16 septembre 2015
Par Marie Gagnon

La construction d’un mur antibruit, à Québec, donne lieu à une approche innovante et durable.

Pendant plus de 20 ans, les résidents de l’avenue Trudelle, une artère parallèle à l’autoroute Laurentienne à Québec, ont réclamé à leurs élus une solution pour contrer le bruit émanant de la circulation véhiculaire sur cette infrastructure névralgique de la Capitale- Nationale.

 

Fin 2013, leur voix est enfin entendue. La Ville de Québec lance en effet un appel d’offres pour la construction d’un mur antibruit le long de l’autoroute, entre les boulevards Louis-XIV et Jean-Talon. Il s’agit d’un projet-pilote afin de valider un concept novateur. Ses coûts sont alors estimés à près d’un million de dollars et le ministère des Transports en est partenaire.

 

Pour l’entrepreneur général Lafontaine inc., qui remporte le marché, il s’agit de construire un mur long de 250 mètres et composé de 350 madriers de cèdre. À l’intérieur de ces éléments, il doit insérer de la laine de roche afin d’atténuer le bruit émanant de la circulation véhiculaire.

 

Pour protéger la structure et ses constituants, il doit en outre installer un grillage galvanisé sous les madriers. Ces derniers sont insérés dans des glissières d’acier galvanisé et un revêtement de fibrociment est fixé à leur base pour les préserver de l’humidité. Par ailleurs, comme le mur est érigé dans une zone qualifiée de sensible, le chantier doit se faire en harmonie avec le milieu environnant.

 

Jusqu’ici, rien de bien compliqué pour l’entrepreneur de Lévis. Sinon que le chantier doit être réalisé en période hivernale afin de ne pas trop perturber la faune et la flore du milieu d’accueil. Pour atteindre cet objectif, Lafontaine a préconisé une approche novatrice qui lui a par ailleurs permis de remporter le Prix génie-voirie en développement durable 2015.

 

Remis conjointement par l’Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec (ACRGTQ) et par Constructo, ce prix vise à sensibiliser les acteurs québécois du génie civil à l’importance d’exercer leurs activités en tenant compte des enjeux liés au développement durable.

 

Pour Lafontaine, la façon la plus écologique d’aborder les enjeux liés à la construction de l’ouvrage, et qui lui a valu cette marque de reconnaissance, fut l’aménagement d’un chemin de glace menant au site des travaux. Pendant un mois et demi, soit la durée prévue du chantier, ses équipes ont soigneusement arrosé et entretenu ce chemin.

 

Cette approche a permis d’éliminer l’épandage des matériaux granulaires habituellement nécessaires à la construction d’un chemin d’accès. Et, de ce fait, de réduire les risques environnementaux tels que l’érosion des sols et la dispersion de sédiments, associés au transport de ces matériaux de même qu’à leur récupération en fin de projet.

 

D’autres mesures environnementales sont également venues bonifier le projet en cours de route, comme l’installation de ponceaux pour permettre le passage de la faune, et le recours à des bennes filtrantes pour minimiser le dépôt de sédiments dans les points d’eau.

 

De plus, selon les exigences contractuelles, une part de 5 % de la valeur du projet devait être consacrée à l’harmonisation du mur avec son environnement. À cet effet, plus de 1 000 boutures de végétaux ont été plantées le long du mur.

 

Non seulement le mur antibruit a-t-il tenu ses promesses sur le plan environnemental, mais il a également dépassé les prévisions en matière d’atténuation du bruit. Le projet visait une diminution de sept décibels du niveau sonore. Les résultats indiquent plutôt une amélioration de neuf décibels.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2015. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !