Pour pouvoir évoluer, les entrepreneurs doivent aller au-delà de la simple acquisition de connaissances du milieu des affaires : ils doivent développer leur leadership et remettre en question leurs croyances afin de voir le monde autrement.
Pour Steve Trinque, coach accompagnateur œuvrant auprès de la clientèle de l’école d’entrepreneurship de Beauce, c’est là que réside la clé des entrepreneurs qui veulent débloquer leur prochain niveau de croissance.
Celui-ci connaît bien le milieu de la construction et les croyances qui peuvent limiter les entrepreneurs dans ce domaine. Fils de charpentier-menuisier, il a passé une partie de son adolescence et de sa vie de jeune adulte sur les chantiers. « Je sais à quel point c’est un travail physique qui n’est pas toujours facile », confie-t-il. C’est d’ailleurs cette réalité qui lui a inculqué la croyance qu’il fallait travailler dur pour réussir. « Mais aujourd’hui, je réalise que ce n’est pas toujours vrai : il vaut mieux travailler plus intelligemment. »
Il a lui-même pu le constater dans son propre parcours entrepreneurial. Après des études en design industriel, il a fondé une boîte de conception de sites Internet en 1997. Comme beaucoup d’entrepreneurs de l’époque, il a suivi des cours d’entrepreneuriat à l’UQAM et au HEC afin de parfaire ses connaissances du milieu des affaires. « J’ai suivi la voie plus traditionnelle », admet-il. Malgré cela, il se sentait sur un plateau dans son entreprise, et il n’arrivait pas à mettre rapidement en pratique ce qu’il apprenait dans ses cours. « J’ai été approché pour faire partie de la première cohorte de l’École d’Entrepreneurship de Beauce lorsqu’elle a ouvert ses portes il y a environ 15 ans, mais je trouvais ça trop loin, la Beauce! Puis, j’ai vu des collègues dans le même domaine que moi qui y sont allés et qui ont eu le vent dans les voiles par la suite, alors que moi, je semblais faire du sur-place », se rappelle Steve Trinque. Il se demandait bien ce que cette école avait de particulier pour permettre de tels succès.
Mentoré par les grands
Une des forces de l’École d’Entrepreneurship de Beauce est que les entrepreneurs inscrits (appelés « athlètes ») sont accompagnés par des entrepreneurs d’expérience (appelés « entraîneurs »). Une métaphore sportive qui invite à se dépasser.
« Sans rien vouloir enlever aux méthodes d’enseignement traditionnelles, quand ça fait plusieurs années que tu es en affaires, tu as besoin d’aller au-delà de la base. On dit souvent que ‘‘ceux qui le savent le font, et ceux qui pensent le savoir l’enseignent’’. Les entrepreneurs entraîneurs qui viennent à l’École d’Entrepreneurship de Beauce ont une expérience terrain de l’entrepreneuriat », explique Steve Trinque.
Il donne l’exemple d’entrepreneurs aguerris tels que Marc Dutil, Robert Dutton ou même Jean Coutu qui, au fil des années, sont venus pendant 24 heures partager leurs apprentissages, leurs bons coups comme leurs échecs. « La vulnérabilité et l’authenticité sont grandement encouragées lors des échanges et des discussions. Parce que si on ne dit pas ce que l’on pense, si on ne partage pas notre rêve, il y a beaucoup moins de chances que celui-ci se réalise », précise-t-il.
Les entrepreneurs athlètes sont d’ailleurs en totale immersion dans le milieu entrepreneurial dans cette école. Entourés d’autres entrepreneurs comme eux qui rêvent grand, ils sont logés et nourris pendant leurs séjours, dont la fréquence varie selon le programme choisi (Élite ou Émergence). Cette formule favorise les échanges et la proximité entre les participants, qui sont issus de différents horizons d’affaires. « Il n’est d’ailleurs pas rare que l’on voie des synergies se créer entre les projets et entreprises de nos athlètes », témoigne Steve Trinque.
Changer de perspective
Les entrepreneurs de tous les horizons gagnent à remettre en question leurs croyances, mais Steve Trinque croit que c’est encore plus vrai pour ceux du milieu de la construction. Chaque année, environ 25 à 30 % des cohortes sont composées d’entrepreneurs de ce domaine. Selon lui, cette industrie est encore beaucoup imprégnée de la croyance qu’il faut travailler fort pour réussir. Il y voit aussi des défis en ce qui a trait à la mobilisation des employés, notamment la façon de s’adapter à la nouvelle génération afin de les attirer.
Il donne l’exemple d’une équipe qu’il a accompagnée récemment et qui cherchait à trouver des solutions afin d’attirer davantage de main- d’œuvre. « Face à une pénurie de main-d’œuvre, ils avaient l’impression que les travailleurs allaient au plus offrant, donc à l’entreprise qui offrait les meilleurs salaires. Ils avaient conscience que le travail était plus difficile et physique, et ils ne voyaient pas comment attirer les jeunes autrement. C’est là qu’on leur a demandé de changer de perspective : quels autres facteurs pourraient intéresser les jeunes ? À partir de ce moment, ils se sont mis à revoir leur modèle d’affaires et leur marque employeur, même jusqu’à revoir quels contrats ils allaient accepter à l’avenir! », s’enthousiasme-t-il.
En étant encouragés à penser autrement, les entrepreneurs évitent ainsi de recourir à leurs préjugés et à leurs réflexes entrepreneuriaux, leur permettant de changer de trajectoire. Ce faisant, les défis ou obstacles deviennent des opportunités de se démarquer.
Oser demander de l’aide
Après 23 ans en tant que chef d’entreprise et six ans comme coach, dont deux au sein de l’École d’Entrepreneurship de Beauce, le plus grand conseil de Steve Trinque aux entrepreneurs est le suivant : « Osez demander de l’aide! »
« Je le sais que ce n’est pas évident, admet-il. Moi-même, ça m’a pris tellement de temps avant de demander de l’aide. Mais quand j’ai enfin osé le faire, c’est là que mon entreprise a décollé. » Selon lui, il est essentiel que les entrepreneurs d’un certain niveau voient le monde autrement afin de s’ouvrir à de nouvelles opportunités.
« Il faut remettre en question nos croyances et surtout, ne pas rester seul. C’est tellement important de s’entourer de gens qui non seulement nous encouragent vers nos rêves, mais nous permettent d’élargir notre conscience de ce qu’il est possible de faire. »
- Oser demander de l’aide
- Dire ce que l’on pense et nommer son rêve
- S’entourer d’autres entrepreneurs et de personnes qui nous élèvent
- Remettre en question ses croyances, ses préjugés et ses réflexes entrepreneuriaux
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2024. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
Ce sujet pique votre curiosité ? Lisez tous les articles du dossier LES LEADERS DE LA CONSTRUCTION 2024 :
- Les Leaders de la construction 2024
- Heures travaillées : les leaders au Québec en 2023
- Les chefs de file des heures travaillées par métier en 2023
- Construire le Montréal de demain : entrevue avec Mélanie Robitaille
- MCF Lab, un projet pour stimuler l’innovation en construction
- La croissance exponentielle de la Ferblanterie Laro DC
- Évoluer dans la continuité: la recette JCB Construction
- Trouver des solutions créatives pour réussir en région éloignée
- Les clés d’une relève réussie
- Pénurie de main-d’œuvre : pourquoi recruter à l’étranger s’impose ?
- Collaborer avec les Premières Nations à l'ère de la réconciliation
- Un programme RH innovant pour fidéliser et faire grandir ses talents
- Plomberie Charbonneau : 230 ans d’excellence et une vision tournée vers l’avenir