Red Boom : une plateforme élévatrice à déploiement rapide

La méthode conventionnelle pour retirer les glaçons consistait auparavant à déployer, à l’aide d’une remorque, une plateforme élévatrice que l’on descendait au sol. « C’est une logistique complexe qui nécessite beaucoup de temps et de personnel. S’il faut fermer deux voies pendant tout ce temps, on va en entendre parler ! » explique Bruno Delage, ingénieur chargé de projet au Centrede gestion de l’équipement roulant (CGER).

Afin de diminuer le temps d’intervention et la durée des entraves sur le réseau routier montréalais, plus susceptible à la congestion, le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports a donc confié au CGER, la mission de fournir un véhicule autonome muni d’un système de levage de personnes pour l’inspection des structures, le déglaçage et le remplacement des luminaires, sur des voies de circulation à débit élevé. « L’objectif est de réduire le temps de déploiement : réaliser les travaux et se retirer rapidement », dit Bruno Delage.

Pour un forfait mensuel, le CGER procure aux ministères, municipalités et organismes publics des véhicules en formule clés en main : ceux-ci sont immatriculés, assurés, entretenus et remplacés au besoin. Le CGER dispose de voitures, fourgons de livraison, camions-incendie, véhicules- outils et même de zambonis. Or, aucun fournisseur n’était en mesure d’accommoder la requête pour un camion- nacelle de cet acabit.

Une solution sur-mesure et locale

C’est donc un véhicule fabriqué sur-mesure qui a été mis en service à l’été 2016. Le camion, baptisé Red Boom, a été conçu en collaboration entre les ingénieurs du CGER, le client (le Centre d’opérations d’Anjou du MTMDET) et le fournisseur retenu Métallomax. « Métallomax est une entreprise spécialisée dans le levage de personnes. Nous leur avons confié la fabrication du système hydraulique et la programmation, dit Marc-André Bois, chef du Service de l’expertise, l’ingénierie et des acquisitions du CGER. C’est une belle PME québécoise, une entreprise dont la capacité d’adaptation est très élevée. »

Le fabricant avait par ailleurs déjà créé un prototype de plateforme automotrice présentant plusieurs des caractéristiques attendues. Montée cette fois sur un camion 10 roues à châssis rigide de marque Freightliner, la plateforme mesurant 2,4 m sur 3,6 m est actionnée par un bras télescopique. Elle peut atteindre une hauteur au plancher de 10 mètres, ce qui permet l’inspection par une personne debout jusqu’à 12 mètres de haut environ.

Pour certains ouvrages, le mat peut être déployé à la verticale sans nécessiter le déploiement des stabilisateurs. Puis, selon la configuration des stabilisateurs en place, le bras peut s’incliner jusqu’à 45 degrés de chaque côté de manière à couvrir une vaste surface sans déplacer le véhicule. De plus, la plateforme tourne sur elle même à l’extrémité du mat pour permettre un positionnement de travail optimal. Cette flexibilité permet par exemple d’inspecter les côtés et le dessous d’une autoroute surélevée.

La plateforme a une capacité de 1 500 kilos, ce qui permet d’accueillir jusqu’à six travailleurs ou de cumuler des débris. Un des défis techniques portait toutefois sur la réception du poids additionnel lorsque du béton friable ou de la glace sont retirés des parois. Pour accuser le coup avec un maximum de stabilité latérale, les concepteurs ont opté pour une suspension à ressorts, plus rigide qu’une suspension pneumatique. Bien qu’elle soit autonivelante lors des déplacements du mat, la surface de la plateforme peut être inclinée au besoin pour décharger des débris dans un camion, ce qui contribue à la conclusion rapide des travaux.

Un an et demi s’est écoulé entre la formulation du besoin et la livraison de la plateforme. Au total, 460 000 dollars ont été consacrés à la conception et la fabrication de l’équipement dont la durée de vie utile est estimée entre 13 et 15 ans. « On aurait pu acheter un véhicule conventionnel auprès d’une compagnie italienne, mais ça aurait été plus cher, dit Bruno Delage. Puis sur le plan du service après-vente, un bris mécanique à Montréal, ça n’empêche personne de dormir en Italie ! » rigole-t-il. Aujourd’hui, lorsqu’un glaçon se forme au-dessus du tunnel Louis-H. La Fontaine, une demi-heure suffit pour le déloger manuellement, puis libérer la voie.