De nouveaux critères simples et facilement applicables permettent d’aider les carrières à respecter les exigences de sécurité liées à leur exploitation.
Depuis 2021, les exploitants de carrières doivent se conformer au Règlement sur la santé et la sécurité du travail dans les mines, imposant notamment la présence constante de plans et devis dans les carrières pour assurer la stabilité des excavations. Ils doivent être signés par un ingénieur et être mis à jour rigoureusement par celui-ci. Cette exigence n’est toutefois pas adaptée à la réalité des carrières, bien différente de celle des mines en raison de leur taille, de leur aspect occasionnel et de leur budget limité.
Ce règlement a ainsi signé l’entrée des ingénieurs géotechniciens dans les carrières et, du même coup, l’arrivée de la compagnie Géoclaste. En analysant la géologie du Québec et la littérature existante, les experts en génie géologique de l’entreprise ont développé des critères sécuritaires afin d’aider les exploitants à respecter ces nouvelles exigences. L’excavation des carrières repose depuis toujours sur l’expérience terrain, explique Catherine Lavergne, vice-présidente de Géoclaste. En effet, les exploitants de mines ont les moyens budgétaires d’avoir une équipe d’ingénierie en tout temps sur le terrain pour suivre l’évolution des conditions, luxe que les carrières n’ont malheureusement pas.
« Parfois, une carrière va avoir un seul dynamitage dans une année où elle ne sera même pas ouverte, donc ça devient des coûts importants pour peu de revenu. C’est donc très couteux pour de petites exploitations. Ce sont parfois des entreprises familiales », ajoute-t-elle, en expliquant qu’un ingénieur doit faire des analyses poussées pour sécuriser une paroi rocheuse, avec les mesures exactes.
Des critères pour une sécurité optimale
Face à ces contraintes, Géoclaste a commencé à concevoir des plans et devis avec des critères sécuritaires et applicables de façon universelle. « Au lieu de donner un plan d’excavation précis, nous leur remettons une sorte de boîte à outils. S’ils restent dans les paramètres donnés, ils peuvent être autonomes dans leur exploitation et le tout à des coûts beaucoup plus raisonnables. L’objectif était de créer des critères simples, assez génériques et facilement applicables sur le terrain », explique celle qui est aussi ingénieure.
Ces critères prennent la forme de tableaux et sont accompagnés de schémas illustrant la mesure visée. Ces tableaux fournissent des barèmes pour des conditions géomécaniques types aux exploitants afin qu’ils puissent concevoir, par exemple, des bermes de captage d’une largeur sécuritaire. Ces critères sont tous gradués selon la hauteur de paroi rocheuse, permettant ainsi d’être opérationnalisés de façon universelle. Ces tableaux fournissent aussi les zones d’impact d’un bloc chutant du sommet de la paroi, accompagnées des distances minimales sécuritaires, les largeurs et profondeurs de fossé et les hauteurs du bordage en remblai, pour ne nommer que ceux-ci.
« Toutefois, nous ne sommes pas dans la fine optimisation comme dans les mines, tient à spécifier la vice-présidente. Nous ajoutons parfois un mètre de sécurité partout, qui peut ne pas être nécessaire pour chaque paroi, mais il assure une sécurité pour l’ensemble des parois, n’étant pas un enjeu dans l’exploitation. » Ces tableaux sont accompagnés d’un plan de la carrière et d’un formulaire d’inspection détaillant les éléments inspectés et les recommandations en matière de santé et sécurité.
Avoir ces critères rassure grandement les exploitants en ce qui concerne leur santé et leur sécurité, alors qu’il n’existe pas de réelles normes quant aux distances de sécurité pour les guider. « Nous faisons donc le pont entre la réalité des carrières et le côté technique pour eux. En suivant les plans et devis avec les critères que nous leur fournissons, ils deviennent autonomes dans leur exploitation s’ils restent dans les géométries données», ajoute-t-elle, leur évitant de constamment contacter un ingénieur.
Ces critères permettent ainsi aux exploitants de respecter le règlement à des coûts bien moindres que ceux demandés pour les services constants d’un ingénieur. Les exploitants ont d’ailleurs leur mot à dire dans le développement des critères, qui ne cessent de s’améliorer, conclut Catherine, en estimant à près de 50 le nombre de plans et devis rédigés par année par Géoclaste. « Les visites de terrain sont utilisées pour toujours améliorer nos critères, les rendre plus sécuritaires et plus applicables à toutes les situations. »
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2025. Pour un accès privilégié à l'ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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