Longtemps laissée pour compte par les manufacturiers de véhicules lourds, l’ergonomie, cette science qui consiste à adapter l’activité, les instruments et l’espace de travail à l’homme, revêt aujourd’hui une toute autre importance quand vient le temps de magasiner de la machinerie.
À de nombreux égards, les véhicules lourds adaptés aux besoins spécifiques de l’opérateur représentent un atout inestimable, tant pour le bon rendement de la machinerie que pour la sécurité des gens qui s’activent à proximité de cette dernière. Qui plus est, l’ergonomie fait en sorte qu’un véhicule offre un meilleur rendement et une meilleure productivité.
Quiconque étant appelé à oeuvrer dans un véhicule sur une base quotidienne et prolongée est conséquemment à risque d’en ressentir des effets secondaires. Lorsque les points de contact du corps humain sont sollicités de manière continue et répétitive, la circulation sanguine devient moins fluide au niveau des extrémités. C’est entre autres pour cette raison que les manufacturiers apportent aujourd’hui un soin particulièrement accru aux caractéristiques de conception des habitacles.
Ainsi, le confort de l’opérateur est maintenant mis de l’avant et permet du même coup des gains en temps et en main d’oeuvre, tout en réduisant de manière substantielle les potentiels arrêts de travail liés aux microtraumatismes divers. De cette manière, en ajoutant des systèmes d’ajustements ergonomiques qui permettent à la personne qui se trouve aux commandes d’un véhicule de maintenir une meilleure posture, on parvient à limiter d’éventuels problèmes de santé qui pourraient affliger cette dernière; des problèmes tels que des crampes aux pieds ou aux jambes, des douleurs au niveau du dos, du cou, des bras ou encore des épaules. En prime, le stress et la tension s’en voient réduits. Tous ces facteurs font en sorte que l’opérateur ressent moins la fatigue et maintient un meilleur niveau de concentration, deux aspects déterminants dans un bon pourcentage d’accidents de travail.
Pour arriver à maximiser l’ergonomie d’un véhicule, il existe maintenant une panoplie d’options mises à la disposition de l’utilisateur qui lui permettent d’ajuster son équipement de travail selon sa taille et sa carrure et ainsi éviter des limitations physiques potentielles. Par exemple, l’écran de contrôle de l’opérateur peut se positionner à différentes hauteurs selon les besoins. Il en va de même pour le siège, qui peut être paramétré dans tous les axes possibles (en hauteur, en angle, en inclinaison ou en distance) afin de maximiser le confort, par exemple en s’adaptant à la longueur des bras ou en laissant suffisamment d’espace de dégagement pour les jambes. Chaque paramètre a son importance et possède une multitude de caractéristiques dont il faut tenir compte. L’assise, soit le coussin du siège, est-elle ajustable ? Sa forme est-elle adaptée afin d’offrir une distribution du poids également répartie ? Le rembourrage du siège assure-t-il un confort au niveau thermique ? Offre-t-il trop de friction ? Le dossier assure-t-il assez de soutien aux hanches et aux épaules ? Peut-on apporter un ajustement au niveau des lombaires ? L’appuie-tête est-il adéquatement positionné ? Ce sont-là des aspects qui doivent impérativement être pris en compte dans le volet conception de la machinerie.
L’insonorisation des cabines et la réduction de la vibration sont aussi des éléments non négligeables qui viennent ajouter au bien-être de l’opérateur et augmentent du même coup le niveau de concentration en éliminant les distractions liées à l’inconfort. Le contrôle de la température est également un facteur important qui agit à la fois comme élément de confort et de sécurité. Il suffit de penser au givre dans une vitre, qui nuit à la visibilité et qui pourrait être la cause de bien des dangers potentiels sur un chantier de construction.
En rendant l’accès à la machine plus aisé via des ouvertures de porte plus grandes et des échelons mieux adaptés, on peut arriver à améliorer le rendement tout en amenuisant les risques d’incidents fâcheux. En somme, l’adaptation du véhicule aux besoins de l’homme comprend bien d’autres formes. Par exemple, est-ce que les échelons sont placés à une hauteur convenable ? Sont-ils antidérapants ? Est-ce que les poignées sont faciles à agripper ? Sont-elles bien positionnées ? Offrent-elles suffisamment de dégagement pour les utiliser avec aisance même lorsqu’on porte des gants ?
L’ergonomie d’un véhicule lourd, ou de toute autre machinerie, ne se limite pas uniquement à l’opérateur, il faut aussi penser aux gens appelés à travailler à la maintenance et à l’entretien. Le remplacement de certaines pièces ne se fait pas toujours aisément et la complexité d’accès peut faire en sorte que le véhicule passe du temps précieux au garage. En s’assurant que le personnel de maintenance pourra avoir un accès plus aisé aux composantes, on parvient ainsi à maximiser le rendement. C’est d’ailleurs en travaillant l’ergonomie qu’on peut en arriver à positionner un radiateur au centre d’une machine plutôt qu’en arrière. Si on peut penser que cette idée est anodine, il ne faut pas creuser trop longtemps pour se rendre à l’évidence qu’elle est doublement productive, puisqu’en plus de faciliter la maintenance, on arrive à diminuer de beaucoup la quantité de poussière à laquelle le radiateur est exposé, réduisant encore du temps d’entretien et de l’usure. Il suffisait d’y penser!