En février dernier, après un long cheminement, l’entreprise Enerkem a annoncé que la première usine commerciale à pleine échelle de production d’éthanol cellulosique au Québec serait construite à Varennes.
Au moment où de nombreux sites d’enfouissement atteignent leur fin de vie utile, la demande est grandissante pour trouver des solutions de remplacement plus écologiques et moins polluantes. Transformer les matières résiduelles en produits à valeur ajoutée, c’est la mission que s’est donnée Enerkem, une entreprise qui produit des additifs pour les carburants de transport et des substances chimiques à partir de déchets plutôt que de pétrole.
Le choix de la zone industrialo-portuaire Contrecoeur-Varennes pour la construction de l’usine et des installations s’est fait tout naturellement. « Nous sommes heureux de construire une usine chez nous, au Québec, explique Pierre Boisseau, directeur principal des communications et du marketing chez Enerkem. Et comme la ville de Varennes compte déjà un secteur pétrochimique important et des infrastructures routières et maritimes à proximité, ces éléments devenaient facilitants pour nous y établir. »
Des astres alignés ont concrétisé ce mariage de raison. « La Ville a collaboré très étroitement avec nous dès les premières discussions et nous a appuyés tout le long de la préparation du projet. En nous installant à Varennes, nous aurons l’opportunité de prendre des déchets industriels de la région pour les transformer en produits à valeur ajoutée, dont du méthanol qui entre dans la fabrication de produits de tous les jours et de l’éthanol que l’on retrouve essentiellement comme biocarburant et qui permet de remplacer les sources fossiles. Ça entre dans le contexte du développement de l’énergie alternative, de plus en plus en demande aux différentes instances gouvernementales », précise monsieur Boisseau.
Un projet de cette ampleur ne représente toutefois pas une première pour Enerkem, qui a mis en oeuvre et exploite sa première usine du genre au monde à Edmonton depuis 2014, et le modèle choisi pour les installations de Varennes, avec sa technologie exclusive, sera en partie calqué sur la technologie actuellement utilisée en Alberta, qui permet de transformer 100 000 tonnes de déchets en plus de 40 millions de litres d’éthanol.
Un projet par étapes
C’est par étapes que le projet se réalisera. La première phase consiste d’abord à mettre en place la ligne de production de méthanol, tandis que la seconde se concentrera sur un ilot destiné à la transition du méthanol vers l’éthanol.
« La Phase I sera lancée au printemps 2018, donc cette année, pour arriver à une mise en oeuvre vers la fin 2019 ou le début 2020. Pour la Phase II, encore dans les cartons pour le moment, tout dépend de l’offre et de la demande pour l’éthanol, précise Pierre Boisseau. Si on peut déterminer un calendrier à la suite de la demande, il suffira de trouver un moment propice pour passer à une production subséquente. »
Évidemment, il faut des capitaux considérables pour de telles installations. « Pour une usine de ce type, on parle d’un investissement de l’ordre de 120 à 150 millions de dollars. »
Avec tous les éléments requis au plan des règlementations et des certifications concernant les usines chimiques, la complexité d’un tel projet est considérable. C’est en misant sur une étroite collaboration avec différents partenaires que les installations d’Enerkem pourront prendre forme. « Grâce à une infrastructure modulaire conçue par nos ingénieurs, les installations d’Enerkem sont construites à partir de systèmes préfabriqués. Ainsi, nous avons mandaté des sous-traitants, des fabricants d’équipement et des fournisseurs, qui agissent avant tout à titre de partenaires, afin de fabriquer rapidement et de manière efficace les modules requis pour assurer le bon déroulement de la construction de ce véritable défi d’ingénierie. »
Cet article est paru dans l’édition du vendredi le 9 mars 2018 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.