7 octobre 2020
Par Aurélie Beaupré

Au sein des bureaux administratifs ou sur les chantiers, plusieurs pratiques permettent un bon déroulement des activités en respect des normes sanitaires.

Les derniers mois ont nécessité une grande capacité d’adaptation en raison de la pandémie. Les employeurs de tous les domaines possèdent désormais la responsabilité de doter leurs employés d’équipements de désinfection adéquats et d’adopter des mesures assurant leur sécurité.

 

En raison de la pandémie, pour la reprise complète des activités sur les chantiers de construction et, dans une moindre mesure, dans les édifices de bureaux, il est nécessaire de repenser les espaces de travail afin de minimiser les risques de contamination. De ce fait, de nombreux dispositifs ont été développés pour permettre aux entrepreneurs, entre autres, de s’adapter plus aisément aux nouvelles exigences concernant la santé et la sécurité au travail.

S’adapter pour aider

Des acteurs de tout horizon se sont récemment mobilisés dans un objectif précis : permettre la reprise des activités tout en assurant la sécurité des travailleurs. Grâce à leurs initiatives, de nouveaux équipements de désinfection sont désormais à la portée des entrepreneurs.

 

D’une part, de nombreuses entreprises ont procédé à la conversion de certaines de leurs activités au printemps dernier afin d’assurer la production d’équipements essentiels à la lutte contre la COVID-19. C’est le cas d’Adfast, une entreprise spécialisée dans les solutions d’assemblage, d’étanchéité et d’isolation.

 

Yves Dandurand, président d’Adfast. Photo :  Cédric-Olivier Guindon

 

Motivée par le manque de produits désinfectants sur les marchés, cette entreprise québécoise s’est rapidement attelée à la conversion de sa ligne de production : « On s’est mis à réfléchir ensemble pour déterminer comment on pouvait faire notre part pour essayer de faire face à la pandémie », se remémore Yves Dandurand, président de la compagnie. Heureusement, de nombreux équipements mis au placard pouvaient être convertis afin de construire une ligne de production destinée aux produits désinfectants. Approximativement deux mois ont donc été nécessaires pour produire et distribuer des substances désinfectantes portant le nom d’Adclean. La clientèle de ces nouveaux produits de désinfection se trouvant principalement dans le domaine de la construction, Adclean a d’ailleurs pu s’adapter davantage aux besoins particuliers de ce milieu : « En général, les plus gros formats de produits rapides à appliquer sont préférés sur les chantiers. On a donc développé des produits qui répondent aux besoins de nos clients », explique Yves Dandurand.

 

Entrepreneurs engagés

D’autre part, certains entrepreneurs se sont quant à eux engagés à innover et à développer des produits de désinfection jamais vus. C’est le cas de Maxime Potvin, fondateur de M. Potvin Excavation et président de T-Clean, et de Maxim Taparauskas, vice-président de Sanita. La tente T-Clean et la cabine Sanita ont donc vu le jour dans la perspective de créer un équipement servant à contrer la pandémie. Bien que les deux produits puissent sembler similaires, leur fonctionnement est distinct.

 

Maxim Taparauskas,  fondateur de M. Potvin Excavation et président de T-Clean. Photo : Gracieuseté

 

D’abord, la tente T-Clean permet de désinfecter tout ce qui y entre, que ce soit un individu ou des équipements, à l’aide d’une brume stérilisante utilisée en alimentation. « Même si la tente sert aussi à désinfecter une personne qui y entre, on vise surtout à la promouvoir pour désinfecter le matériel. À la place d’engager une personne pour le faire manuellement, la tente permet de désinfecter les outils plus rapidement et à faible cout, tout en s’installant facilement », souligne M. Potvin. La cabine Sanita, pour sa part, est davantage réservée à la désinfection des travailleurs.

 

Cette solution comprend donc trois mesures : elle détecte la température de la personne qui y entre, elle met à sa disposition le matériel pour désinfecter les mains et vaporise sur elle une brume sèche stérilisante, qui est aussi utilisée en alimentation. « Grâce à la rapidité d’exécution, la tente permet de gérer plus facilement les allées et venues de clients ou de travailleurs, par exemple, minimisant ainsi les risques d’infection », explique M. Taparauskas.

 

Et les locaux pour bureaux ?

