Tombé en désuétude en 2011 à la suite de la relocalisation de ses activités dans le nouveau Planétarium Rio Tinto Alcan au Parc olympique, ce lieu consacré jadis à la découverte astronomique et à l’exploration spatiale brille maintenant de mille feux.
Devenu le Centech de l’École de technologie supérieure (ÉTS), l’iconique Planétarium Dow se taille une place de choix dans le paysage architectural montréalais.
Lorsque la Ville de Montréal a cédé le bâtiment à l’ÉTS, en 2013, une seule condition devait être respectée : la conservation de l’enveloppe extérieure. Cela laissait tout de même le champ libre pour transformer l’espace intérieur de 2 000 mètres carrés qui serait désormais destiné au coaching entrepreneurial par sa filiale Centech. Une profonde réflexion sur la conservation et la remise en valeur des traits caractéristiques du bâtiment a tout de même été nécessaire.
« La commande architecturale imposait certaines contraintes pour respecter l’oeuvre des concepteurs initiaux, les architectes David, Barott et Boulva. Mais elle offrait aussi l’occasion de la faire renaitre sous de nouvelles perspectives intérieures pour en faire un lieu mémorable », confie Julie Morin, architecte associée chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes (MSDL).
Et la lumière fut
Le premier volet de cette tâche consistait à trouver les réponses à toutes les questions sur l’état de santé et les capacités de la structure existante, confie pour sa part l’ingénieur en structure associé chez SDK, Pierre Malenfant. « Par exemple, quoi faire avec la voute du dôme ? Est-ce qu’on peut y accrocher des systèmes d’éclairage suspendus ? Peut-on faire une ouverture au sommet du dôme ? Bref, plusieurs questions ont nécessité des études sur les plans structural et des couts pour valider la faisabilité des options. »
Très rapidement, il est devenu évident que la préservation de l'architecture du bâtiment tout en y faisant entrer la lumière allait représenter un défi de taille. « Il fallait transformer ce lieu fermé et obscur destiné à l’observation en un lieu ouvert et transparent voué à l’action », résume Julie Morin.
Quatre ouvertures ont donc été percées pour faire entrer la lumière naturelle, soit deux fenêtres sur les façades ouest et est dans la partie supérieure et deux portes d’entrée en mur-rideau sur les façades nord et sud dans la partie basilaire. « Ces ouvertures ont été créées dans des parois en retrait sans altérer l’enveloppe originale ni la forme du bâtiment », assure l’architecte.
Par ailleurs, les cloisons principales situées au coeur du bâtiment ont été conçues sur mesure en verre courbe pleine hauteur afin de permettre à la lumière fournie par les nouvelles ouvertures de pénétrer partout dans le bâtiment. Il a également été décidé de construire une vaste mezzanine à l’étage, sous le dôme dégarni, en s’assurant du transfert des charges au plan structural, ainsi que deux escaliers autoportants en forme arrondie, construits en bois lamellé-collé.
En ce qui concerne l’intérieur du bâtiment, les concepteurs ont pris le parti de tout démolir, les murs et les plafonds, et de mettre en valeur la structure de béton, saine et solide, la charpente cylindrique et le dôme. Cet exercice a d’ailleurs permis à l’ingénieur Pierre Malenfant de constater que le bâtiment en béton, fondé sur des pieux solides, était resté droit comme un chêne et ce, en dépit de l’affaissement du sol sous le Planétarium en raison de la nature du site, au remblai non compacté traversé par une ancienne rivière. « Encore là, ajoute-t-il, on a dû résoudre des problèmes de transfert des charges en fonction de la capacité des fondations existantes pour les reprendre. »
Place à l’innovation
Comme les cloisons ont toutes été démolies et désamiantées comme il se doit, y compris la chape de béton sur la dalle du plancher, les concepteurs en ont profité pour innover. « D’abord, en coulant en séquences une nouvelle chape de béton dont la recette spéciale inclut des macrofibres, divers adjuvants et de la silice, explique l’ingénieur
Pierre Malenfant. Celle-ci ne comporte pas de joints de contrôle de fissuration apparents afin d’obtenir un fini uni très lustré par un polissage au diamant. Les seuls joints créés lors des différentes séquences de coulée, révèle-t-il, sont dissimulés sous les nouvelles cloisons. »
Les concepteurs ont dû également résoudre le passage des nouveaux conduits de chauffage, de ventilation, de l’électricité et de la plomberie à travers la dalle du plancher en évitant l’ajout de renforts structuraux, puisque les équipements électromécaniques ont été relocalisés dans le vide sanitaire sous le bâtiment.
Fait intéressant, toutes ces transformations au plan structural ont été conçues à partir d’une modélisation des données du bâtiment en 3D (BIM) par la firme SDK, puisque l’ÉTS l’avait également mandatée pour remodeler les plans d’origine confectionnés sur papier dans les années 1960.
- 2019 Grands Prix du génie-conseil québécois, catégorie PME génie-conseil
- 2019 Prix Restoration & Renovation, Architecture MasterPrize
- 2019 Prix Educational Buildings, Architecture MasterPrize
- 2018 Grand Prix, Grands Prix du Design
- 2018 Prix Établissement institutionnel, Grands Prix du Design
- Propriétaire : École de technologie supérieure (ÉTS)
- Architecture : Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes (MSDL)
- Architecture de paysage : NIPpaysage
- Ingénierie structure : SDK
- Ingénierie électromécanique : Bouthillette Parizeau
- Entrepreneur général : QMD
Cet article est tiré du Supplément thématique – Bâtiment 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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