15 décembre 2023
Par Émilie Lavergne

Le Groupe Moreau, une entreprise abitibienne spécialisée en infrastructures industrielles, compte aujourd’hui plus de 1 500 employés répartis au Canada et, bientôt, en Amérique du Sud. Mais comment cette entreprise a-t-elle réussi une si importante expansion ?

Alors qu’il a fondé son entreprise en 1977 en s’adjoignant deux partenaires, on pourrait croire que la retraite dorée pourrait lui plaire. « Achalez-moi plus avec ça ! », lance-t-il d’un ton rieur. « Mon plaisir c’est de faire le tour le matin pour serrer la main des employés afin de les remercier d’être là. »

 

Au coeur des valeurs de son entreprise trône le respect, sous toutes ses formes. L’égard pour les clients auprès desquels il lui importe de tenir ses engagements et même à en faire toujours un petit peu plus; le respect envers ses employés, ceux qui sont le moteur de son entreprise; autant que celui envers les multiples partenaires avec qui l’entreprise traite.

 

« Le service que tu rends à ton client, quand tu prends le temps de bien le faire et même d’en faire un petit peu plus, c’est un peu une façon de signer le prochain contrat avec lui. Ç’a toujours été notre façon de faire », explique-t-il.

 

Oser se diversifier

En 1979, le Groupe Moreau décrochait son premier gros contrat à la mine Noranda. Ce mandat l’amènera à y passer plusieurs années alors que la mine reconvertit son système électrique. « On a commencé avec trois camions pour trois hommes, puis chaque année on achetait d’autres camions et d’autres équipements », raconte l’entrepreneur.

 

Pendant une dizaine d’années, l’entreprise a pris de l’expansion et acquis un savoir-faire dans les milieux minier et industriel. L’entrepreneur a ainsi pu développer son expertise liée aux travaux électriques dans le secteur des mines. Cependant, au tournant des années 1990, le secteur industriel de la région connaît un ralentissement, ce qui pousse Jean-Yves Moreau à ajouter des cordes à l’arc de son entreprise.

 

Le Groupe Moreau développe ainsi ses services de plomberie, de tuyauterie, de mécanique, de soudure, de structure d’acier et de grues, puis il se tourne vers d’autres régions, dont l’Outaouais et l’Ontario. « Nous sommes devenus multidisciplinaires et nous avons exporté notre savoir ailleurs », raconte-t-il.

 

Savoir s’implanter

« J’aime ça quand ça grouille ! » répond Jean-Yves Moreau lorsqu’on lui parle de sa capacité à se renouveler et à franchir les barrières sur son chemin. Pour s’implanter dans une autre région ou un autre pays, il affirme qu’il est essentiel d’y avoir une présence sur le terrain. « Il faut y louer des locaux, envoyer de nos employés sur le terrain, bâtir des partenariats avec les entreprises, les syndicats, les gens de la place. Tu ne peux pas arriver avec tes gros sabots quelque part ! », fait valoir le président de l’entreprise. Le fait d’être originaire d’une région comme l’Abitibi a, contrairement à ce que l’on pourrait croire, été une chance pour cette entreprise ayant connu une étonnante expansion. Son président explique que les gens des régions plus éloignées sont peut-être davantage habitués à trouver des solutions de rechange ou encore à faire de la route pour arriver à leurs fins. « Les services sont parfois plus loin. Ce n’est pas rare de voyager de longs trajets, alors nous n’avons pas le choix d’être organisés. »

 

Autour de 2005, le travail minier reprend du galon et c’est maintenant avec plus de cinq bureaux au Canada que le Groupe Moreau fonctionne. « On commence à regarder du côté de l’Amérique latine; la pandémie nous a ralentis de ce côté, mais on regarde les projets miniers là-bas. » Malgré les 45 années d’entrepreneuriat derrière lui, Jean-Yves Moreau affirme que son plus gros défi est celui qui se déroule en ce moment du côté de l’Ontario avec I Am Gold Corporation et le projet Côté Gold.

 

C’est maintenant 1 500 personnes et quelque 200 sous-traitants qui gravitent autour du Groupe Moreau. Il souligne aussi que d’avoir travaillé à l’occasion des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 a été toute une fierté.

 

Comme une famille élargie

« Faire de l’argent c’est une chose, mais la richesse humaine c’est encore plus précieux », confie celui qui travaille maintenant avec ses enfants et certains neveux dans la compagnie. Pour Jean-Yves Moreau, le fait de passer chaque jour sur le terrain, saluer ses employés et les remercier pour leur travail renforce un sentiment d’appartenance. Son rôle est maintenant celui de motivateur, comme il se plaît à le dire. « Et puis, comme on dit, le bon monde amène le bon monde. Alors nous avons beaucoup de bon monde ici ! », conclut-il en riant.