24 mai 2023
Par Émilie Lavergne

Laval a fait l’ébauche de sa vision et de ses orientations d’urbanisme ainsi que du développement de sa densité pour les 20 prochaines années (2015-2035). Son schéma d’aménagement est inspiré de l’approche Form-Based Code.

Dans les premières villes au québec sous l’approche Form-Based Code

Cette approche novatrice développée aux États-Unis repense la façon de diviser le territoire. Au lieu de le séparer en zonages, l’accent est plutôt mis sur la forme urbaine et les espaces publics. Avec des caractéristiques qui génèrent des milieux de vie diversifiés, conviviaux et à échelle humaine, ce sont de petits quartiers dynamiques avec une offre commerciale complète et une proximité des transports en commun qui sont envisagés.

 

Déjà en 2014 la Ville de Laval avait entrepris une démarche dans l’optique d’élaborer une vision stratégique et pérenne de son territoire. Puis, c’est en 2016 que l’adoption de son schéma d’aménagement et de développement du territoire révisé s’est concrétisée. Avec le soutien de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), une étude s’est déroulée pour élaborer une vision pouvant guider le projet de revitalisation.

 

Bien sûr, l’arrivée du métro dans les secteurs Montmorency, Concorde et Cartier a favorisé la mise en chantier de la revitalisation, mais pour le secteur Val-Martin c’est le besoin de rafraichir et d’augmenter la construction d’habitations qui en fut à l’origine.

 

Secteur Montmorency : un levier culturel

Secteur Montmorency. Crédit : Sylvain Majeau

 

Le secteur autour de la station intermodale du métro Montmorency constitue le moteur culturel du centre-ville; c’est d’ailleurs le point de départ de la réflexion autour du milieu de vie à y installer. C’est un centre-ville où l’on compte la Place Bell, un campus universitaire et pas moins de 18 attraits touristiques majeurs.

 

Dans ce coin névralgique se dresse Espace Montmorency, un projet imaginé par Sid Lee Architecture qui comprend 700 unités résidentielles et des espaces corporatifs et commerciaux.

Aux abords de la Place Bell, l’intégration au design de colonnes lumineuses intelligentes avec des dispositifs Wi-Fi et plus de 10 000 plantes ou arbustes reflète le désir d’actualiser le secteur.

 

Secteurs de la concorde et cartier : désignés aires transit_oriented development

Le quartier de la Concorde passera de secteur à vocation industrielle à milieu de vie vert et dynamique. Crédit : Ville de Laval

 

Les secteurs de la Concorde et Cartier faisant partie des 159 aires de type transit-oriented development (TOD) désignées par la CCM, celle-ci a donc assuré du financement pour leur amélioration.

 

Le TOD est un développement immobilier de moyenne à haute densité qui combine le design urbain et le développement durable, structuré autour d’une station de transport en commun d’importance ou intermodal pour favoriser le transport actif.

 

La présence de la station de métro, du terminus de bus, du boulevard des Laurentides ainsi que sa situation géographique en font un secteur particulièrement stratégique. « L’objectif est de densifier le secteur et d’en diversifier les usages, de bonifier l’offre commerciale et de mettre en place un milieu de vie complet à même un quartier », explique Daniel Cyr, conseiller professionnel au Service de l’urbanisme de la Ville de Laval.

 

Daniel Cyr, conseiller professionnel au Service de l’urbanisme de la Ville de Laval. Crédit :  Vivre En Ville

 

Le projet d’aménagement vise à revaloriser le quartier de la Concorde à vocation industrielle en un milieu de vie dynamique en remplaçant des bâtiments industriels et des aires asphaltées par des aménagements publics conçus selon les meilleures pratiques en matière d’aménagement durable. La gestion des eaux pluviales y a d’ailleurs été repensée sous forme de bio-rigole. « Il s’agit d’une nouvelle façon d’aménager la rue avec un fossé composé d’une diversité végétale pour capter les sédiments qui ne se retrouveront pas dans le système d’égouts », comme le décrit Daniel Cyr.

 

Gavin Affleck, cofondateur et architecte chez Affleck de la Riva. Crédit :  Affleck de la Riva architectes

 

Quant au secteur Cartier, qui se situe géographiquement à l’entrée de la grande ville, le vaste projet de sa revitalisation a pour but de créer un milieu de vie axé sur les courtes distances entre le transport, les loisirs et le logement. Selon Gavin Affleck, architecte chez Affleck de la Riva : « Les caractéristiques paysagères d’origine dans le secteur sont de grandes qualités, ce qui a permis de travailler avec ces aspects. » La Ville a procédé à l’acquisition d’immeubles afi n d’en faire des parcs, en plus d’ajouter un espace de détente et de loisirs en bordure de la rivière des Prairies, pour transformer le coup d’oeil à l’entrée de Laval.

 

Val-Martin : créer des milieux de vie inspirants

Le secteur Val-Martin est connu pour ses logements sociaux depuis plus de 50 ans. Cependant, avec les années, certaines désuétudes aux bâtiments nécessitaient que ceux-ci soient rénovés et repensés. Divisé en plusieurs phases, le projet, en collaboration avec l’Office municipal d’habitation (OMH) de Laval, la Société d’habitation du Québec (SHQ) et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), aura permis de construire 359 unités locatives ainsi que le centre communautaire Simonne-Monet-Chartrand. Au total, ce sont 91 M$ qui auront été investis par les trois paliers gouvernementaux pour revitaliser le secteur des Immeubles Val-Martin.

 

Hugues Daly, directeur et architecte chez Ædifica. Crédit : Phil Bernard

 

Pour la firme d’architecture Ædifica, derrière la conception du design du secteur Val-Martin, « il était important de ne pas créer des racoins ou juste des bâtisses, mais plutôt un milieu de vie pour les habitants, et notre approche fut alors de concevoir un parcours architectural qui améliore la fluidité, avec une circulation vers le centre névralgique qu’est le pôle communautaire Simonne- Monet-Chartrand », comme l’explique Hugues Daly, directeur et architecte chez Ædifica.

 

Dans un souci d’offrir l’accessibilité universelle et de créer un milieu selon des principes durables, la qualité, la durabilité, la provenance et les couts ont été pris en compte dans les choix des matériaux. L’éclairage naturel a lui aussi été exploité au maximum. Laval en métamorphose de longue haleine

 

Ces transitions, réfections et aménagements dans les secteurs demandent du temps et beaucoup d’implication des différents acteurs municipaux et des citoyens. Pour la Ville de Laval, la consultation populaire a été importante dès 2014. Cette mobilisation de la population permet d’engager les citoyens dans les diverses étapes de la transformation et de limiter l’impatience de ceux-ci.

 

« L’urbanisme transitoire a aidé la Ville à inclure les citoyens dans le processus de transformation et à créer de la mobilisation : c’est-à-dire qu’on s’efforce d’occuper l’espace de façon temporaire, par exemple avec l’acquisition d’un terrain, pour ensuite amorcer une réflexion avant de le transformer de façon permanente au terme de la consultation », conclut Daniel Cyr.

 


Cet article est tiré du Dossier régional – Laval 2023, accessible gratuitement ici.
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