Alors que la pénurie de main-d’oeuvre s’accentue au Québec, les employeurs se livrent une bataille sans merci pour recruter les candidats. Plus que jamais, leur arme la plus redoutable est le marketing en ressources humaines (RH).
Situé à la jonction du marketing et des ressources humaines, le marketing RH vise à créer une marque employeur assez forte pour attirer les candidats vers son entreprise et également à fidéliser ses employés. Boudée par plusieurs entreprises ces dernières années, cette technique marketing est désormais un incontournable pour se démarquer sur le marché du travail, estime Marie-Ève Dufour, professeure agrégée au Département de management de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval.
« L’entreprise doit être capable de mettre de l’avant ce qui la rend distinctive et cela passe par la marque employeur qui est extrêmement importante. Elle doit être forte, dynamique et visible, en plus de refléter les valeurs et les actions de l’entreprise », souligne-t-elle. Didier Dubois, cofondateur de la firme spécialisée en marketing et en ressources humaines HMR Groupe, est du même avis. « Les méthodes traditionnelles sont de moins en moins performantes. Il faut donc utiliser des méthodes de marketing », explique-t-il.
Pour ce faire, l’employeur doit agir en trois temps. Tout d’abord, il doit définir ce qu’il est, en plus d’établir ce qu’il a à offrir. « Simplement dire : j’offre tel salaire et tels avantages sociaux, ce n’est plus suffisant. Il y a tellement une offre importante sur le marché que les gens ne regardent plus que ça. » Deuxièmement, l’employeur doit bâtir son message en racontant des histoires vraies ou en portrayant son équipe. Par exemple, il peut raconter qu’un employé s’est développé au sein de l’entreprise et occupe maintenant le poste de directeur.
Finalement, le message doit être largement diffusé. « Les réseaux sociaux, comme Facebook et LinkedIn, sont des incontournables pour faire la promotion de la marque », souligne Marie-Ève Dufour.
Quoi écrire dans l’offre d’emploi ?
Le site web de l’entreprise est aussi un outil efficace pour recruter les candidats… à condition qu’il soit mis à jour et qu’il y ait une page qui parle de l’emploi. « Sur le Web, beaucoup d’entreprises n’ont pas de section emplois. Il faut pourtant montrer au candidat ce qu’il va vivre comme expérience s’il vient travailler chez vous », explique la spécialiste.
Même chose pour une offre d’emploi : ceux qui la lisent doivent pouvoir s’imaginer évoluer au sein de l’entreprise. « La plupart des entreprises vont juste copier-coller la description de tâches. Cela ne permet pas de se différencier des autres », affirme Didier Dubois. Mais concrètement, que doit contenir l’offre d’emploi pour attirer la main-d’oeuvre tant convoitée ? « Le climat de travail doit ressortir de l’offre, répond le stratège en marketing RH. La flexibilité des horaires et la possibilité de concilier travail-famille sont également des éléments très importants. » De son côté, Marie-Ève Dufour Dufour ajoute que l’employeur a tout intérêt à mettre de l’avant les possibilités d’avancement, le développement des compétences ainsi que la responsabilité sociale qui inclut l’équité, la diversité et l’inclusion.
Et le salaire dans tout cela ? Il serait moins important qu’on pourrait le croire. « L’aspect salarial, c’est attirant à court terme. Mais à long terme, il ne va pas nécessairement motiver la personne. En contrepartie, la culture organisationnelle, le style de leadership, le besoin d’affiliation et de se sentir connecté à un groupe sont très importants », souligne Jenny Ouellette, présidente et cofondatrice de BonBoss.
Néanmoins, même sans équipe dédiée au marketing RH, de petites entreprises qui ont moins de moyens peuvent réussir à tirer leur épingle du jeu dans ce marché compétitif du recrutement. « Une organisation, peu importe sa taille, est capable de faire ressortir ses atouts dans son offre d’emploi et sur son site web. Par contre, il faut absolument avoir un site internet qui reflète bien l’organisation et des réseaux sociaux dynamiques », termine Marie-Ève Dufour.
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2021. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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