Des végétaux aux oiseaux avec ÉcoBleu

6 février 2012
Par Benoit Poirier

Qu’ont en commun le Marché Central, l’aménagement du nouveau planétarium au Parc olympique, les villes de Montréal et de Québec, Athènes et la Bank of America ? Ils ont retenu les services d’Hydralis et son concept ÉcoBleu. Celui-ci permet des économies substantielles d’eau tout en offrant aux végétaux des conditions optimales à leur croissance.

 

Jusqu’à 70 % d’économie d’eau

Le système ÉcoBleu, conçu et développé par Hydralis permet d’économiser jusqu’à 70 % d’eau, comparativement à un système d’irrigation conventionnel.

 

Il s’agit d’une approche intégrée qui tient compte de la conception, des matériaux, de l’installation et du suivi, qu’il s’agisse de nouveaux aménagements ou de systèmes existants.

 

« Autrement dit, quand on fait la conception de nos systèmes d’irrigation, on y va toujours dans la perspective de donner aux plantes tout juste la bonne quantité d’eau. Le but est d’atteindre le maximum d’économie d’eau possible », explique le président fondateur de cette PME de Cap-Rouge, Guy Gauthier, à qui l’on doit le concept.

 

Il s’agit donc plutôt d’un concept que d’un système proprement dit. Et celui-ci évolue constamment. Les moyens utilisés peuvent inclure la récupération d’eau de pluie, l’utilisation de composantes fabriquées de matières recyclées, la séparation des vivaces et des annuelles, des bosquets, des haies et de la pelouse, de même que des zones ensoleillées et ombragées.

 

Peuvent aussi être installés des stations météorologiques dédiées, des détecteurs de fuite et d’humidité. On peut de plus avoir recours à des stations de mesure d’évapotranspiration et de systèmes de contrôle permettant l’arrosage sélectif des zones selon les besoins et les conditions, les types de terrains et de végétaux.

 

Des végétaux en meilleure santé

Les avantages sont nombreux. Mis à part une consommation optimale et responsable de l’eau potable, ÉcoBleu permet aussi des économies au niveau de la durabilité des équipements installés, voire du remplacement de végétaux morts ou malades en raison d’un arrosage inutilement abondant ou trop peu fréquent.

 

Sans compter que le fait de donner « la bonne quantité d’eau au bon moment, pas plus pas moins », ne peut être que bénéfique aux végétaux.

 

Une innovation récompensée

Le système ÉcoBleu valait à son concepteur et président d’Hydralis le prix du Ministre en horticulture ornementale dans la catégorie Produit horticole innovateur (entreprise). Cette distinction, la plus prestigieuse donnée dans le domaine de l’horticulture, était remise lors du gala de la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec (FIHOQ), en novembre 2009.

 

De concert avec la Coop fédérée, l’organisme remettait également au vice-président d’Hydralis, Christian Brunet, le Prix de la relève pour l’élaboration de deux programmes de formation à distance, le premier concernant l’installation de systèmes d’irrigation réellement adaptés au climat québécois, le second voué à l’entretien de ce type d’équipement. Les deux programmes sont accessibles en ligne depuis mars 2010.

 

Très actif dans son domaine et, entre autres, fondateur de l’Association Irrigation Québec, dont il présida les destinées ainsi que Christian Brunet, Guy Gauthier était par ailleurs choisi par ses pairs, lors du 25e congrès de la FIHOQ, comme l'entrepreneur ayant le plus contribué au développement de l'irrigation au Québec.

 

Précurseur et proactif

Hydralis a été fondée en 1986, en Mauricie, dans la foulée des Floralies internationales de Montréal de 1980, alors que l’industrie horticole était en pleine effervescence.

 

« Dans les systèmes d’irrigation que nous concevons, on a toujours fait en sorte d’aller dans une perspective de développement durable. Autrement dit, d’économiser au maximum l’eau potable à l’aide de toutes sortes de bidules, qu’on intégrait, qu’on faisait venir d’Israël, des États-Unis, explique Guy Gauthier. Puis on s’est dit qu’il faudrait trouver un branding, une marque à cette démarche-là. »

 

Parmi les rares à installer des détecteurs de pluie, dès sa fondation, et longtemps la seule au Canada à poser des détecteurs d’humidité, l’entreprise offre aujourd’hui une gamme étendue de services dans les domaines de l’irrigation, du drainage et de l’éclairage. Environ 85 % des activités de l’entreprise (60 % en ce qui concerne ÉcoBleu) se concentrent dans les secteurs municipal, institutionnel et industriel.

 

Les services offerts vont de la conception à l’installation de systèmes d’irrigation en passant par l’analyse des sols et le calcul de la pluviométrie, le calcul précis du besoin en eau des plantes selon le type de sol, l’ensoleillement, l’exposition au vent, le type d’aménagement, l’intégration des systèmes aux normes LEED, voire un service de veille par courriel, ceci pour chacun des mois de la saison estivale.