Bien que les produits désinfectants sur les chantiers représentent une arme importante dans la protection contre la COVID-19, d’autres mesures sont elles aussi nécessaires afin d’assurer la protection des travailleurs se trouvant au sein des bureaux administratifs. Ainsi, l’adaptation de l’aménagement intérieur de même que l’installation de dispositifs permettant de rappeler et d’appliquer les consignes de sécurité doivent être prévues.

 

Martine Drolet,  associée chez VAD. Photo : Phil Bernard Photographe

 

Les nouvelles mesures de sécurité et de distanciation requièrent effectivement d’aménager les locaux pour bureaux différemment de manière à distancier les espaces de travail ou à limiter la capacité d’accueil des salles de conférence, par exemple. Chaque plan d’aménagement doit cependant être adapté en fonction des activités de l’entreprise : « La culture de l’entreprise joue un rôle essentiel dans la planification de l’aménagement de l’espace. Son orientation est donc importante à définir et à considérer », explique Martine Drolet, associée chez VAD, une entreprise spécialisée notamment dans le design intérieur corporatif. Ainsi, l’aménagement des espaces ne répond pas à une formule magique et doit être modulé aux besoins de chaque entreprise.

 

Selon Martine Drolet, l’après-COVID sera aussi l’occasion de revoir nos pratiques, particulièrement en ce qui a trait aux postes de travail non assignés, plus susceptibles d’entrainer un contact avec diverses bactéries. Il faudra donc trouver un compromis entre le fameux cubicule et les espaces de travail ouverts et collaboratifs, davantage à la mode dans les dernières années. Car il ne s’agit pas seulement de la réintégration d’un lieu physique destiné au boulot; il faut aussi retrouver une certaine convivialité entre collègues.

 

Dominic Gilbert, vice-président de la gestion immobilière chez Carbonleo. Photo : Gracieuseté

 

Par ailleurs, l’installation de dispositifs permettant de rappeler les mesures de sécurité dans les espaces communs s’avère primordiale. À cette fin, une boite à outils destinée aux gestionnaires de locaux pour bureaux a été développée par l’Institut de développement urbain, en collaboration avec BOMA Québec. « On y retrouve des lignes directrices à suivre ayant trait à différents éléments dans un édifice public », explique Dominic Gilbert, vice-président de la gestion immobilière chez Carbonleo. Ainsi, différents volets touchent entre autres à la distanciation, à la diffusion de rappels des mesures de sécurité et à la qualité de l’air, permettant à ses utilisateurs de n’omettre aucun détail.

 

QUELQUES EXEMPLES DE RÈGLES À RESPECTER POUR UN RETOUR AU BUREAU SÉCURITAIRE

Selon la Boîte à outils pour l’exploitation des immeubles de bureaux dans le contexte de la Covid-19 :

  • Des corridors unidirectionnels sont établis et maintenus dans les espaces communs si possible pour éviter que les travailleurs croisent d’autres personnes
  • Une signalisation a été mise en place pour établir la mesure de deux mètres de distanciation physique près des toilettes, si nécessaire
  • Intensifiez le nettoyage des ascenseurs, par exemple toutes les heures, selon l’utilisation et les directives des autorités locales en matière de santé publique
  • Conscientisez les locataires à la façon sécuritaire d’utiliser les ascenseurs et les escaliers tout en maintenant une distanciation maximale
  • Vérifiez si les halls d’entrée des ascenseurs et les couloirs étroits doivent être à sens unique ou séparés au moyen de poteaux de guidage ou de diviseurs pour éviter une circulation dans les deux sens

 

UN ROBOT AUTOMATISÉ POUR DÉSINFECTER

L’entreprise Qualinet a officiellement dévoilé un robot « anti-COVID » en aout dernier. Celui-ci assure la désinfection des espaces à l’aide de rayons ultraviolets et d’un système de filtration HEPA. Entièrement programmé, il peut se déplacer et contourner les obstacles rencontrés afin de désinfecter l’environnement dans lequel il se trouve, et ce, sans contact. Cette technologie, qui est déjà utilisée, entre autres, pour stériliser des salles d’opération dans les hôpitaux, serait en mesure de désinfecter une salle de conférence en une dizaine de minutes seulement.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2020. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !