Dernière ligne droite vers la biométhanisation

20 novembre 2015
Luc-Etienne Rouillard Lafond

Après avoir conclu en octobre 2014 une entente avec Gaz Métro visant la vente d’environ 13 millions de mètres cubes de gaz naturel par année, la Ville de Saint-Hyacinthe achève le développement de son Centre de valorisation des matières organiques (CVMO).

Un dernier chantier, réalisé au coût de 26,2 millions $ par Filtrum Construction, a donc été entamé le 11 septembre dernier. Ces travaux viendront compléter la phase 2 du projet de biométhanisation des matières organiques amorcé en 2009, un investissement global de 48 millions $.

 

L’entreprise québécoise procédera notamment à l’installation de cinq digesteurs anaérobiques de 2 000 mètres cubes chacun, de trois réservoirs de réception des matières organiques liquides (MOL) de 200 mètres cubes chacun ainsi que d’un réservoir de réception de lactosérum de 3 560 mètres cubes. La modification de deux digesteurs existants en hydrolyseurs est aussi prévue, tout comme l’installation de différents échangeurs de chaleur ainsi que d’équipements de transfert, de supervision et de suivi.

 

L’agrandissement de l’usine d’épuration s’est avéré nécessaire, afin de loger deux chaudières fonctionnant au biogaz et au gaz naturel ainsi que trois réservoirs de pasteurisation de 50 mètres cubes chacun. Une annexe de 422 mètres carrés sera donc construite, avec une structure d’acier pourvue d’un revêtement de briques et de pierres. Si, dans le cadre du projet, la majeure partie des travaux d’ingénierie ont été réalisés à l’interne par la Ville, cette dernière a néanmoins fait appel à Boulianne Charpentier Architectes et à la firme de génie EXP pour la conception de ce bâtiment.

 

Des travaux de génie civil complètent cette phase, alors que l’entrepreneur procédera au prolongement des réseaux d’aqueduc et d’égout, à l’aménagement de chemins d’accès ainsi qu’à des travaux d’excavation, de remblai et de terrassement.

 

Si ces interventions forcent la modification du fonctionnement du CVMO, Pierre Mathieu, conseiller technique en traitement de l’eau, a comme objectif de garder l’usine complètement opérationnelle durant la totalité des travaux, en évitant de détourner de l’eau usée à la rivière sans traitement. « Durant la période des travaux, l’usine continuera à fonctionner, mais on fera la rétention de nos boues pendant 72 heures. Donc, durant tout le procédé, notre objectif est de n’avoir aucun débordement. »

 

Pour y arriver, les travaux seront réalisés à des moments spécifiques, par exemple durant la nuit ou pendant les fins de semaine. « Nous aurons quand même la capacité de traiter l’eau, mais de garder les boues à l’intérieur des décanteurs, explique le chargé de projet. La journée où l’entrepreneur nous dit qu’il est prêt à faire les travaux, nous ferons du temps supplémentaire et réduirons le volume des boues au maximum. »

 

Si le chantier maintient le rythme actuel, les travaux seront complétés en décembre 2016. Il ne restera ensuite qu’à purifier le biogaz, en vue de son injection dans le réseau de Gaz Métro en janvier ou février 2017.

 

Des discussions sont en cours avec le gouvernement du Québec afin de déterminer les quantités d’intrants organiques, en provenance de 23 municipalités et de l’industrie agroalimentaire, qui pourront être traitées par le CVMO. Une chose est cependant sûre, selon Pierre Mathieu, l’environnement sort grand gagnant de ce projet. « Avec cet agrandissement, on devient un producteur de gaz naturel, une énergie renouvelable. On retire de l’enfouissement aussi des milliers de tonnes de matière organique. Avant tout, l’avantage est pour l’environnement, avec une réduction de 50 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. »

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 27 octobre 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !