1 mai 2012
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

Le projet de revitalisation du quartier Regent Park de Toronto a été sélectionné dans le cadre de l’Initiative des collectivités EQuilibriumMC, une collaboration entre Ressources naturelles Canada (RNCan) et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Cette initiative de démonstration de collectivités durables s’inscrit dans le programme écoACTION du gouvernement du Canada.

 

Un peu d'histoire

Situé dans la partie est du centre-ville de Toronto, Regent Park est le plus grand et le plus vieux quartier de logements sociaux au Canada. Érigé à la fin des années 1940, ses concepteurs d'origine portaient l'espoir qu'il pourrait offrir un environnement de vie riche et stimulant aux familles à faible revenu auxquelles il se destinait. Inspiré à l'époque des principes de la cité-jardin, le projet d'une superficie d'environ 280 000 m2 est alors caractérisé par de nombreux parcs et diverses allées piétonnes qui se substituent aux rues desservant traditionnellement un développement de cette envergure.

 

Au final, tel que le mentionne David Hulchanski, professeur associé et directeur du Cities Centre de l'Université de Toronto, l'absence de rues sillonnant le quartier, combinée avec un nombre restreint d'espaces commerciaux, a plutôt contribué à son isolement par rapport au reste de la ville. Véritables no man’s land, les espaces publics qui n'appartiennent alors, pour ainsi dire, à personne, deviennent des lieux propices à la prolifération du crime et du vandalisme.

 

Au début des années 2000, alors qu'il devenait nécessaire de renouveler le parc immobilier vieillissant composant Regent Park, la Toronto Community Housing Corporation saisit l'occasion de façonner un projet de revitalisation sans précédent visant à corriger certaines erreurs du passé et ainsi redorer l'image de l'un des secteurs les plus indésirables de la ville.

 

Revitalisation

Échelonnée sur 15 ans, la revitalisation de Regent Park permettra d'améliorer la qualité de vie de plus de 12 500 résidents. Ultimement, c'est plus d'un milliard de dollars qui seront investis afin de transformer ce quartier majoritairement composé de logements sociaux en une entité urbaine viable, caractérisée par une mixité sociale et d'usages. Complétée en 2009 et inspirée des meilleures pratiques en design urbain, la première phase de cette revitalisation comprend la réintroduction de carrefours routiers au sein du quartier et la construction de 670 logements offerts en copropriété ainsi que de 360 logements locatifs abordables pour des familles disposant d'un revenu faible ou modeste. En complément à ce volet résidentiel, la présence de garderies, de nombreux espaces communautaires et de plus de 2 500 m2 de locaux destinés aux commerces de détail et à divers services commerciaux assurent la mixité des usages.

 

Depuis le mois d'avril de la même année, la deuxième phase suit son cours et contribuera à ajouter, en plus d'un nombre important d'unités résidentielles supplémentaires, un centre aquatique et un parc localisé au coeur de Regent Park. Notons que les résidents ont pu participer à la mise en forme de cette deuxième phase grâce à un processus de consultation publique.

 

Le transport en commun, les lieux de travail des résidents, les services municipaux et les destinations quotidiennes étant tous accessibles à distance de marche, Regent Park se présente désormais comme un environnement de vie de grande qualité et à l'échelle humaine. En ce sens, afin de contrebalancer la forte densité d'occupation au sol inhérente à ce type de développement urbain, les concepteurs ont prévu une multitude d'espaces verts et bon nombre de toitures végétalisées. Concrètement, ces espaces verts contribueront aussi, en raison de leur perméabilité, à limiter le volume des eaux de ruissellement à 50 % de la moyenne annuelle des précipitations. Sur le plan énergétique, le projet vise une rationalisation globale se traduisant par une consommation énergétique de 40 à 50 % inférieure à ce que le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments prévoit. Cette cible de performance pourra être atteinte en partie grâce aux caractéristiques éconergétiques des bâtiments et à l'implantation d'un système collectif permettant d’utiliser des déchets commerciaux pour produire de l’énergie.

 

GlaxoSmithKline

En terminant, je profite de cette tribune afin de vous convier à la prochaine soirée/conférence organisée par la section de Québec du CBDCa qui se tiendra dans le nouvel édifice administratif de GlaxoSmithKline dans le Parc technologique du Québec métropolitain le 31 mai prochain. À cette occasion, Normand Hudon, architecte chez Coarchitecture, et Jacques De Grâce, ingénieur chez Pageau Morel, présenteront les stratégies architecturales et d'ingénierie qui contribuent à faire de cet édifice une référence architecturale incontournable en climat nordique. Pour plus d'information concernant cette activité, veuillez consulter le site internet de la section du Québec du Conseil du bâtiment durable du Canada.

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d'ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.

Section du Québec du Conseil du bâtiment durable du Canada

 

Cette chronique Vers un milieu de vie durable est parue dans l’édition du vendredi 27 avril 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !