Éviter les chutes de même niveau que le sol

29 septembre 2021
Par Jean Garon

Les chutes de travailleurs au même niveau que le sol sont très fréquentes sur les chantiers de construction et causent de nombreuses blessures. Tout comme pour les chutes de hauteur, elles doivent retenir encore l’attention du monde de la construction pour que celui-ci puisse en diminuer les risques en adoptant des mesures préventives.

Les sources de risques de chute de même niveau sont facilement repérables sur un chantier. Les moyens d’en réduire les risques sont aussi connus. De nombreuses causes ont été identifiées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

 

D’abord, l’encombrement des lieux de travail peut engendrer des accidents. Un entreposage ou un empilage inadéquat des matériaux et des équipements serait donc à proscrire des chantiers. L’obstruction des voies de passage et de circulation des travailleurs par des obstacles, tels que des câbles, des rallonges électriques, des tuyaux, des pièces en saillie, ou par des débris peut effectivement provoquer des chutes si les travailleurs trébuchent sur ces entraves.

 

L’état du sol sur lequel les travailleurs s’affairent ou se déplacent est aussi important à contrôler. Des surfaces inégales, irrégulières ou bosselées, par exemple, entrainent des risques de chute, tout comme la présence de revêtements de sols mal fixés ou endommagés. Les substances glissantes sèches, telles que la poussière et le bran de scie, et liquides, comme l’huile ou l’eau, doivent aussi être éliminées. Les conditions météorologiques doivent donc être surveillées afin d’éviter l’accumulation de pluie, de glace et de neige.

 

Finalement, aussi bête que cela puisse paraitre, un éclairage adéquat des lieux de travail doit être assuré afin que les travailleurs puissent voir les entraves qu’ils pourraient rencontrer sur leur passage.

 

Des mesures préventives simples

Selon la CNESST, « Les employeurs ont la responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs. Ils peuvent prendre différents moyens pour se conformer à cette exigence présente à l’article 51 de la Loi sur la santé et la sécurité au travail (SST)». La planification d’inspections régulières du chantier pour détecter et corriger les situations pouvant causer une chute de même niveau, l’anticipation des procédures de travail pour gérer les déversements accidentels, l’installation de repères visuels pour signaler la présence de dénivelés, la prévision de l’épandage d’abrasifs au niveau des voies d’accès et de circulation durant la période hivernale ainsi que le fait d’informer adéquatement les travailleurs sur les risques de chutes de même niveau et les moyens à prendre afin de les prévenir consistent en différentes mesures pour réduire ce genre de risque.

 

SATRA : appareil pour mesurer la résistance au glissement entre une chaussure et une surface glacée.. Crédit : Gracieusté

 

Rappelons sur ce point que le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC) contient plusieurs exigences spécifiques en lien avec la prévention des chutes de même niveau qui doivent être appliquées autant par les employés que par les employeurs. Il en va de même pour le guide de prévention publié en 2020 portant sur « La tenue des lieux » publié par l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du secteur de la construction (ASP-Construction).

 

La sécurité aux pieds

Outre les mesures préventives sur la tenue des lieux, le port d’un équipement de protection individuelle (ÉPI) adéquat peut contribuer largement à réduire les risques de chutes, en l’occurrence les chaussures de travail. Plusieurs organismes voués à la santé et à la sécurité du travail ont effectué des travaux de recherche sur le sujet et diffusent de l’information en lien avec la prévention de blessures résultant de chutes de même niveau. C’est le cas, entre autres, de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires municipales (APSAM). L’organisme a publié une fiche sur les moyens de prévenir les chutes et les glissades avec des chaussures appropriées aux types de surfaces.

 

C’est aussi le cas de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) qui a préparé une fiche de référence en 2016 intitulée « Comment choisir une chaussure de travail antidérapante ». Ce premier fascicule identifié par le numéro de référence RF-943 propose une démarche à suivre, en quelques étapes, « qui permettra de sélectionner des chaussures qui tiennent compte de l’ensemble des besoins du travail et qui peuvent réduire les risques de glissade ».

 

D’autres essais sur des chaussures d’hiver

Des travaux de recherche ont d’ailleurs été menés récemment par l’IRSST, conjointement avec l’Institut de recherche KITE de Toronto, pour comparer des méthodes d’essai permettant de déterminer la résistance au glissement des chaussures sur des surfaces enneigées et glacées. On y a d’abord évalué la méthode d’essai mécanique à l’aide de deux testeurs de résistance au glissement SATRA. Dans une deuxième phase, les chercheurs ont comparé la méthode avec des sujets humains exposés à des conditions hivernales dans la chambre inclinable du Winterlab de l’Institut KITE, afin de tester l’angle maximal de résistance au glissement.

 

Chantale Gauvin, professionnelle scientifique à l’IRSST. Crédit : IRSST

 

Selon l’ingénieure Chantale Gauvin, professionnelle scientifique à l’IRSST, l’objectif consistait à améliorer les méthodes d’essai pour qu’elles soient acceptées éventuellement par des comités de normalisation et utilisées par des fabricants de chaussures de travail. Un rapport serait publié sous peu par l’IRSST sur les résultats de ce projet de recherche.

 

En terminant, la professionnelle scientifique invite les personnes intéressées à visiter le site Web ratemytreads.com/fr de l’Institut KITE, où sont évalués plus de 270 modèles de bottes et de chaussures pour l’hiver, dont 91 sont des modèles de sécurité. Un bon point de départ pour connaitre les meilleures chaussures d’hiver, surtout quand on sait que 67 pour cent des bottes qui y ont été testées n’ont pas obtenu une recommandation pour des surfaces glacées.