Savoir planifier la relève est l’une des plus importantes qualités d’un entrepreneur. Celui-ci doit être en mesure de reconnaître les besoins de son entreprise avant que les circonstances ne l’obligent à agir. Cela est encore plus vrai dans l’industrie de la construction, où le taux de roulement est élevé.
La première étape est d’identifier qui risque de partir (retraite, avancement ou autre raison), puis de déterminer si d’autres employés possèdent les compétences pour combler ces éventuels départs. Ce diagnostic aura ensuite un impact sur le plan de formation de l’entreprise. Cela permet d’identifier les besoins de relève et s’il y a des risques critiques à gérer.
Tout le monde est conscient que la formation est au cœur de l’amélioration continue dans l’industrie de la construction. Par contre, il n’est pas toujours facile de passer de la parole aux actes, surtout quand on gère une petite équipe ! Presque tous les employeurs sont confrontés à cette réalité, puisque 85 % des entreprises de la construction comptent cinq salariés ou moins.
Qu’est-ce qu’un plan de relève ?
Un plan de relève, ce n’est pas seulement un plan à long terme pour s’assurer d’avoir une relève en gestion, c’est aussi un plan de match qui permettra à l’entreprise de faire face aux besoins opérationnels et ponctuels de production.
Isabelle Leclaire, conseillère en formation pour la CCQ, donne l’exemple d’un projet complexe qui exigeait un type de coffrage particulier. « Il a fallu former plus de 30 personnes, qui devaient être embauchées pendant les travaux. » Dans ce cas-ci, l’entrepreneur a préparé la relève en formant une équipe capable de s’intégrer rapidement au projet.
Il est également intéressant d’avoir plusieurs salariés capables d’exécuter différentes tâches au sein d’une même équipe de travail. Cette polyvalence favorise la stabilité puisque certains employés pourront grimper les échelons et devenir contremaîtres à moyen terme. L’employé doit bien sûr remplir les conditions nécessaires de l’emploi, notamment avoir accumulé le nombre d’heures de travail requis dans un domaine défini.
Ensuite, si cet employé semble avoir du potentiel, on peut l’inciter à suivre des formations qui ne concernent pas seulement les tâches de son métier, comme la gestion de personnel, l’administration, la commercialisation, etc. À ce moment, il est aussi pertinent de sortir cette personne de sa zone de confort « à petites doses », par exemple, en lui demandant de participer à des rencontres avec des clients.
L’industrie de la construction a toujours été sensible à la problématique de la relève et elle a su miser sur des pratiques qui ont fait leurs preuves comme le système de compagnonnage qui permet un mentorat sur le chantier.
La formation, une roue de secours
Il arrive par ailleurs que même les travailleurs d’expérience aient oublié comment faire les choses… Et dans ces cas extrêmes, seule une formation permet de s’en sortir.
Patrick Dubeau, conseiller en formation pour la CCQ, donne l’exemple du terrazzo, une matière qui était très utilisée à un certain moment, qui a ensuite été délaissée dans l’industrie, mais qui connaît un regain de popularité.
«Il nous a fallu quatre mois pour faire un plan de formation qui tient la route. Nous avons dû faire beaucoup de recherche sur les façons de faire, sur les compétences visées et sur les équipements à utiliser », explique le conseiller.
Résultat : une nouvelle relève a été formée pour un matériau qui revient à la mode !
Que faut-il retenir de tout cela ? L’entreprise qui investit dans le perfectionnement d’un employé ne doit pas craindre de le perdre. La formation profite à tous. On pourrait même aller plus loin : former un employé, c’est assurer la relève dans l’ensemble de l’industrie.