 

Car les besoins en eau des plantes varient considérablement d’un mois à l’autre, ce dont ne tiennent pas compte les systèmes d’irrigation conventionnels qui sont « programmés au printemps en fonction de la pointe du mois de juillet ».

 

Mais l’entreprise agit de plus en plus à titre de consultant, comme c’est le cas pour le Marché Central et le projet du Planétarium Rio Tinto Alcan. Elle assure alors la réalisation des plans et devis, la gestion du processus d’appels d’offres, la surveillance de chantiers et la formation de superviseurs.

 

De plus en plus d’adeptes

Plus de 13 km de micro-irrigation contrôlée par quatre détecteurs à double électrode, à l’édifice Marie-Guyart du complexe G, la nouvelle pépinière du Centre Jardin de l’Aéroport de Québec, la promenade Samuel-De Champlain, la colline Parlementaire et la mise à niveau des principaux systèmes d’irrigation de la Capitale nationale comptent parmi les réalisations pour lesquelles les services d’Hydralis et son concept ÉcoBleu ont été retenus.

 

L’entreprise a également été mandatée par les villes de Saguenay, Baie-Comeau, Lévis, le Casino de Mont-Tremblant (projet LEED) et de Montréal. Alors que les divers arrondissements insulaires n’ont confié aucun mandat à Hydralis l’an dernier, cinq sont prévus pour le printemps 2012.

 

Il en est de même du côté du futur Planétarium Rio Tinto Alcan, projet qui vise la certification LEED, niveau Platine. Ici, Hydralis a recours à un système exclusivement de micro-irrigation avec de l’eau recyclée à 100 % — comme c’est le cas au Casino de Mont-Tremblant. Entamés l’automne dernier, les travaux se poursuivront à l’été 2012.

 

Ceux qui font présentement appel aux services de l’entreprise le font souvent pour des projets d’envergure comme celui du planétarium, dont la vocation même commande l’installation d’équipement d’avant-garde.

 

« Est-ce nécessaire d’être LEED platine ? Non. Économiquement, ça ne se défend pas. Mais c’est un geste quasiment politique et environnemental que les promoteurs ont décidé de prendre, parce qu’ils trouvent important de poser ce geste », avance Guy Gauthier.

 

Une vitrine, mais surtout des résultats tangibles

C’est le cas au Marché Central de Montréal (1,2 km de long) où le gestionnaire Bentall-Kennedy (qui jouit d’une réputation enviable en ce qui a trait au développement durable) a retenu les services d’Hydralis, à titre de consultant.

 

Elle avait pour mandats l’implantation d’un système de gestion centralisée d'arrosage IQ v2.0 de Rain Bird à la grandeur du site, l’installation d’une station météo dédiée fonctionnant à l'énergie solaire et de détecteurs de fuites pour chacun des secteurs et, enfin, la reconfiguration complète du système d'arrosage installé en 2004 dans la phase I du Marché, en ayant notamment recours à la micro-irrigation.

 

Résultat ? L'efficacité de cette technique s'élève à plus de 90 %, comparativement à 60 % pour l'irrigation ordinaire. « Simplement avec des mesures de reprogrammation, on a noté d’emblée une économie de 45 % d’eau. Avec la station météo, cette efficacité pourrait atteindre 70 % », soutient Guy Gauthier.

 

Des échos jusqu’en Asie

Nulle surprise si les contrats d’installation de systèmes d’irrigation effectués dans le cadre des Internationales de Mosaïculture de Shanghai, en 2006, pour le compte de trois participants, soit le Nouveau-Brunswick, Athènes et Montréal (lauréat du grand prix), ne soient pas passés inaperçus.

 

« On n’a pas de visée internationale. Mais ce que nous faisons comme projets, c’est beaucoup regardé aux États-Unis et en France. Par exemple, je suis allé passer une semaine pour une formation sur les contrôles avancés par satellite et je sais que ce qu’on a fait au Marché Central a eu un écho jusqu’en Europe, mentionne-t-il. Ce que ça va donner, je ne le sais pas. »

 

Malgré certains contrats réalisés outre-frontières tels que la micro-irrigation d’un verger industriel en Russie et d’un mur végétal au siège social de la Bank of America, à Manhattan, le marché international demeure restreint. Toutefois la demande, elle, ne cesse de croître.

 

Dans le secteur institutionnel, particulièrement dans la conception de gros projets, la préoccupation pour le développement durable n’est plus une option, affirme Guy Gauthier.

 

« C’est entré dans les mœurs, alors que, par contre, dans le domaine commercial, comme dans le cas des copropriétés, le prix est plus important que tout. Car personne ne paie son eau au Québec, sauf exception. Alors, il n’y a pas d’avantages pécuniaires. » Pour l’instant du moins.

 

Entre-temps, Hydralis continue à mettre à contribution ses recherches et son expertise pour proposer des systèmes de plus en plus performants tels des systèmes de contrôle à distance et à grande échelle.

 

Assurément, l’avenir s’annonce de plus en plus d’un vert… gorgé de moins en moins de bleu.