de dollars, tout en condensant l’échéancier des travaux. Ces éléments ont aussi permis de diminuer l’empreinte environnementale du projet, en plus des mesures de développement durable mises en oeuvre.

 

Près de 58 pour cent (%) des matériaux ayant servi à la construction des bâtiments proviennent, par exemple, de la région de Charlevoix, tandis que 27 % de ces matériaux sont faits de matières recyclées. Un effort quant à la réutilisation des matériaux d’excavation de masse des sols dans l’emprise du bâtiment principal a aussi permis de minimiser l’emploi de matériaux d’emprunt pour les stationnements et les infrastructures connexes. L’enveloppe des bâtiments, pour sa part, a été conçue afin d’atteindre les niveaux de pérennité exigés par le crédit « bâtiment durable ». Ce crédit comprend une mise en service complète de l’enveloppe appuyée sur la revue de critères de conception et d’essais en laboratoire sur des échantillons d’ouvrage.

 

La superficie de l’espace végétalisé du site, quant à elle, excède les exigences de zonage de 132 %. L’aménagement extérieur comprend d’ailleurs des aménagements écologiques favorisant l’accessibilité universelle et incitant au transport actif. Le projet a ainsi obtenu la certification LEED dans la catégorie « nouvelle construction ».

 

Malgré les défis techniques relatifs aux propriétés sismiques du terrain où se trouve ce projet de construction, plusieurs mesures ont été mises en branle afin de permettre des économies en temps, en argent et en ressources. Une démarche sans doute fort appréciée par la Société québécoise des infrastructures (SQI) et par la population desservie par ce tout nouveau complexe hospitalier.