La réhabilitation de la jetée Alexandra en vue de l’aménagement de la nouvelle gare maritime Iberville sera réalisée cet été, sans mouiller un seul homme !
Avec la transformation de la jetée Alexandra, le Port de Montréal souhaite répondre aux besoins opérationnels des lignes maritimes et des croisiéristes, intégrer le site dans le tissu urbain du Vieux-Montréal et aménager un meilleur accès au fleuve pour les citoyens.
La mise en œuvre du design signé Provencher Roy Architectes implique d’abord de consolider la jetée, vieille de plus de 100 ans, avant de remodeler son extrémité. La première intervention consiste à stabiliser l’extrémité du quai, prolongé de 50 mètres en 1937-38. « On perce les faces de quai nord et sud à angle pour rattacher les caissons de béton au roc, situé à 19 mètres sous le niveau de l’eau », explique Dany Cattiaux, chef de projet – Jetée Alexandra au port de Montréal.
Par ailleurs, la réalisation de la « plaine », une esplanade publique en pente qui descend vers le fleuve, nécessite d’abaisser graduellement le niveau de la jetée à l’angle sud-est, les quais passant de leur pleine hauteur, à 14 mètres du fond, à 8 mètres, c’est-à-dire à ras de l’eau.
Pour ce faire, une nouvelle face de quai en pieux et palplanche d’acier sera assemblée à quelques mètres au-delà de l’extrémité actuelle, selon les dimensions de la géométrie finale. On procèdera ensuite à la destruction de l’ancien quai pour aménager la pente et la surface partiellement végétalisée prévue aux plans.
Tous les travailleurs au sec
Au lieu d’utiliser une barge pour réaliser les opérations au-dessus de l’eau, l’entrepreneur général a opté pour une stratégie utilisée précédemment aux Iles-de-la-Madeleine. Pomerleau a installé une série de pieux en périphérie de la jetée et y installe, au besoin, une plateforme de bois et d’acier de 10 mètres de large. On peut ainsi positionner la machinerie face au quai, sans qu’elle soit soumise aux fluctuations du niveau de l’eau.
La plateforme est munie de garde-corps et équipée d’une embarcation de secours, ce qui permet aux travailleurs d’œuvrer à quelques pouces de l’eau, sans être entravés par un harnais. La surface de travail est ceinturée par une membrane pour recueillir les boues de forage et une barrière flottante permet de confiner les matières en suspension. « La plateforme donne beaucoup de flexibilité, sur le plan de la sécurité des travailleurs, du respect des normes environnementales et de l’efficacité. On est assuré qu’ils respecteront l’échéancier et ça garantit que le premier et le dernier forages sont faits de la même façon. Ça c’est intéressant ! », dit Dany Cattiaux.
Réalisée à l’hiver 2015 afin de nuire le moins possible aux activités estivales dans le Vieux-Port, l’opération de raccordement aux services d’utilité publique s’est avérée pleine de surprises, les tranchées étant aménagées dans un sol artificiel chargé d’histoire.
Le service des archives du port avait pourtant numérisé des centaines de plans d’époque afin d’assister la planification. « Le défi, c’est qu’on n’a pas le « tel que construit » », fait remarquer Dany Cattiaux. En traversant l’infrastructure de 1901 pour rejoindre les réseaux de la Ville sur la rue de la Commune, l’équipe est tombée sur les immenses fondations en béton des rampes d’anciens convoyeurs à grain, qui ont dû être démantelées.
L’équipe de mise en œuvre du projet est constituée de trois groupes et l’exécution est divisée en lots pour un phasage plus flexible des étapes de design et de construction. Le groupe chargé de la conception et du génie est dirigé par Provencher Roy et réunit NCK, Pageau Morel, Nip Paysage, Technorm et Genipur.
La gestion de construction, qui comprend la gestion de chantier, la coordination et le phasage, est assurée par Pomerleau. Le Port de Montréal octroie tous les contrats, mais Pomerleau assure l’administration ainsi que le lien avec les autorités en matière de santé et sécurité et d’environnement. Sur l’ensemble du projet, environ 30 % des contrats ont déjà été attribués. Un dernier groupe assure la surveillance des travaux, le contrôle de la qualité et le contrôle des ouvrages, incluant notamment l’arpentage.
Le projet, dont le coût total s’élève à 78 millions de dollars, doit être livré pour l’été 2017, à l’occasion des célébrations du 375e anniversaire de Montréal.
Cet article est paru dans l’édition du mercredi 22 juin 2016 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.