« Light is a unifying symbol that signifies wisdom and excites the imagination across the world » - Ban Ki-moon, sécrétaire général de l’ONU
Proclamée année internationale de la lumière par l'Assemblée générale des Nations Unies, 2015 aura entre autres été témoin du 6eDaylight Symposium, une biennale parrainée par la compagnie Velux depuis maintenant 10 ans. Au cours des années, l’événement aura permis à des centaines de professionnels issus de divers champs d’expertise, et n'ayant que très peu d’opportunités de se rencontrer, d’échanger sur le thème de l’éclairage de qualité.
À la suite du premier Daylight Symposium tenu en 2005 à Budapest, si plusieurs reconnaissaient que chercheurs, concepteurs et utilisateurs de bâtiments n’étaient pas nécessairement sur la même longueur d’onde en ce qui a trait aux approches et stratégies à préconiser pour intégrer l’éclairage en architecture, force est d’admettre que le temps a bien fait les choses. En effet, les 2 et 3 septembre derniers, c'est sous le thème de Daylight as a driver of change que la biennale 2015 de Londres affirmait la maturité de la communauté en éclairage.
Voici un bref aperçu des thématiques qui étaient à l’honneur lors de cette réunion à laquelle la crème de la crème dans le domaine s’était donné rendez-vous[1].
Effets non visuels
Bonifier l’utilisation de la lumière naturelle dans les environnements de travail demeure un enjeu d’actualité et le sera encore pour plusieurs années à venir, à la fois pour permettre de rationaliser la consommation énergétique et d’accroître le bien-être des occupants. Pour assurer la santé et le confort de ces derniers, un contact régulier avec la lumière du jour et son cycle quotidien de 24 heures s’avère essentiel. Bien que la quantité et la durée optimale d’exposition à la lumière demeurent à valider, la recherche progresse.
Des travaux, tels que ceux menés par Alessia Pedace, étudiante au doctorat en ingénierie de l’éclairage à l’Université de Palermo en Italie, permettent de repousser lentement mais sûrement les limites des connaissances relatives aux effets non visuels de la lumière sur le corps humain. En analysant les niveaux d’éclairement atteignant l’œil de sujets occupant des bureaux, Alessia parvient, à l’aide d’une méthodologie à la fine pointe de la technologie, à quantifier le niveau d’activation des photopigments sur la rétine. Ultimement, les environnements bâtis pourront donc, en plus d’être caractérisés selon leurs propriétés visuelles (niveaux d’éclairement et risque d'éblouissement, etc.), être évalués en fonction de leur « potentiel » non visuel.
Lumière en milieu scolaire
Si la présence de lumière naturelle en milieu de travail est plus que souhaitable, Stina Holm Jensen, une architecte basée à Oslo en Norvège, rappelle l’obligation d’intégrer efficacement l’éclairage naturel dans les environnements éducatifs. Tel qu’elle le mentionne, les bienfaits d’un éclairage naturel sur les capacités d’apprentissage des élèves sont nombreux. À première vue, l’importance d’offrir aux enfants des milieux scolaires de première qualité peut sembler d’une évidence déconcertante.
Ceci dit, collectivement, beaucoup de chemin reste à faire à ce sujet, le cas de l’école primaire Saint-Gérard à Montréal illustrant bien l’étendue du défi qui nous attend. Rappelons que ce projet se verra finalement amputé de ses principales caractéristiques dites durables, dont un atrium lumineux, résultat d’un manque de vision des autorités en place.
Normes et ambitions
En parallèle aux recherches fondamentales en éclairage, Paul Rogers, architecte suédois, mentionne que l’un des principaux défis de la communauté en éclairage demeure d’acquérir le support et la confiance de l’industrie de la construction. Selon lui, ceux qui souhaitent imposer des standards et des méthodes plus complètes (et par le fait même plus complexes) pour valider les performances d’un projet en termes d’éclairage auront avantage à prendre leur mal en patience, pour le moment du moins. Brusquer une industrie qui ne possède pas tous les outils et les connaissances nécessaires à une bonne intégration de l’éclairage risque plus de nuire que d’aider.
Dans un premier temps, Paul Rogers invite plutôt les spécialistes en éclairage à poursuivre le travail de collaboration avec les divers intervenants afin que tous s’alignent sur les mêmes objectifs. Bref, c’est en faisant de l’intégration de l’éclairage un défi commun et en progressant à un rythme adapté à tous qu’il sera possible de maximiser le confort, voire le succès, des bâtiments de demain.
L’auteur est chargé de projet chez Coarchitecture, spécialiste en stratégie d’occupation et en confort visuel au sein des environnements de travail ainsi que bénévole pour la Section du Québec du CBDCa.
[1] Les présentations des conférenciers peuvent être visionnées en ligne sur le site officiel du Daylight Symposium : http://thedaylightsite.com/symposium/2015-2/presentations/