Quels sont les pays inclusifs pour les femmes dans le domaine de l’immobilier? Notre collaboratrice Layla Khademi a publié un article fort intéressant dans le MIPIM Blogue du 6 décembre dernier. Cette publication dresse un portrait de la situation dans certaines économies mondiales clés. Nous partageons avec plaisir quelques extraits de ce texte pour le bénéfice des lectrices et lecteurs du portail Constructo.
L’industrie de l’immobilier commercial est historiquement dominée par les hommes, étant par ailleurs un des secteurs les plus lents à implanter la parité hommes-femmes. Aux États-Unis, les hommes représentent 65 % de l’effectif de l’immobilier commercial, et cet écart est comparable à celui d’autres pays. Mais une étude, parue en mars 2019 sur le blogue de Cushman Wakefield, affirme qu’augmenter la présence féminine aurait de grands avantages pour plusieurs pays en retard dans l’implantation de la parité. Cette étude avance même que l’économie de Singapour pourrait s’accroître de 26 milliards avec cette parité. Qu’en est-il des autres économies du globe?*
Au Canada
Les femmes représentent 37 % de l’effectif total de la communauté immobilière commerciale. Bien que les femmes aient atteint une plus grande parité dans des postes comme la gestion des biens et des actifs, elles occupent peu le rôle de leadership. Osler a publié en 2017 un rapport* sur les femmes occupant des postes de direction dans les entreprises cotées au TSX au Canada. Les résultats dénotent que dans le domaine immobilier, seules 16 % des femmes occupent un poste d’administrateur, tandis que 24 % deviennent cadres supérieurs. Ces données de représentativités féminines sont beaucoup plus faibles en comparaison avec les résultats d’autres industries.*
En Chine
La structure politique chinoise crée un contexte un peu plus paritaire pour le secteur de l’immobilier. Lors d’un panel annuel tenu à l’Université Xi’an Jiaotong-Liverpool*, des gestionnaires féminines d’entreprises chinoises et internationales ont témoigné que le système communiste et socialiste n’entraîne aucun écart salarial et aucune discrimination des femmes dans la pratique. Les participants à l’événement ont été étonnés d’apprendre que ce n’était pas le cas dans les pays occidentaux.
À Singapour
Paige Mueller, directrice générale chez Eigen10 Advisors, affirme qu’il y a beaucoup de femmes dans la communauté immobilière à Singapour, mais « plus on se rapproche du contrôle des finances, moins il y a de femmes. » De façon générale, les femmes travaillent dans la gestion des biens et des actifs, mais elles sont absentes dans la gestion des fonds d’investissements, le courtage pour de grands projets et le capital de risque. La maternité est aussi un facteur important affectant l’atteinte des postes de direction.
Les Émirats arables unis
Les politiques pro-entreprises et pro-entrepreneurs émiraties ont favorisé la présence des femmes dans le domaine de l’immobilier, mais les préjugés envers les femmes en poste de direction sont importants. Selon la cofondatrice de Driven Holiday Homes, madame Meziane El Otmani, « il faut des personnalités fortes pour réussir, et en tant que femme musulmane, il faut faire face à des préjugés importants. » Mais depuis les cinq dernières années, les efforts déployés par le gouvernement et le leadership des femmes dans le secteur privé créent un nouveau visage des femmes au Moyen-Orient. En novembre dernier, 9 des 29 ministres du gouvernement des Émirats arables unis étaient des femmes.
Le Royaume-Uni
Le gouvernement du Royaume-Uni a effectué une analyse en 2018 sur l’écart de rémunération entre les sexes. Il fut constaté que l’écart salarial dans le secteur de l’immobilier commercial est presque deux fois plus important que la moyenne nationale. Au Royaume-Uni, les femmes dans ce secteur ont un écart salarial de 27 %, tandis que l’écart moyen est de 14 %. La principale raison invoquée pour expliquer l’écart salarial entre les sexes dans l’industrie immobilière commerciale au Royaume-Uni serait une plus forte concentration d’hommes dans des postes de haute direction.
Aux États-Unis
Le secteur de l’immobilier commercial aux États-Unis est fortement masculin. Les femmes représentent 35 % de l’effectif, dont un écart salarial moyen de 115 000 $ US contrairement à celui des hommes qui est de 150 000 $ US. Dans une étude réalisée par CREW en 2015*, on démontre aussi que l’écart d’aspiration entre les sexes est aussi important. 40 % des hommes aspirent à accéder à des postes de gestionnaires de haut niveau, alors que seulement 20 % des femmes le désirent. Les femmes envisagent plutôt de devenir partenaires d’affaires.
Au Brésil
Historiquement, l’immobilier commercial n’est pas une industrie appréciée, en raison d’obstacles à l’éducation et à la facilité d’accès à cette industrie. La formation en immobilier est assez élémentaire, et les professionnels de l’industrie sont plutôt discrets sur leurs revenus. Enfin, l’économie paritaire n’y est pas développée.
Conclusion
Les femmes du monde ont encore beaucoup d’efforts à déployer pour atteindre la parité dans le secteur de l’immobilier commercial, même si des progrès sont visibles. Pour réussir en immobilier, les femmes doivent identifier des parrains, des mentors et des conseillers reconnus, qu’ils soient hommes ou femmes, et ceux-ci les aideront à atteindre leur objectif de carrière tout en changeant le monde de l’immobilier, une action à la fois.