7 avril 2016
Marie Gagnon

Le nouveau centre de santé Inuulitsivik est présentement en construction sur l’avenue Orly à Dorval. Les membres de la communauté inuite du Nunavik qui recevront des soins de santé à Montréal pourront ainsi loger, dès l’automne prochain, dans une résidence construite expressément pour eux. 

D’une valeur de 15 millions de dollars, ce complexe d’hébergement de 147 lits leur offrira un milieu de vie de qualité, appuyé sur une architecture évoquant le langage du Nord québécois.

 

« Le projet a connu plusieurs revirements, rappelle Jean-Guy Létourneau, consultant pour la Régie régionale de la santé et des services sociaux (RRSSS) du Nunavik. Jusqu’en 2010, le centre se trouvait rue Saint-Jacques à Montréal. Lorsque le bail est arrivé à échéance, les patients ont été dirigés temporairement vers le YMCA de Westmount. Il a ensuite été question de s’installer dans Villeray, dans l’ancien hôpital chinois, mais l’opposition citoyenne a fait échouer le projet. »

 

Il aura donc fallu cinq ans de pourparlers pour qu’un projet répondant à tous les critères du Module du Nord québécois (MNQ), l’organisme gouvernemental qui chapeaute le dossier et offre aux Inuits nécessitant des soins spécialisés le service d’hébergement et de transport vers Montréal, voie le jour. « On a mandaté la firme FGMDA pour qu’ils élaborent un programme fonctionnel et technique en vue de l’appel d’offres, précise Jean-Guy Létourneau. Il s’agit encore d’une location, mais cette fois sur 15 ans. »

 

Comme l’explique Alain Fournier, associé fondateur de FGMDA, le promoteur devait notamment intégrer l’expression de la culture inuite. « On ne parle pas d’un programme d’intégration d’art inuit comme tel, parce que le bâtiment est en location, dit-il. Par contre le plan fonctionnel et technique (PFT) prescrivait des zones dites culturelles, comme l’aménagement d’une salle où les résidents pourraient partager un repas traditionnel ou de lieux de rassemblement favorisant les interactions sociales. »

 

Le projet soumis par Moschelle, une firme de gestion immobilière qui multiplie les incursions dans la construction institutionnelle et commerciale, satisfait tous les critères du MNQ, tant sur le plan financier que matériel. Les architectes d’ACDF, qui en signent les plans et devis, ont en effet misé sur un concept architectural reposant sur une volumétrie simple et élégante, qui respecte à la fois les besoins fonctionnels du programme et les enjeux reliés à l’implantation du bâtiment.

 

« On ne devait pas seulement proposer un concept, on devait aussi suggérer un emplacement, note le directeur de la construction pour Moschelle, David Shabat. On voulait aussi atteindre une certaine qualité architecturale, en intégrant des matériaux nobles et une fenestration généreuse. Le client exigeait aussi une performance énergétique de 25 % supérieure aux exigences du code. Mais c’est surtout l’étroitesse du site et les marges de recul imposées par la ville qui ont influencé le design. »

 

Comme les concepteurs devaient en outre inclure un stationnement de 35 cases, un débarcadère ainsi que des aires de loisir et de détente sur le site, le bâtiment de 5 248 mètres carrés a pris la forme de deux volumes dont l’aire au sol ne totalise que 1 889 mètres carrés. Le premier, en forme de T, limite le rez-de-chaussée où se retrouveront les fonctions d’accueil et d’administration ainsi que les principaux espaces de vie, comme la salle à manger et quatre salons. Il est surmonté d’un volume profilé en L, qui englobera les trois étages destinés à l’hébergement.

 

Cet aménagement linéaire a été combiné à un hall d’entrée tout en transparence pour favoriser une transition progressive entre l’extérieur et l’intérieur, une notion importante pour les Inuits. Cet effet est accentué à l’extérieur par un écran de bois vertical qui s’étire sur toute la longueur du bâtiment et se prolonge jusqu’au plafond de l’entrée.

 

Les concepteurs ont aussi réinterprété les paysages nordiques en jouant sur la minéralité du béton architectural et une murale de verre imprimé rappelant un mur enneigé. Enfin, pour souligner l’aspect plus privé des 91 chambres, les niveaux 2 à 4 ont été revêtus de brique et d’acrylique anthracite, un choix de matériaux qui s’harmonise bien avec la base de pierre et de bois du rez-de-chaussée.

 

« Sur le plan technique, on parle d’une construction assez standard avec structure d’acier et dalle de béton précontraint, mentionne David Shabat. C’est Construction Gamarco qui réalise les travaux depuis septembre dernier. Au début de février, les pieux étaient tous posés et, présentement, on finit la fondation. L’échéancier devrait être respecté. »

 

Cet article est paru dans l’édition du mardi 11 mars 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !