À l'image d'une trentaine de pays tels que les États-Unis, l'Argentine, Cuba et l'Australie, le Canada interdit, et ce, depuis le 1er janvier, la fabrication d'ampoules à incandescence classiques de 75 et 100 watts sur son territoire. Les stocks seront donc graduellement écoulés et dans quelques mois les marchands ne pourront continuer à offrir ces produits. Quant aux ampoules de 40 et 60 watts, elles devraient connaître le même sort d'ici la fin de l'année en cours.
Énergivores et caractérisées par une très courte durée de vie, il est de prime abord difficile de s'opposer au retrait de ces ampoules. Cependant, force est de constater que la principale solution de remplacement présentement disponible, soit l'ampoule fluocompacte, est encore loin de faire l'unanimité.
Comparaison technique
À titre comparatif, la durée de vie d'une ampoule à incandescence classique oscille entre 1 000 et 3 000 heures, tandis qu'une fluocompacte peut offrir entre 8 000 et 10 000 heures d'éclairage. Une amélioration marquée, puisque l'utilisation moyenne d'une ampoule dans le secteur résidentiel est d'environ 1 000 heures par année, ce qui correspond à trois heures de fonctionnement par jour.
Cependant, il faut savoir que la durée de vie d'une ampoule fluocompacte typique sera substantiellement écourtée si celle-ci est utilisée à répétition. Non adaptées à un usage intensif, plusieurs fluocompactes supportent généralement moins de 6 000 commutations. Une lampe de garde-robe fluocompacte d'entrée de gamme, que l'on allume uniquement une ou deux minutes matin et soir, aura tôt fait de rendre l'âme. L'utilisation de ce type d'ampoules avec un détecteur de mouvement est aussi fortement déconseillée. Certains modèles ne sont cependant pas affectés par le nombre de commutations, pouvant en subir plus de 500 000. Il suffit de bien s'informer avant de faire ses emplettes.
Au cours des dernières années, l'évolution des ampoules fluocompactes, contrairement aux produits initialement disponibles, a permis au consommateur de trouver son compte en ce qui a trait à la température de couleur. En fait, des fluocompactes affichant une température de couleur de 3 000 kelvins permettent de recréer des ambiances similaires à celles offertes par des lampes à incandescence dans les pièces de détente, alors que d'autres, supérieures à 4 000 kelvins, sont mieux adaptées aux espaces dédiés au travail.
D'autre part, notons que certains modèles de fluocompactes moins rapides à l'allumage nécessiteront quelques minutes de chauffe avant de pouvoir offrir un éclairage optimal, un irritant pour certains utilisateurs. En ce qui a trait au rendement lumineux, les fluocompactes de 5 à 24 watts offrent généralement 60 lumens par watt, soit environ trois ou quatre fois plus qu'une lampe à incandescence de 100 watts. Moins énergivore, l'énergie qu'elle produit l'est donc davantage sous la forme de lumière que de chaleur.
Contenu en mercure
Au-delà de la durée de vie et du rendement qui ne sont pas toujours à la hauteur des attentes, mentionnons le contenu en mercure des ampoules fluocompactes. À la fin de leur vie utile, ce contenu impose le retour chez le vendeur ou dans un centre de recyclage possédant les équipements nécessaires à son traitement.
De plus, en cas de bris, la pièce contenant les éclats doit absolument être aérée pendant au moins 15 minutes avant que l'on ne puisse procéder à un nettoyage des surfaces souillées, des consignes de sécurité qui ne sont malheureusement pas connues de tous.
Manque de préparation
Actuellement, Environnement Canada s’affaire à élaborer des mesures limitant le contenu en mercure des ampoules fluocompactes. Alors que plusieurs utilisateurs n'ont pas la moindre idée des moyens à prendre pour se débarrasser convenablement de ce type d'ampoules, aucune réglementation n'encadre l'étiquetage des produits afin d'informer sur les risques qu'elles comportent (santé et pollution). Les programmes de recyclage, parfois inexistants, demeurent à être développés et peaufinés.
Bien que le retrait progressif des ampoules à incandescence classiques puisse sembler un pas dans la bonne direction, il aurait fort probablement été préférable de multiplier les efforts au cours des trois ou quatre dernières années afin de s'assurer que toutes les ressources nécessaires à la saine gestion des déchets de mercure soit bien déployées. Pour le moment, il en revient donc à chacun de s'informer et de poser les gestes adéquats.
L’auteur est stagiaire en architecture chez Coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.
Cette chronique est parue dans l’édition du jeudi 25 février 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !