Le Canada à Paris : La fin de l’âge de pierre ?

2 décembre 2015
François Cantin, M. Sc. Arch.

Du 30 novembre au 11 décembre, la France accueille et préside la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21). 

Du 30 novembre au 11 décembre prochains, la France accueillera et présidera la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21)[1]. Les attentes sont élevées en ce qui a trait à la participation du Canada à cette rencontre internationale de haut niveau.

 

Nouvellement élu premier ministre, Justin Trudeau affirmait il y a quelques jours que « les années où le Canada était un acteur moins enthousiaste pour combattre les changements climatiques sont derrière nous ». Rappelons que sous le gouvernement Harper, le Canada s'était retiré du protocole de Kyoto. Même si le Canada ne sera vraisemblablement pas en mesure de respecter les engagements pris en 2009 à Copenhague, alors qu'il visait une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 17 % d'ici 2020, il n'est jamais trop tard pour rectifier le tir et collaborer afin d'améliorer le sort de notre planète.

 

Rendez-vous historique, la Conférence de Paris se veut le point culminant de plusieurs années d'efforts soutenus de la part de la communauté internationale en lien avec le réchauffement climatique. Afin de bien comprendre les enjeux qui lui sont associés, voici un bref historique des évènements qui l'ont précédée.

 

Lentement mais sûrement

Le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 a constitué une étape décisive dans les négociations climatiques internationales. À ce moment, la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques reconnaissait officiellement l’existence du dérèglement climatique et la responsabilité humaine dans ce phénomène. Tous s'entendaient alors sur l'importance de stabiliser les concentrations atmosphériques de GES afin d'éviter toute perturbation humaine du système climatique.

 

En 1997, l’adoption du protocole de Kyoto fixait pour la première fois aux pays développés des engagements chiffrés de réduction des émissions de GES. Entré en vigueur en 2005, le protocole devait couvrir la période 2008-2012. Une vision à plus long terme étant nécessaire, un plan adopté à Bali en 2007 établissait un calendrier de négociations pour un nouvel accord devant prendre le relais du protocole de Kyoto au plus tard en décembre 2009.

 

Si la rencontre de Copenhague en 2009 n’a pas conduit à l’adoption de ce nouvel accord, elle a tout de même permis de valider l’objectif commun de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2 °C. Concrètement, les pays développés s'étaient aussi engagés à mobiliser 100 milliards $ par année d’ici 2020 afin d'appuyer les pays en développement face aux dérèglements climatiques.

 

La volonté d’agir collectivement s’est ensuite traduite par la création, en 2011, de la plateforme de Durban. Celle-ci avait pour mission de rassembler tous les pays autour de la table afin de travailler à un « protocole » à adopter d'ici la fin de 2015 et à le mettre en œuvre à partir de 2020. Échéance cruciale ! Après les conférences préparatoires de Varsovie (2013) et de Lima (2014), et plus de 20 ans après le sommet de la Terre, nous voici donc à Paris...

 

Limiter à 2 °C 

Tel que convenu à Copenhague, l'enjeu majeur demeure de limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2 °C. Rappelons qu'un réchauffement supérieur à 2 °C entraînerait des conséquences graves, telle la multiplication des événements climatiques extrêmes. Pour atteindre cet objectif, les experts climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estiment que les émissions mondiales de GES doivent être réduites de 40 % à 70 % d’ici à 2050 et que la neutralité carbone (zéro émission) doit être atteinte au plus tard à la fin du siècle. Un objectif pour le moins ambitieux ! Espérons que les libéraux seront proactifs dans ce dossier et qu'ils feront preuve de vision à très long terme.

 

Tourné vers l’avenir

Une bonne nouvelle c’est bien, mais deux c’est mieux. En plus de la confirmation de la participation active du Canada à la Conférence de Paris, nous apprenions aussi, le 6 novembre dernier, que les scientifiques canadiens étaient de nouveau autorisés à parler librement aux médias[2]. Peu importe l’allégeance politique de chacun, tous devraient se réjouir de ce changement de direction adopté par le nouveau gouvernement. Il importe de regarder en avant tout en se donnant les moyens de pouvoir se concentrer sur l’avenir sans retenue, ni contrainte. En aucun cas la politique ne devrait avoir autorité sur la recherche scientifique et ceux qui la pratiquent. En espérant que nous ne l’oublierons plus jamais...

 

L’auteur est chargé de projet chez Coarchitecture, spécialiste en stratégie d’occupation et en confort visuel au sein des environnements de travail ainsi que bénévole pour la Section du Québec du CBDCa.

 


[1] Pour plus de détails: http://www.cop21.gouv.fr/

[2] http://ici.radio-canada.ca


Cet article est paru dans l’édition du jeudi 12 novembre 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !