En 1970, Maurice Van Caenegem, plongeur d’origine française, se lançait dans le monde de l’entrepreneuriat en créant MVC Océan, spécialisée dans les travaux sous-marins. Aujourd'hui, la compagnie est toujours chef de file dans le monde du génie civil.
Propriété de Maurice Van Caenegem durant un quart de siècle, MVC Océan change de mains au tournant des années 1990, alors que ce dernier croise le chemin d’Yves Bécotte, un scaphandrier qui passera de partenaire à président de l’entreprise.
Puis, fin 2014, un autre changement de garde s’opère alors que Yan et Kévin Milot entrent dans l’aventure. Yan, ingénieur industriel de profession, et Kévin, ingénieur mécanique, n’avaient pourtant pas d’expérience en plongée professionnelle.
Ajouter sa touche
Peu de temps après leur arrivée à la tête de l’entreprise nouvellement acquise, forts d’un bagage de connaissances plus étoffé, les frères Milot décident d’apporter quelques changements : « Nous avons ciblé des aspects qui méritaient de faire l’objet d’une plus grande attention. Par exemple, l’équipement. Nous avons acheté du matériel plus récent et des équipements dernier cri. En somme, il faut toujours s’assurer d’avoir de l’équipement adapté spécifiquement à nos besoins dans le but de mieux performer en milieu subaquatique. Nous avons investi des sommes considérables dans le rajeunissement de celui-ci afin de minimiser les pertes liées aux temps d’arrêt causés par les bris. Le temps d’attente coûte très cher, il faut le réduire au maximum. »
Yan et Kévin Milot ont également opté pour un changement quant à l’approche. « D’une croissance réactive, nous sommes passés à une croissance proactive, c’est-à-dire que nous avons réalisé qu’il valait mieux anticiper les défis que de réagir à ceux-ci lorsqu’ils se présentent devant nous. »
Kévin Milot ne s’en cache pas, il existe une multitude de défis au sein d’une entreprise comme la leur. « Il y a très peu de scaphandriers au Québec, autour de 120-130. Un des défis préoccupants consiste donc à s’assurer de maintenir une main d’oeuvre de qualité, malgré notre croissance, et qui dit croissance dit automatiquement augmentation du nombre d’équipes. »
C’est Yan, directeur des opérations, qui prend en charge les volets industriel, gestion matérielle, maintenance de l’équipement de plongée, planification, entretien préventif et gestion des ressources humaines pour l’atelier. Pour sa part, Kévin, directeur des projets, travaille davantage l’aspect échéanciers et planification des travaux de construction.
C’est également celui qui veille au bon déroulement des travaux sur les chantiers. « Mon frère s’occupe de l’achat d’équipement et des activités internes et moi je m’occupe davantage des soumissions et de la gestion quotidienne des activités externes, précise Kévin Milot.
« Un autre défi est de toujours faire en sorte de minimiser les frais associés aux chantiers éloignés, car dans un marché de niche comme le nôtre, il est impensable de penser uniquement local. Il faut sillonner la province et travailler un peu partout. »
Si la majeure partie des contrats de MVC Océan ne dépasse pas les limites du territoire québécois, il arrive que des travaux s’effectuent en dehors de la province. « Au moins 95 % de nos contrats sont réalisés au Québec, le reste se passe parfois en Ontario ou dans les provinces Maritimes. Au Québec, la CCQ régit les conditions de chantier, mais en étant appelés à oeuvrer au loin, nos employés clés doivent également conserver leurs acquis et leurs conditions de travail, ce qui représente un autre défi », précise-t-il.
Une question d’adaptation
L’amélioration constante des méthodes de travail demeure toujours un aspect important à considérer. Il faut aussi s’assurer que le client comprenne la rentabilité d’une équipe de plongée et en accepte les coûts : « Le client en veut pour son argent et il faut lui démontrer clairement que ça en vaut la peine. »
L’adaptation à un domaine si particulier nécessite du temps, et les frères Milot n’ont rien voulu précipiter à ce niveau non plus. « La transaction s’est amorcée en 2014, mais s’est faite de manière graduelle, car ce n’est qu’en décembre 2016 que nous avons complété l’achat des dernières actions de monsieur Bécotte, explique Kévin Milot. Si nous avons choisi cette option, c’est que nous étions des néophytes dans le domaine de la plongée et il fallait apprendre. Pour cette raison, nous avons déterminé qu’une acquisition progressive représentait la meilleure solution pour parfaire notre formation des différents aspects liés au domaine, en compagnie de gens expérimentés. D’ailleurs, même s’il est à la retraite, M. Van Caenegem continue à s’impliquer et à collaborer avec nous de façon sporadique sur certains mandats ».
Même après un demi-siècle, son influence reste d’ailleurs palpable dans le monde des travaux sous-marins. À l’époque, le métier de scaphandrier était très peu connu au Québec. Il a donc fait partie de la première génération de scaphandriers de la province et a contribué à développer les méthodes de travail et à mettre des techniques au point. Il demeure aujourd’hui une référence dans le domaine de la plongée sous-marine au Québec et au Canada.
Concilier futur et présent
MVC Océan peut compter sur une équipe aguerrie et expérimentée, mais la relève doit également faire partie du plan d’action de l’entreprise afin d’en assurer la pérennité. « Ce n’est pas un secret, la clé se trouve dans la formation de la relève. Après tout, si on veut assurer le futur, il faut s’occuper du présent. » C’est ainsi que l’entreprise s’arrange pour conserver ses meilleurs éléments afin que ces derniers contribuent au développement des moins expérimentés.
« Il faut de nombreuses certifications pour travailler en contexte immergé et cela nécessite des compétences de pointe pour réaliser des tâches liées à différents corps de métier, qu’on pense à la soudure, au coffrage, au forage, à l’excavation, au bétonnage, à la pose d’armature. Bref, il faut des hommes à tout faire vêtus d’un scaphandre, c’est une expertise peu commune. »
C’est en misant de manière significative sur l’implication continue de son équipe tout au long des différentes étapes d’un projet, soit de la soumission jusqu’à la réalisation, que MVC Océan arrive à tirer son épingle du jeu.
« Il est très important de travailler en équipe. Par exemple, lorsque j’ai des soumissions plus élaborées à faire, qui ont des particularités complexes, je n’hésite jamais à consulter mes hommes clés, car ce sont des gens d’expérience et de confiance qui connaissent leur métier. Ils se portent constamment volontaires pour m’aider à trouver des solutions. Ils proposent des idées et suggèrent des techniques qui permettent de mener à bien un projet tout en réduisant les coûts au maximum. C’est un travail collaboratif et nous misons beaucoup sur l’apport des membres de notre équipe. »
La capacité de faire des interventions rapidement, toujours de manière sécuritaire, nonobstant l’hostilité de l’environnement, rend certaines opérations plus hasardeuses et la présence de gens d’expérience auprès des plus jeunes s’avère précieuse. « Lorsqu’on s’entoure de bonnes personnes, on arrive à réaliser de grandes choses. »
L’entreprise MVC Océan est composée d’une équipe de 35 scaphandriers hautement qualifiés spécialisée dans le domaine des travaux maritimes tels que l’inspection sous-marine, la construction, la soudure, l’oxycoupage, l’entretien de structures immergées, la location de barges sectionnelles et d’embarcations, le travail en espaces clos et en milieux contaminés en plus de la location et l’installation de ballons obturateurs, de rideaux de sédimentation et d’estacades.
En période de pointe, pas moins de 50 employés s’activent chez MVC Océan.
Pour soutenir le travail des équipes déployées sur les différents projets, on a procédé à l’embauche de gens pour les épauler dans les bureaux. « Depuis notre arrivée au début de 2015, nous avons misé sur la solidification de notre équipe de gestion de projets. Nous venons par ailleurs tout juste d’ajouter un technicien en génie civil d’expérience à notre groupe. Notre objectif premier est de pouvoir mieux assister nos équipes de chantier, déjà reconnues pour leur grande expertise en travaux sous-marins », explique Kévin Milot, directeur des projets. De 2,9 millions $ en 2012, le volume d’affaires a connu une croissance intéressante pour atteindre 5,4 millions $ en 2017.
- Réfection du pont Duplessis à Trois-Rivières (2010)
- Réfection du barrage de la centrale Buckingham (2015)
- Réhabilitation de la Jetée Alexandra (2016)
- L’installation des piliers du nouveau pont Champlain (2017)
- De nombreux travaux en milieux contaminés
- Des travaux d’inspection et réalisation de rapports pour Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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