Selon les prévisions annuelles de la Commission de la construction du Québec (CCQ), l’activité demeurera soutenue au cours des 12 prochains mois. Avec un volume de travail estimé à 159 millions d’heures travaillées, l’année 2012 marquera en effet un nouveau jalon dans les annales de l’industrie en dépassant le record de 155,8 millions d’heures établi en 1975. Des investissements s’élevant à plus de 48 milliards $ sont par ailleurs attendus, ce qui contribuera à faire de la construction l’une des industries québécoises parmi les plus dynamiques l’an prochain.
Comme le rapporte Pauline Dupuis, économiste à la CCQ, ce sont les secteurs institutionnel et commercial qui occuperont la position de tête en 2012. « En 2011, ce secteur a largement dépassé les attentes avec un volume de travail de 74 millions d’heures, soit une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente, souligne-t-elle. La prochaine année s’annonce tout aussi prometteuse. On s’attend à une hausse de 4 % de l’activité, ce qui portera le nombre d’heures travaillées à 77 millions. »
Elle précise que la construction institutionnelle sera à l’avant-plan grâce au programme gouvernemental d’infrastructures. Bien que les investissements dans le secteur de l’éducation tirent à leur fin, ils seront compensés par des projets de modernisation d’hôpitaux à l’échelle de la province et une hausse de la cadence sur les chantiers du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). À cela s’ajoutera l’agrandissement et la rénovation de l’Hôtel-Dieu de Québec, un projet d’un milliard de dollars qui doit s’amorcer en 2013.
Du côté du secteur commercial, la CCQ prédit un regain de vigueur dans la construction d’immeubles de bureaux, notamment dans la région de l’Outaouais, où des chantiers de près d’un milliard de dollars se poursuivront l’an prochain. Quant à la construction d’immeubles résidentiels en hauteur, l’organisme constate qu’elle a déjoué les prévisions en enregistrant une hausse inattendue des mises en chantier. La demande pour ce type d’immeuble étant forte, la décroissance devrait se faire très progressivement au cours des prochaines années.
« On s’attend à ce que le secteur commercial, qui a été plutôt malmené par le ralentissement économique de 2008, reprenne des forces l’année prochaine, indique l’économiste. L’essor des secteurs commercial et institutionnel devrait d’ailleurs se poursuivre au-delà de 2012. Ils devraient franchir la barre des 80 millions d’heures au tournant de 2014. »
Après quatre années fastes, les travaux de génie civil et voirie verront pour leur part leur budget se contracter d’ici deux ans. Ce secteur, qui a connu une hausse de 8 % de son volume de travail en 2011 pour atteindre les 36 millions d’heures, verra néanmoins progresser son activité au rythme de 3 % l’an prochain. « Plusieurs investissements, notamment en provenance du fédéral, restent à faire, mentionne Pauline Dupuis. Toujours l’an prochain, Hydro-Québec entend rénover plusieurs postes électriques et son volet éolien devrait dépasser le million d’heures. »
Par ailleurs, même si 2012-2013 marque le chant du cygne pour le Plan québécois des infrastructures, la porte-parole de la CCQ n’entrevoit pas de ralentissement majeur sur les chantiers routiers : « Les villes, entre autres Montréal et Québec, ont d’importants projets d’investissement au cours des prochaines années, tandis que le gouvernement du Québec procédera à la réfection de plusieurs structures routières, note-t-elle. Même chose du côté des agences de transport, où quelques projets d’importance sont en voie de réalisation ».
Enfin, pour ce qui est du secteur industriel, les années de vache maigre semblent être maintenant choses du passé. En 2011, le volume de travail a augmenté de près de 10 % relativement à 2010, pour s’établir à 13 millions d’heures. « En 2012, une vague d’investissements privés déferlera sur les mines et les alumineries, signale-t-elle. C’est un secteur qui compte sur de gros projets, comme ceux d’Arcelor Mittal (2,1 G$) et de Consolidated Thompson Iron Mines (546 M$). Il y a aussi Alcoa et Alouette qui iront de l’avant avec leurs projets d’agrandissement. En gros, on s’attend à une hausse de 15 % du volume d’activité pour un total de 15 millions d’heures. »
Ça bouge en région
Selon les données de la CCQ, la majorité des régions du Québec ont connu une bonne performance en 2011 et tout porte à croire que 2012 sera tout aussi profitable pour la plupart d’entre elles. La Côte-Nord, qui s’est classée en tête de palmarès cette année, devrait poursuivre sur sa lancée l’an prochain grâce à La Romaine pour atteindre une croissance de 17 %. Elle sera suivie de près par le Saguenay-Lac-Saint-Jean, où l’on prévoit une hausse de 14 % de l’activité, notamment en raison de la construction de l’usine AP60 de Rio Tinto Alcan.
Portée par les travaux de génie et voirie, ainsi que par la construction institutionnelle et commerciale, l’activité sera également en développement en Mauricie-Bois-Francs (+9 %) et à Québec (+4 %). Par contre, le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie retrouvera un rythme de croissance plus modeste, d’environ 3 %, alors qu’à Montréal, le volume de travail devrait progresser de 2 % seulement. « Mais il ne faut pas oublier que cette région génère à elle seule près de la moitié des heures travaillées annuellement », relève Pauline Dupuis.
Cet article est paru dans l’édition du jeudi 15 décembre 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !