Le parcours inspirant d'une entrepreneure en construction

6 janvier 2023
Par Sandra Soucy

Dotée d'une détermination qui ne connait pas de frontières et d'un sens inné pour l'entrepreneuriat, Isabelle Côté trace son chemin avec fougue et aplomb sur l'échiquier de l'industrie de la construction.

Inspirante à plus d’un titre, celle qui fait partie des sept entrepreneurs qui ont été nommés Entrepreneurs de l’année EY 2022 du Québec est une véritable self made woman pour qui le développement de son entreprise loge au coeur de sa mission. Depuis ses débuts, en 2006, au sein de l’organisation qui l’embaucha sur-le-champ, jusqu’à son ascension fulgurante qui la propulsa aux tout premiers rangs de l’industrie du coffrage, Isabelle Côté prend la mesure, non sans fierté, du chemin parcouru : « D’entrée de jeu, le fondateur de l’entreprise à l’époque m’a dit : “Je ne sais pas ce que tu veux faire, mais je sais que j’ai besoin d’aide. Peux-tu commencer lundi ?” Ça peut paraitre invraisemblable, mais c’est comme ça que cela s’est passé ! C’est sous le signe de la confiance que j’ai grandi au sein de la société et j’ai vite compris qu’on laissait de la place aux gens qui montraient de l’intérêt, qui avaient une passion et qui voulaient grandir et évoluer. La confiance que l’on accorde à nos gens et à leurs capacités, voilà encore à ce jour le facteur clé de notre succès ! »

 

Pour bien mettre les pendules à l’heure, Isabelle Côté tient à préciser qu’elle n’a pas gravi les échelons chez Coffrages Synergy; elle les a plutôt construits, un à un, en développant conjointement les départements avec les différents acteurs présents sur le terrain. « Depuis mon arrivée chez Coffrages Synergy, nous sommes passés de 25 employés à près de 1 500 passionnés qui travaillent d’arrache-pied, au quotidien, afin de faire de notre industrie de la construction un endroit meilleur pour s’épanouir professionnellement ! »

 

Changer positivement l’industrie de la construction

C’est avec audace que la femme d’affaires au flair aiguisé plonge tête première dans l’aventure et propulse l’ambition de redonner ses lettres de noblesse à l’industrie de la construction qui, encore à ce jour, a du mal à défendre son image. « C’est une industrie qui a été plutôt malmenée, déplore Isabelle Côté. Alors que le parcours universitaire a beaucoup été valorisé, le cas des métiers manuels, lui, en a pris pour son rhume. En fait, je rêve que les jeunes viennent sur les bancs d’école pour étudier les métiers de la construction, afin qu’ils en tirent une véritable fierté. »

 

L’autre motivation de la PDG puise sa source dans la féminisation du leadership, un enjeu dont l’approche humaine lui est chère. « Participer au deuxième symposium de l’Alliance sur la féminisation du leadership, qui regroupe près de 250 leaders provenant de tous les milieux, c’est vouloir atteindre plusieurs sphères de la société afin qu’elles se recoupent pour régler une fois pour toutes la question de la féminisation du leadership. Je me suis portée volontaire auprès du comité construction et immobilier pour amener les gens à avoir une perception différente de notre industrie. Et quand je veux quelque chose, ça se réalise », déclare-t-elle sans ambages.

 

Favoriser la mixité comme vecteur de progrès

Qu’on se le dise : le moment n’aura jamais été aussi opportun pour les femmes qui veulent intégrer l’industrie de la construction. À ce propos, celle qui oeuvre depuis bientôt deux décennies au sein de ce bastion jadis presque exclusivement masculin prend appui sur le principe de la complémentarité des sexes pour faire la promotion de la féminisation comme une « chance » à saisir. « Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre comme nous le connaissons, les hommes sont non seulement fin prêts à accueillir les femmes, mais ils les réclament ! Cependant, elles tardent encore à venir alors que le timing est là. J’encourage toutes les femmes à intégrer cette magnifique industrie qui a besoin d’elles, de leurs qualités complémentaires. Il y a encore beaucoup de place pour l’innovation et la créativité pour façonner un environnement plus humain. Tous les vieux paradigmes sont tombés les uns après les autres et nous sommes en train de créer quelque chose de complètement nouveau et de tout à fait stimulant, même si le chemin n’est pas tout tracé d’avance. »

 

Force est de constater que le facteur humain revêt pour elle une importance majeure : « Ce qui me motive et me passionne le plus, c’est de m’assurer que tous mes gens sont sur leur X pour qu’ils puissent évoluer, et ma principale préoccupation est de savoir : “Qu’est-ce que je peux faire pour que mon équipe soit heureuse de venir travailler le lundi matin et qu’elle conserve le même sourire le vendredi, au départ ?” Et pour atteindre cet objectif, il suffit de commencer par un humain à la fois. »

 

Animée d’un fort esprit d’équipe, Isabelle Côté a tôt compris l’importance de s’entourer de gens compétents pour la soutenir dans la réussite. Elle confie avoir pris son envol dans un environnement qui n’a pas tenu compte du fait qu’elle était une femme, et ce, malgré une industrie qui est encore pensée au masculin. « Chez nous, souligne-t-elle, l’inclusion a toujours fait partie de nos valeurs; les plafonds de verre n’existent pas ! »

 

Apprendre de ses erreurs

L’écoute active, sincère et empathique constitue un atout précieux pour tout gestionnaire qui se respecte et on ne saurait trop insister sur son importance. Isabelle Côté a vite saisi que le concept d’intelligence émotionnelle est un élément fondamental du leadership. « Au cours de ma carrière, j’ai appris à mes dépens qu’il y a une ligne très mince entre l’intelligence émotionnelle et la volonté de toujours aller à son propre rythme. Et comme ça va très vite dans ma tête, me voilà déjà quatre pas en avant ! Subséquemment, j’ai dû m’ajuster afin de prendre le bon rythme avec mon interlocuteur pour qu’il ne se referme pas et qu’il arrête d’écouter. Dès cette prise de conscience, j’ai réalisé la puissance de cet outil qu’est la compréhension mutuelle, en y allant une étape à la fois, pour que l’on puisse grandir plus vite, avec bienveillance, ensemble. »

 

De ce fait, cette présidente directrice générale veille à structurer et à organiser méticuleusement son entreprise. « Il s’agit d’abord d’une structure qui est tournée vers l’organisation et la prévention plutôt que vers la réaction, précise-t-elle. Nous travaillons énormément en planification, ce qui laisse beaucoup de place pour gérer les imprévus et réduire les risques. Nous sommes le leader qui tire tous les autres corps de métiers vers le haut. Notre position sur le chantier est déterminante dans le cheminement du projet, donc, toute cette planification en amont nous permet de non seulement respecter les échéanciers, mais souvent de les réduire et d’augmenter notre niveau de qualité. »

 

La technologie au service des humains

Du point de vue d’Isabelle Côté, force est de constater que l’enjeu principal dans l’industrie de la construction ne réside pas du côté des savoir-faire, mais relève plutôt de l’ordre des compétences transversales (soft skills). « Le défi sera de s’assurer que l’on communique clairement et efficacement avec son interlocuteur. Nous avons ainsi développé une application qui nous permet de mettre la technologie au service des humains à l’aide d’un outil de communication interne qui donne accès à un fil d’actualité. Cela participe à créer une communauté au sein de notre entreprise. Je suis persuadée qu’il faut intégrer la technologie au sein des métiers manuels pour s’assurer que l’on pourra intéresser la nouvelle main-d’oeuvre. L’humain a besoin de sentir qu’il fait partie de quelque chose de plus grand que lui-même. Il faut absolument que l’on reconnecte les mondes, les classes sociales et les rôles dans une entreprise, conclut-elle. Il faut se rapprocher et le faire d’une manière ludique. S’amuser. Le bonheur au travail, c’est simple quand on y pense ! »

 

ISABELLE CÔTÉ EN QUELQUES CITATIONS

« Être entrepreneur, ce n’est pas une question d’ego. C’est une question de savoir s’entourer des meilleurs, car c’est ainsi qu’on devient meilleur. »

« L’ingrédient clé, c’est-à-dire l’ingrédient du succès, c’est d’avoir la capacité de voir les talents et de voir la passion qu’ont les gens à s’engager dans quelque chose de plus grand que soi. »

« Une chose très importante que je demande à tous ceux qui font partie de mon équipe, c’est d’être, au quotidien, une meilleure version d’eux-mêmes. Et ça, c’est pas mal plus facile que d’être meilleur que le voisin ! »