EPO : documenter les interactions entre occupants et bâtiments

30 janvier 2012
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

L'augmentation constante et marquée de la consommation énergétique per capita observée au cours des dernières années implique que l'on doive, plus que jamais, porter une attention particulière à l'efficacité énergétique du parc immobilier.

 

Néanmoins, bien que le système d'évaluation LEED ait contribué à améliorer la qualité et le rendement des systèmes mécaniques en encourageant les exercices rigoureux de mise en service, force est de constater que généralement peu d'efforts sont déployés afin d'assurer un suivi de la performance de ces systèmes à moyen et long terme, pas plus que pour évaluer le confort et la satisfaction des occupants.

 

Concilier efficacité énergétique et confort

Tel que mentionné par les auteurs Zeiler et Boxem (2008) (1), en plus de développer des stratégies pour rationaliser la consommation énergétique, les équipes de conception et de gestion doivent aussi porter une attention particulière aux attentes de plus en plus élevées des occupants en ce qui a trait à leur confort. Pour espérer réduire la consommation énergétique tout en offrant des environnements intérieurs confortables, une meilleure connaissance des interactions entre l'occupant et le bâtiment doit cependant être acquise.

 

Il appartient donc aux concepteurs et aux équipes de gestion d'élaborer et de mettre en œuvre des méthodologies permettant l'évaluation complète de la qualité architecturale des bâtiments lorsque ceux-ci sont en mode exploitation.

 

Étude en mode occupation 

Tel que définie par Preiser et al. (1988) (2), une étude post-occupationnelle (EPO) est un processus systématique et rigoureux d'évaluation d'un bâtiment après que celui-ci aura été construit et occupé pendant un certain temps. Plate-forme de choix pour l'étude de la performance réelle des bâtiments en mode occupation, une EPO constitue l'étape finale d'un processus de conception architecturale complet et a pour principal objectif d'analyser l'expérience vécue par les occupants et/ou le rendement des différents systèmes mécaniques. Une EPO, lorsque adéquatement planifiée et menée, a le potentiel d'améliorer les conditions actuelles d'occupation tout en fournissant une multitude de renseignements utiles à la réalisation de projets futurs (Zimmerman et Martin, 2001). Essentiellement, une EPO permet de répondre aux questions suivantes :

 

  • Le bâtiment performe-t-il tel que prévu ?
  • Les besoins des occupants sont-ils satisfaits ?
  • Le cas échéant, quels sont les problèmes devant être traités en priorité et quelles en sont les solutions ?
  • Quelles sont les leçons à tirer pour les projets futurs ?

 

Méthodologies

Chaque projet architectural étant unique, il n'existe donc pas d'approche standardisée pour mener une EPO. En fait, il existerait pas moins de 150 techniques différentes pour conduire une EPO, les principales étant l'observation sur place par des professionnels, des entrevues et des groupes de travail dirigés avec des occupants, la distribution de questionnaires aux occupants, la comparaison avec d'autres cas d'étude connus et la mesure de divers paramètres physiques des environnements intérieurs (ex. : niveau d'éclairement, température de l'air, taux de CO2 dans l'air, etc.).

 

Plusieurs aspects quantitatifs et/ou qualitatifs d'un bâtiment peuvent être évalués simultanément dans le cadre d'une EPO. Pour ce faire, les diverses approches méthodologiques peuvent être combinées. Néanmoins, chaque approche comporte ses avantages et inconvénients. À titre d'exemple, une méthodologie alliant des questionnaires et des mesures sur place à l'aide d'équipement sera exhaustive dans le cadre d'une étude soucieuse d'évaluer le niveau de confort des occupants mais pourra s'avérer trop intrusive. En contrepartie, bien qu'intéressante puisque moins intrusive, la simple observation des occupants interagissant dans le bâtiment fournira peu d'information relative à leur niveau de satisfaction et de confort.

 

Au final, indépendamment de l'approche retenue, l'important est de s'assurer que les données recueillies pourront être facilement comparées entre elles et idéalement avec celles d'études antérieures et futures du même type, que la méthodologie demeurera la moins intrusive possible et que l’information recueillie permettra de répondre adéquatement aux questionnements de l'équipe de conception et de gestion.

 

1 - Zeiler, W., Boxem, G. (2008) Sustainable schools : Better than traditional schools ?, in Proceedings of Indoor Air 2008 Conference, Copenhagen, Denmark, 17-22 August

2 - Preiser, W.F.E., Rabinowitz, H.Z., White, E.T. (1988). Post-Occupancy Evaluation. New York: Van Nostrand Reinhold

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.


Section du Québec Conseil du bâtiment durable du Canada

 

Cette chronique est parue dans l’édition du jeudi 26 janvier 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !