Tout frais sortis de la table à dessin, les plans du futur centre sont enfin terminés, à la plus grande joie de la communauté de Mani-utenam. Portrait de ce projet de coeur, bâti sous le signe de la guérison.
Si ce souhait de la communauté remontait peut-être même aux années 1990, c’est dans la première décennie des années 2000 qu’un comité est mis en place en bonne et due forme. Rêvant d’une maison à Mani- utenam qui permettrait le partage de la culture innue sous toutes ses formes, il planche dès lors sur des croquis, couchant sur papier un plan sommaire du projet, selon les objectifs et les besoins de la communauté. Le comité se met à imaginer où une telle construction pourrait prendre forme et comment il pourrait la financer.
« Ce projet n’a pas nécessairement été mis de l’avant dans les années suivant la formation du comité », explique Marie St-Gelais, ingénieure civile de formation et propriétaire de la firme d’ingénierie Ashini Consultants, qui se spécialise entre autres dans les projets en lien avec les Premières Nations.
« Ils l’ont déposé sur la table du conseil et à chaque élection, ils redéposaient le projet pour qu’il voie le jour. Ça n’a jamais abouti », relate de son côté Kenny Régis, élu du Conseil d’Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam (ITUM), l’organisation gouvernementale autochtone de cette communauté. « Il y a trois ans, poursuit-il, ils ont essayé à nouveau et on a décidé d’aller de l’avant avec ce projet. C’était très intéressant de voir la multitude de tâches connexes qu’il pourrait y avoir dans ce centre. C’est pour ça qu’on a accepté. »
« Le conseil a tout réactivé et nous a rencontrés, mon équipe et moi, qui venions tout juste de nous installer dans la communauté », indique Marie St-Gelais. La firme d’ingénierie Ashini Consultants tenait à travailler de près avec le comité de départ. « Ce ne sont pas des professionnels du bâtiment, ce sont des personnes impliquées au niveau de l’art et de la culture. De plus, ils sont plusieurs et il faut qu’il y ait consensus. Ça comporte certains défis, mais rien de majeur », note Marie-St-Gelais. En se penchant sur les concepts dessinés par les citoyens impliqués, les nouveaux acteurs en place reprennent, toujours avec le petit comité, les rencontres de développement et impliquent entre autres La Boîte Rouge VIF dans le processus, des spécialistes en muséologie des Premières Nations.
Par et pour la communauté
Mené par la communauté Mani-utenam elle-même, le Centre culturel Tshissenitamin Mitshuap, « maison du savoir » en innu-aimun, a pour but d’offrir aux artistes des espaces de création et aux Innus du secteur un lieu de découvertes artistiques et culturelles. Des espaces pour jouer de la musique et faire des enregistrements, une bibliothèque, des ateliers de fabrication de canots, une cuisine où transmettre les recettes traditionnelles aux plus jeunes et une salle d’exposition temporaire font partie des plans de cet endroit qui se veut aussi un lieu de rassemblement.
Pour la firme d’architecture membre de l’équipe, il s’agissait d’un projet singulier où l’écoute était primordiale. « C’est une culture qui nous est méconnue, malheureusement. Donc, on doit vraiment en apprendre sur eux et être à l’écoute de ce qu’ils nous disent », mentionne Bruno Morin, architecte associé au collectif d’architectes Figurr, qui oeuvre dans plusieurs secteurs et qui porte un intérêt particulier pour les projets réalisés avec les communautés autochtones. Il était aussi crucial pour la firme de travailler main dans la main avec le comité porteur du projet depuis ses balbutiements.
Cet article est tiré du Dossier régional – Est du Québec 2022, accessible gratuitement ici.
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