Les bâtiments patrimoniaux peuvent-ils être durables ? Comment concilier ces deux impératifs ? Dans le cadre de l'exposition Contech bâtiment de Montréal, une conférence portant sur la durabilité des bâtiments patrimoniaux a été donnée par Martin Tétreault, spécialiste en environnement pour le ministère fédéral des Travaux publics et Services gouvernementaux.
Au pays, l'agence Parcs Canada est responsable de protéger et de mettre en valeur des exemples représentatifs du patrimoine naturel et culturel. L'agence administre 167 lieux historiques nationaux et plus de 600 bâtiments. Elle joue donc un rôle de premier plan à l'échelle nationale dans la conservation des lieux patrimoniaux.
Les travaux touchant des édifices patrimoniaux sont souvent liés à des projets de reconversion et de mise aux normes. Il est préférable de conserver la fonction d'origine d'un bâtiment, car on restreint ainsi les changements qu'il faut apporter à ses caractéristiques fondamentales.
Cependant, s'il n'est plus possible d'exploiter le bâtiment dans sa forme actuelle, plusieurs solutions peuvent être envisagées afin d'assurer sa pérennité. Par exemple, les bureaux de poste ou centre de tri sont ainsi transformés en espaces de bureaux. « Il faut réduire au minimum le nombre d'interventions, explique M. Tétreault. Et quand on intervient, ça prend des experts. »
En effet, la portée des rénovations en réponse aux exigences de performance est sensible et risque de faire perdre à ces patrimoines fragiles leur authenticité, leurs qualités matérielles et immatérielles. Les interventions doivent donc être planifiées afin d'assurer une cohérence entre celles-ci. Il est donc primordial pour les équipes de projet de mettre en place un processus de conception intégré et une analyse détaillée du cycle de vie.
Les bâtiments patrimoniaux peuvent être considérés comme étant durables, selon Martin Tétreault. Ils offrent un avantage économique (déjà bâti), un environnement intérieur confortable, ils sont faits de matériaux solides et ils sont bien localisés. Et ce, même si aucun système d'évaluation n'a été conçu pour eux.
« Les bâtiments patrimoniaux ne peuvent avoir les mêmes critères d'évaluation énergétique ou critères concernant le choix de matériaux. Si une intervention ne répond pas adéquatement aux bâtiments, celle-ci peut engendrer une détérioration prématurée », ajoute M. Tétreault. Dans le cadre de ce type d'intervention, TPSGC applique plusieurs critères d'évaluation LEED, sans pour autant en briguer la certification. L'arrivée de LEED v4 pourrait néanmoins faciliter les choses. La nouvelle certification ajoute des points spécifiques pour la conservation de bâtiments existants et classés historiques et pour l'analyse du cycle de vie des matériaux.