La cathédrale Saint-Michel comme au premier jour

9 novembre 2015
Luc-Etienne Rouillard Lafond

La basilique-cathédrale Saint-Michel de Sherbrooke célèbre cette année son centenaire. Afin d’assurer sa pérennité, la Corporation archiépiscopale de Sherbrooke réalise depuis deux ans sa restauration, un vaste projet évalué à 8,5 millions $.

Amorcée en 1915, la construction de ce lieu de culte a engagé un investissement, colossal pour l’époque, de 600 000 $. L’édifice, qui possède à ce moment la plus grande voûte autoportante en maçonnerie au Canada, n’est cependant pas terminé, en raison d’un manque de fonds, et est appelé chapelle Pauline par l’archevêque. Il ne sera complété qu’en 1957, avec quelques modifications au projet initial.

 

Le plan de restauration, réfléchi depuis 2008 par la firme Ateliers Architecture, a été élaboré en hiérarchisant les besoins du bâtiment. « On traite les problèmes d’enveloppe avant de traiter des problèmes plus esthétiques, explique l’architecte Rémi Petit. Il est plus important de couper l’apport d’humidité et d’eau dans le mur, avant de réparer le mur intérieur. »

 

Réalisée en 2013 avec le nettoyage complet de la maçonnerie, la première phase a permis d’effacer le dépôt de carbone sur les pierres anciennes. Une seconde phase effectuée l’année dernière a ensuite restauré de l’abside, à l’arrière de la cathédrale.

 

La phase 3, amorcée en juin dernier, représente cependant la plus importante du projet, avec la restauration de la maçonnerie, l’installation de solins, le remplacement et la réfection des fenêtres, de petits travaux sur le toit de cuivre de la chapelle Pauline ainsi que le remplacement des bardeaux du toit de la cathédrale, anciennement en asphalte, par des bardeaux en tôle. Ces travaux, réalisés par Construction Turco, ne seront terminés qu’au début de 2017.

 

La basilique-cathédrale Saint-Michel étant un bâtiment élevé, pas moins de 557 échafauds, pouvant atteindre une hauteur de 115 pieds ont été nécessaires à la réalisation des travaux. Épaulé par la firme d’ingénierie Groupe Projetech, l’entrepreneur a élaboré un plan d’échafaudage hybride, alliant des échafauds traditionnels et hydrauliques à une nacelle à mat télescopique pour atteindre les éléments difficiles d’accès, comme le clocher ou le toit.

 

Les phases subséquentes, contingentes à la complétion du montage financier, pourraient viser la restauration de l’intérieur de la cathédrale, des vitraux et de son parvis, afin d’embellir le bâtiment, mais aussi d’en améliorer son usage. Notamment, Construction Turco a été chargée récemment de la réfection et du réaménagement de la salle des archives.

 

Un souci d’authenticité

Pour les projets comme celui-ci, Rémi Petit vise la restauration de l’édifice selon ses caractéristiques d’origine : « On vise toujours à retourner vers les formes, les matériaux et les techniques anciennes, donc à redonner au bâtiment l’image qu’il avait à l’époque, en changeant le moins d’éléments possible, mais en ajoutant des éléments techniques pour favoriser la conservation de l’immeuble. »

 

Cette philosophie l’a notamment mené à redonner aux fenêtres de la chapelle Pauline leur forme de 1915, qui avait été perdue lors d’une restauration antérieure. Aussi, le projet retient les mêmes couleurs pour la réfection de la maçonnerie et des fenêtres, avec un mortier rouge et des fenêtres brunes pour la base ainsi qu’un mortier et des fenêtres gris pour l’extension de 1957.

 

« On a conservé ces éléments historiques, qu’on a documentés, mais on ajoute des solins d’acier inoxydable étamés, parce que l’on favorise un meilleur contrôle de l’eau sur les éléments de pierre qui se dégradent plus rapidement », explique l’architecte.

 

Avec ces interventions, Rémi Petit est confiant que le projet en cours permettra d’allonger considérablement la durée de vie du bâtiment : « On vise à pouvoir maintenir l’immeuble pour encore une cinquantaine d’années, avec un entretien minimum des éléments qu’on est en train de traiter présentement. »

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 9 octobre 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !