La nouvelle maison de Radio-Canada prend forme

22 mai 2019
Marie Gagnon

Moins de studios, moins d’espaces vides, mais aussi moins d’énergie. La nouvelle Maison de Radio-Canada, dont la construction s’est amorcée à l’été 2017, sera peut-être plus petite, mais elle sera plus lumineuse et plus efficace sur le plan environnemental. 

Radio-Canada, qui loge présentement dans une tour de 23 étages totalisant 1,3 million de pieds carrés, déménagera début 2020 dans un complexe de 418 000 pieds carrés comprenant deux volumes de quatre et de sept étages.

 

Selon Michel Bissonnette, vice-président principal de la société d’État, ces espaces plus modestes, qui accueilleront tout de même entre 3 000 et 3 500 employés, répondront mieux aux besoins du diffuseur public. « Il y a beaucoup d’espaces inoccupés actuellement, a-t-il relevé lors d’une visite du chantier, le 25 avril dernier. La conception de l’ancienne tour, en forme de trou de beigne, fait en sorte que sur chaque étage, il y a un gros vide au centre. »

 

Le diffuseur passera ainsi de 24 studios de radio à 19. Le fameux studio 42 sera remplacé par un studio environ 20 % plus vaste, mais sans gradins pour accueillir le public. Quant au plateau de RDI, il sera aménagé sur une passerelle surplombant un immense atrium de 23 mètres de haut et dont le volume de 1,2 million de mètres cubes (m3) équivaut à 13 piscines olympiques. Ouvert au public, cet atrium vitré, traversé de passerelles également vitrées, s’élève sur quatre niveaux et relie entre eux les bâtiments qui forment le nouveau complexe.

 

Le plafond de l'atrium est constitué de poutres en bois lamellé-collé qui absorberont les sons - Photo de Laurent Canigiani

 

Pour en améliorer l’acoustique, son plafond est constitué de poutres en bois lamellé-collé qui absorberont les sons. Comme le bâtiment est habillé d’environ 118 000 pieds carrés de murs-rideaux, des mesures ont été prévues pour l'insonoriser et limiter la réverbération. « Chaque cloison de verre est enduite d’une couche acoustique, a précisé Roger Plamondon, président de Broccolini, le développeur qui exécute le chantier de 100 millions de dollars en mode conception-construction. Les murs et les plafonds seront aussi habillés de panneaux acoustiques. »

 

Certification LEED Argent oblige, la nouvelle Maison de Radio-Canada sera aussi très durable et peu énergivore. Sa centrale d’équipements techniques combine les trois centres de données actuels dans un espace trois fois plus restreint. L’infrastructure passera ainsi de 465 cabinets à 150. Cette densification, jumelée à des équipements moins énergivores, se traduira par un gain d’énergie d’environ 200 kW/h. Radio-Canada deviendra du coup le premier diffuseur au monde à recourir à la technologie IP pour l’ensemble de ses activités.

 

La chaleur émise par la centrale sera par ailleurs récupérée et réutilisée pour chauffer le bâtiment, et des poutres climatiques actionnées par gravité complèteront le système de traitement de l’air. Des toits blancs et verts participeront également au confort des usagers en réduisant la température intérieure, tout en contribuant à réduire l’effet d'ilot de chaleur urbain. Enfin, pour combler les besoins d’éclairage malgré une architecture transparente, des luminaires à DEL seront installés.

 

Pour Michel Bissonnette, cette nouvelle construction s’avérait la solution la plus avantageuse. « Juste pour mettre à jour la tour actuelle, parce qu’il fallait enlever de l’amiante, changer l’ensemble des fenêtres, remplacer la plomberie, on en avait pour 170 millions, fait-il valoir. Et on n'avait aucun investissement technologique pour ce prix-là. » Radio-Canada, qui sera dorénavant locataire, versera à Broccolini un loyer annuel de 21 millions pendant 30 ans.

 

Cet article est paru dans l’édition du 7 mai 2019 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.